«On est venus pour écouter et comprendre la situation qui prévaut au Niger, notre position est basée sur la négociation, le dialogue politique et le calme, en vue de réaliser un consensus pour sortir de la crise sans recourir à la violence». C'est ce qu'a déclaré jeudi à Niamey, capitale du Niger, Lounes Magramene, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger (MAECNE), à l'issue de ses entretiens avec Ali Mahaman Lamine Zeine, le 1er ministre du Niger qui a été nommé le 10 août dernier par le général Abdourahmane Tchiani, commandant de la Garde républicaine et président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le CNSP, qu'il a mis sur pied au lendemain du putsch par lequel il a destitué le président de la République, Mohamed Bazoum. Magramene se trouve depuis jeudi au Niger où il a été dépêché par le président de la République pour, a dit un communiqué du MAECNE, «effectuer une visite dans le cadre des efforts inlassables et continus déployés par l'Algérie pour contribuer à une solution pacifique à la crise au Niger, évitant à ce pays voisin et frère et à toute la région un accroissement des risques». Le 1er ministre nigérien s'est entretenu avec Lounes Magramene en présence de plusieurs membres du nouveau gouvernement nommé par le régime militaire putschiste, entre autres, le ministre de la Défense Salifou Mody, des Affaires étrangères Bakary Yaou Sangané et de la Justice Alio Daouda. «Je suis chargé par le président de la République pour m'entretenir avec les hautes autorités du pays sur la situation actuelle», a précisé, jeudi, le SG du MAECNE. Il a rappelé qu'«entre l'Algérie et le Niger, il y a des relations de voisinage et historiques fortes ainsi que des relations d'amitié». Tout en notant que l'Algérie privilégie «la négociation, le dialogue politique et le retour au calme en vue de réaliser un consensus pour sortir de la crise sans recourir à la violence», Magramene a affirmé que «nous regrettons que des voix s'élèvent pour une intervention militaire étrangère; nous refusons toute intervention militaire au Niger de quelque partie qu'elle soit, elle aura des conséquences naturellement désastreuses non seulement sur le Niger mais aussi sur tous les pays de la région». «Une crise qui transcende largement les frontières du Niger» Les efforts diplomatiques que déploie l'Algérie pour un règlement politique et pacifique de la crise au Niger se sont intensifiés notamment depuis le 10 août dernier, date à laquelle les pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont fait savoir qu'ils ont décidé d'envoyer une force militaire ouest-africaine au Niger constituée de contingents du Nigeria, de la Côte d'Ivoire, du Burkina Faso et du Mali, pour obliger les putschistes à revenir à l'ordre constitutionnel et à rétablir Mohamed Bazoum à son poste en sa qualité de président de la République qu'il occupe depuis le 2 avril 2021. «Nous travaillons et œuvrons avec force pour réaliser une approche politique qui permettra au Niger de réaliser la stabilité», a encore déclaré à Niamey, Lounes Magramene, le SG du MAECNE. Avant lui, c'est le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, qui a été chargé mercredi dernier par le président de la République pour effectuer des visites de travail au Nigeria, au Bénin et au Ghana. Première halte, Abuja, capitale du Nigeria où Attaf s'est entretenu avec son homologue le ministre des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama. «Il est naturel que la crise au Niger soit au centre de cette visite et des concertations que j'ai eues avec mon homologue le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, pays frère, au vu des répercussions qu'entraîne cette crise qui transcende largement les frontières de ce voisin du Nigeria et de l'Algérie», a déclaré le MAECNE à Abuja. L'on note que le Niger partage avec l'Algérie des frontières longues de 951 km et avec le Nigeria des frontières de 1.500 km. «Eviter les risques imprévisibles d'une intervention militaire» Attaf a précisé à sa sortie de ses entretiens avec le MAE nigérian qu'«il a été convenu particulièrement de l'impératif de coordonner les efforts déployés par les deux pays, notamment les initiatives lancées par le président Tebboune et son homologue nigérian, Bola Ahmed Tinubu, en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO et ce, en vue de renforcer l'élan international et régional et d'encourager l'adhésion de tous autour du processus politique et pacifique pour le règlement de la crise au Niger». Il a rappelé que «le président Tebboune, qui croit fermement que la voie est toujours ouverte pour atteindre ce noble objectif, a élaboré une vision claire pour résoudre cette crise et plaidé pour son contenu, ses principes et ses mécanismes». Solution qui, a-t-il dit, «garantit le plein respect du cadre juridique africain qui interdit et rejette les changements non constitutionnels de gouvernements et assure le retour à l'ordre constitutionnel au Niger». Et qui «préserve également les acquis réalisés par le Niger au cours de la dernière décennie (...) et évite à ce pays voisin et à la région entière les risques imprévisibles d'une intervention militaire dont les conséquences et les répercussions sont difficiles à circonscrire», a encore soutenu Attaf. Les critères ont, selon lui, «fait l'objet d'un large consensus à même de faciliter la mise en œuvre du principe des solutions africaines aux problèmes de l'Afrique dans le traitement de la crise au Niger». Le chef de la diplomatie algérienne a alors souligné que « (...) la préservation de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité des Nigériens, exige de consentir davantage d'efforts et de sacrifices de manière individuelle et collective (...) et assuré que «tous les efforts nécessaires seront déployés pour faire prévaloir la solution pacifique et politique à la crise au Niger». Deuxième halte du chef de la diplomatie algérienne, Attaf est arrivé, hier matin à Cotonou, capitale du Bénin, «où il a eu de longs entretiens avec son homologue béninois, Olushegun Adjadi Bakari». Le communiqué du MAECNE rendu public, hier, indique que «les deux parties ont discuté ensemble sur les moyens de participer à calmer la situation au Niger et à œuvrer à réaliser le retour à l'ordre constitutionnel dans ce pays afin de préserver sa sécurité et sa stabilité comme convenu entre le président Tebboune et le président Patrice Talon lors de leurs entretiens téléphoniques au début de cette crise». Les deux ministres ont affirmé le rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernements, un des principes cardinaux de l'Union africaine «consacré lors de son sommet tenu en 1999 à Alger». Ils se sont échangés en outre «les informations et les analyses autour des efforts consentis en faveur d'un règlement politique et pacifique de la crise nigérienne». Attaf et son homologue béninois ont, en outre, abordé la question des préparatifs de la visite d'Etat que doit effectuer le président béninois en Algérie.