Nouveau périple du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté à l'étranger, Ahmed Attaf s'est dirigé, hier, mercredi, vers le sud de l'Afrique, pour marquer des haltes importantes au Nigeria, au Bénin et au Ghana. Le chef de la diplomatie algérienne a été ainsi chargé, hier, par le président de la République «pour effectuer des concertations avec ses homologues de ces pays, membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)», rapporte le communiqué du MAECNE. Il est noté que «les concertations porteront sur la crise au Niger et les moyens de la prendre en charge, à travers la contribution à une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d'une éventuelle escalade de la situation». Ce périple africain du chef de la diplomatie algérienne intervient après que le Comité des chefs d'état-major des armées de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a déclaré à l'issue de sa réunion du 17 et 18 août derniers à Accra, capitale du Ghana, que «la force de la Cédéao est prête à intervenir au Niger dès que l'ordre sera donné, le jour de l'intervention a aussi été fixé». La décision d'une intervention militaire au Niger a été prise après que la Cédéao a échoué à faire accepter les putschistes de revenir à l'ordre constitutionnel et de rétablir le Président Mohamed Bazoum dans ses fonctions en sa qualité de président de la République du Niger. L'Algérie a déclaré le lendemain de cette décision qu'elle «regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d'une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l'ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin». Elle a fait savoir par la voix du MAECNE, qu'«elle demeure, en effet, animée d'une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n'ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n'ont pas été épuisées». Le ministère a souligné que «l'histoire de notre région enseigne abondamment que les interventions militaires ont été porteuses d'un surcroît de problèmes que de solutions et qu'elles ont été des facteurs supplémentaires d'affrontements et de déchirements plutôt que des sources de stabilité et de sécurité». «Avant que l'irréparable ne soit commis» Il affirme alors qu' «avant que l'irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l'engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l'Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l'option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle épargnant ainsi au Niger frère et à l'ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls dont notamment un regain de vigueur et d'agressivité du terrorisme et des autres formes de criminalité qui affectent gravement la région». L'on rappelle que depuis le putsch militaire qui a destitué le Président Bazoum, le Niger fait face à de lourdes sanctions entre autres, coupure de son électricité par le Nigeria qui lui en fournit 70% de ses besoins, suspension par la Banque mondiale des paiements pour ses opérations, cessation de toute activité commerciale de la CEDEAO avec le Niger, gel de tous ses avoirs par la Banque centrale de cette même organisation régionale. Ceci en plus des sanctions de «la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Union européenne et les Etats-Unis. Dans un article publié dans l'édition du 19 août dernier, nous rapportions en référence à un document produit par le cabinet STRATEGIES intitulé «Données et tendances récentes au Niger et au Sahel» qu'au titre de la «Dynamique de la violence dans le Sahel en 2022», il est indiqué que «trois zones, le centre du Mali, les Trois-frontières et le centre-nord du Burkina Faso, subissent plus de la moitié (55%) des événements violents dans la région. Cela souligne l'importance du centre du Mali en tant que base et de région de préparation pour attaquer les zones voisines (...). Le nombre de décès dus au terrorisme dans le Sahel africain a augmenté de 2000% en 15 ans. Quatre des 10 pays les plus affectés par le terrorisme dans le monde sont dans le Sahel, Niger-Nigeria-Burkina Faso-Mali. Le Sahel est la région la plus touchée représentant 43% des décès dus au terrorisme mondial en augmentation de 7% par rapport à 2022. Le Burkina Faso et le Mali enregistrent à eux seuls 73% de morts dus au terrorisme dans le Sahel et 52% en Afrique subsaharienne. «L'épicentre de la terreur mondiale» La région abrite «les groupes terroristes qui se développent les plus rapidement et qui sont les plus meurtriers au monde. Le terrorisme dans le Sahel est devenu l'épicentre de la terreur mondiale». Des données et tendances qui confortent largement les inquiétudes de l'Algérie au sujet de la situation au Niger. Inquiétudes dont elle a fait part, dès le 26 juillet dernier, date à laquelle, pour rappel, des membres de la Garde république nigérienne, avec à leur tête leur commandant, le général Abdourahmane Tachiani, ont renversé le Président Mohamed Bazoum et le séquestrent depuis, au niveau du siège de la présidence de la République ainsi que les membres de sa famille proche. Tout de suite après ce putsch militaire, l'Algérie avait fait savoir qu'elle «suit avec une profonde préoccupation les développements de la situation dans la république du Niger et condamne avec force la tentative de coup d'Etat qui s'y déroule». Elle a réaffirmé à cet effet «son attachement aux principes cardinaux qui guident l'action collective des Etats africains au sein de l'Union africaine dont notamment le rejet catégorique des changements institutionnels de gouvernement». L'Algérie a demandé «instamment que soit mis fin à cette attente inacceptable à l'ordre constitutionnel et à cette violation grave des exigences de l'Etat de droit». Elle a souligné dans cet ordre d'idées «l'impératif pour tous d'œuvrer à la préservation de la stabilité politique et institutionnelle de la république du Niger, gage d'une paix et d'une stabilité durables, dans ce pays frère et voisin qui fait face à des défis considérables dans une région confrontée à des crises multidimensionnelles d'une acuité sans précédent».