En France, le racisme prend de l'ampleur et s'étend aux instances dirigeantes du football, jusque là épargnées. Treize ans après la victoire des Bleus au Mondial 1998 grâce à une équipe « black, blanc, beur » menée par Zinedine Zidane, d'origine algérienne, les responsables du football français veulent instaurer des quotas ethniques pour limiter l'accès des Arabes et des Noirs aux centres de formation. L'information révélée par le site Mediapart a déjà fait une victime. Le directeur technique national François Blaquart a été suspendu par Fernand Duchaussoy, président de la FFF, et la ministre des Sports, Chantal Jouanno, dans l'attente de l'enquête interne. Après la cascade de démentis qui a suivi son premier article de vendredi, Mediapart est revenu à la charge, en publiant ce samedi ce qu'il présente comme le compte rendu d'une réunion officielle tenue par les responsables du football français, le 8 novembre 2010, où des quotas ethniques auraient été évoqués. Selon le verbatim publié par Mediapart, une discussion aux fondements techniques et juridiques aurait dérapé sur des considérations discriminatoires. François Blaquart, aurait déclaré : « On peut s'organiser, en non dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit ». Lors d'une conférence de presse vendredi, il avait démenti la mise en place de quotas discriminatoires à la Fédération française de football. Dans ce document de Mediapart, il serait question de privilégier désormais la formation des joueurs techniques plutôt que physiques. Les protagonistes, dont le sélectionneur national Laurent Blanc, se seraient d'autre part penchés sur le problème des jeunes susceptibles de changer de nationalité après leur formation en France. « Qu'est ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks (...) Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13 14 ans, 12 13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture », dirait le sélectionneur Laurent Blanc selon le verbatim. « Les Espagnols, ils m'ont dit : "'Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas" », ajoute t il. Erick Mombaerts, entraîneur de l'équipe de France espoirs, rebondit alors en proposant de « limiter » à 30 % le nombre de jeunes d'origine étrangère et susceptibles de changer de nationalité dans les centres de formation. Laurent Blanc aurait soulevé le problème des joueurs binationaux formés dans les centres de la FFF et qui optent ensuite pour leurs pays d'origine. Le sélectionneur des Bleus vise surtout les joueurs d'origine algérienne. Les Verts sont composés aujourd'hui de beaucoup de joueurs binationaux formés en France. Laurent Blanc se dit favorable aux quotas concernant le problème des joueurs susceptibles de changer de nationalité. Le directeur technique François Blaquart dit alors : « on peut s'organiser, en non dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit ». D'origine polonaise, Francis Smerecki, sélectionneur des moins de 20 ans, souligne alors que cette idée est « discriminatoire ». Alors que la victoire des Bleus au Mondial de 1988 avait renforcé la place des Blacks et des Beurs dans le football français, la débâcle française au Mondial 2010 en Afrique du sud, a suscité des réactions racistes sur l'équipe de France, composée majoritairement de joueurs d'origine africaine et maghrébine.