Hier mercredi. Il était 7 heures du matin quand le jeune Adda, restaurateur de son état actionna l'interrupteur à l'entrée pour éclairer son commerce. Quelle ne fut la surprise des voisins en particulier les agents de la sûreté de daïra qui lui font face. Une explosion suivie d'une flamme intense bouscula la matinée. Le jeune Adda fut éjecté par le souffle de l'explosion et n'a eu la vie sauve que grâce à sa proximité de la sortie. Chose plus étonnante encore, c'est que le restaurateur a passé la nuit parmi ses ustensiles dans son « affaire » nouvellement créée sans s'apercevoir de la fuite de gaz. Donc, éjecté sur l'asphalte, il assista impuissant à l'incendie de son restaurant et c'est tout calciné qu'il retrouva ses casseroles, marmites et autre couchage bien plus tard. A l'heure où nous mettons sous presse les faits marquants de l'incident, le jeune homme, tout traumatisé, n'arrive pas à réaliser qu'il a été sauvé in extrémis d'une mort certaine ou au minimum d'un coma profond ou une paralysie totale. Comme un malheur ne vient jamais seul, toujours en face du commissariat de police, vers huit heures, soit une heure après l'incendie du restaurant Rayane, un camion semi-remorque, déballant la pente, toujours en plein centre de Zemmora, fit son apparition tous freins lâchés. Ne pouvant amorcer le dangereux virage, connu des routiers pour avoir de tous temps bloqué la circulation des heures durant du temps de la pose des pipe-lines et gazoducs, il ne trouva pas mieux que de terminer sa course chez Kada, cet autre chanceux. Jamais de mémoire de Zemmoréen, le gentil Benamar Kada n'a ouvert les portes de son magasin après sept heures du matin. C'est toujours, après la prière du fadjr qu'il commence à suspendre vestes, pantalons et autres survêtements au devant de sa boutique. Hier, il a décidé de son propre chef, ce qui déplait à son père Houari, de rêver plus longtemps dans son lit douillet. Le chauffeur et son graisseur furent évacués vers l'hôpital Boudiaf de Relizane. La façade du magasin d'habillement est bien amochée et on rapporte même que l'habitation avoisinante se trouve bien lézardée. C'est dire de l'intensité du choc. Jamais deux sans trois, dit-on. Effectivement, les automobilistes qui suivaient le camion semi-remorque en folie nous apprirent que le mastodonte a fait tomber un car qu'il transportait juste en ratant la déviation qui devait le mener sur la N 23 qui contourne Zemmora. Et c'est ainsi que de tels incidents font revivre nos villes et villages où mille et un oisifs se tournent les pouces. Quelques minutes après l'incendie et l'accident, on apprend les nouvelles à Oran, Ouargla et Alger. Il en a été toujours ainsi dans les villages reculés de l'Algérie profonde. Avec le téléphone mobile, le tour du monde de la nouvelle s'avère plus rapide et l'on s'étonne encore que des « dépassés » à la veille de la journée de la liberté d'expression, qui coïncide avec le 3 mai, empêchent l'information de tourner en rond, allant à l'encontre des lois de la République.Prendre une photo du restaurant en proie aux flammes et du camion semi-remorque embrassant un magasin s'avère de la témérité.