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La machine et le machin
Publié dans Réflexion le 24 - 08 - 2011


Kadhafi n'a pas été le meilleur. Ni Ceausescu d'ailleurs. Mobutu, Saddam et Moubarak aussi. Et pourtant ils existèrent. Néron et Caligula bien avant eux marquèrent de leurs empreintes indélébiles l'histoire. César et Haroun Rachid aussi. La différence entre les premiers et les derniers réside dans le modelage. Leur façonnage n'est pas le même. Les uns ont été faits par une machine, les autres par un machin. La machine est connue, c'est un appareil complexe. D'ailleurs de mon temps, il existait vraiment un appareil. Un appareil du parti. Notre ancien parti unique. En Roumanie comme en ex-Urss et dans d'autres pays encore, cette machine ne recyclait rien. Elle fabriquait, mettait la chose en marche et pouvait l'écrabouiller à tout moment. La preuve : Boukharine, Trotsky, Lin Piao, etc. Même Hitler et Mussolini sont l'œuvre de machines. D'étranges machines. Des machines qui ont engendré des monstres. La machine qui a fait Saddam n'a rien de commun avec ces dernières et pourtant les fosses communes dans le désert sont la preuve de la défaillance du parti Baâth- c'est le nom de la marque. Le machin, c'est plus complexe. Il y va du concours de circonstances aux calculs misérables. Quand l'intérêt d'une nation prime, on ferme l'œil. Ainsi, Saddam négociait bien avec Jacques Chirac et Ronald Rumsfeld. Le président français et l'artisan en 1983 des relations diplomatiques entre les Usa et l'Irak, rompues en 1967. Sur Kadhafi, bien noté en1969, on ferma les yeux. Ni les attentats de Lockerbie et du Dc10 d'Uta ne feront changer les priorités. Mais on n'oublie pas ! Et voilà Kadhafi harcelé comme le furent avant lui Saddam, Milosevic, Ceausescu, Mobutu, Idi Amine, Jean-Claude Duvalier, Benali et la liste est longue. Quarante-deux ans de pouvoir partis en fumée après six mois de rébellion. Six est quatre-vingts quatre fois moins que quarante-deux. Et Kadhafi ne sera jamais recyclé. Jetable, il était et il l'est encore. Sauf qu'il l'ignorait. Si l'on ne tient pas compte de leçons dans la vie de tous les jours, on n'en tiendra pas compte aussi quand on est au pouvoir. Kadhafi -Algathafi, al-Kadhafi, al-Gaddafi, Al Qadafi1, Qadhafi, Gueddafi, Gheddafi, ou El-Gueddafi, Kadafi-, un capitaine auto-promu au grade de colonel en 1969 a bien fini en roi des rois d'Afrique. Risible pour tous. Comique chez tous. Mais quand on est riche, on se permet aussi de faire le clown. La machine a imposé un amuseur de foules à toute une nation. La nation arabe. A toute l'Afrique. C'est que le saltimbanque était riche à la tête d'un pays prospère. On en avait grand besoin. L'étrangeté c'est que le machin, qu'on croyait fiable, est tout comme la machine. Il éjecte aussi.

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