Jusqu'à preuve du contraire, les vétérans du monde footballistique algérien, n'ont été que des hôtes d'occasion plus ou moins festives. C'est tout nouveau, tout chaud Réflexion a appris que sur une idée de Raouraoua, selon l'ancien arrière central de l'équipe nationale Chemaâ, que les vétérans se sont regroupés en association nationale qui étend ses tentacules à travers les wilayas. Entraîneur et joueur, comme, il aime se faire présenter, M. Chemaâ a choisi Zemmora dans la wilaya de Relizane pour une première sortie avec ses vieux. L'idée mûrie par l'enfant de Zemmora, Belamria Slimane, fils de feu Harrat, un joueur de l'ASZ des années 1930 et frère de quatre autres ayant évolué dans le même club, et sponsorisée par le gentil oranais Haddou Houari, a fait du chemin pour être réalisée sur le terrain de l'une des plus vieilles équipes de football d'Algérie en l'occurrence, l'Association Sportive de Zemmora, devenue désormais, ASBaladiat Zemmora, ce qui est un grand honneur pour le club et ce village oublié. En effet, l'équipe a été créée avant 1935, sous l'appellation de la Zemmoréenne , pour être remodelée en 1946 et devenir ASZ avec affiliation à la Fédération Française de Football en février 1946, sachant que l'association englobait aussi bien les férus de gymnastique, de pétanque et des différentes discipline d'athlétisme. Vendredi 29 mai 2009. Sous l'œil incrédule d'un public hétéroclite, Fodhil Megharia qui avait un jour fait trembler les stades, s'affairait à lacer ses chaussures. A l'ombre d'un pan de mur, Maïdi ajustait son maillot tout neuf avec en grand "Les amis de Zemmora" comme celui qu'endossaient tous ses coéquipiers. Le plus remarqué était Mehdi, un enfant du pays qui n'a pas perdu son langage de chez nous. Et puis défilèrent Medjdoub Selguia, Mokhtar Kachamli, Benyagoub Sebbah, Chaouch, ces anciens de l'équipe nationale qui aussi incroyable que cela puisse être, selon M. Chemaa, se sont entraînés, le plus sérieusement du monde, comme s'ils allaient affronter une grande équipe. Sous l'œil des vétérans de l'ASZ et d'une pléthore de journalistes défilèrent Benchiha et Mehdi du MCOran, Fergougui de la JSMTiaret , Bouhenni et Haffaf de l'USMBelabbès, Merzoug et Chahrour du RCRelizane, Amar Benkada du Hilal Sig. Avant que commença la fête, vétérans hôtes et vétérans de l'ASZ se sont bien dilatés la rate sous l'œil amusé d'un public qui voyaient en eux des gens simples et humbles qui répondaient à leurs demandes, qui un autographe, qui une photo ou une simple poignée de mains. Parmi les anecdotes, celle de Mehdi, qui un jour fut classé meilleur buteur d'Algérie durant la saison 1974-1975 et qui se dit lésé dans ses droits de recordman du monde du but le plus rapide. Si Maradona a marqué ce que l'on fait passer pour un record en 24 secondes, Mehdi réclame le record de son but qu'il a marqué en 6 secondes durant une compétition alors qu'il progressait au sein de l'USMOran en 1983 contre Nasr Essenia. D'un autre côté, une révélation de taille de M. Ait Saâdi Abdelkader fit le tour de la galerie: durant plusieurs compétitions, ses buts inscrits étaient à la main et les arbitres n'y ont vu que du feu. Le gardien de but de l'ASZemmora, Belkadi, du haut de ses deux mètres, aujourd'hui âgé de près de soixante-dix ans nous rappela sa rage de vaincre jusqu'à mordre un adversaire lui laissant la cuisse en sang dans les années 1970. Aborder ce qu'endura Benadda Benatia, dit Dahmane, pour l'ASZ serait vivre avec lui les houles qu'il traversa tant il sait les raconter. Il passait des nuits à taper sur sa vieille machine à écrire pour défendre les couleurs de ce club poursuivi par la malchance de la stagnation. Benazza Benaïssa, assagi avec l'âge et Bechouia Djelloul, deux fanatiques du ballon rond ne manquèrent pas à l'appel. Et puis sonna l'heure des braves. Echange de fanions, poignées de mains et minute de silence. Sans challenge et entre vieux et moins jeunes, le jeu calme donna à réfléchir à plus d'un sur la façon d'évoluer sur un terrain de sport quel qu'il soit et marqua bien le slogan de la rencontre qui était « Contre la violence et la dogue ». Pour l'anecdote, encore une fois, et comme on n'apprend pas à un singe à danser, un joueur de l'ASZ qui fit semblant d'avoir été blessé, surement par instinct de vaincre à tout prix, fut abandonné à son vice jusqu'à ce qu'il se releva pour gambader comme si de rien n'était. On ne triche pas avec les plus grands. Score final deux buts partout et peu importait le résultat pour le public zemmoréen qui sait faire la part des choses partant du principe « à tout seigneur, tout honneur ». C'est dans une ambiance bon enfant que se termina la fête avec remise de médailles, de fanions et de tableaux d'honneur. Malgré la présence de tant de talentueux footballeurs algériens, l'absence de M. Mohamed Bousserouel, cet artiste du ballon rond qu'on appelle toujours Monsieur tant il est respecté, du sévère arbitre au sifflet assourdissant M. Benazza Benaouda qui terrorisait les récalcitrants des stades et Benzineb Mohamed n'est pas passée inaperçue. Encore plus, elle était difficile à digérer, cette absence, par ceux qui les portent toujours dans leurs cœurs. Pour une fois, Lakhdar Beloumi, en mission au Canada, rata une telle réjouissance que seuls les Zemmoréens savent en créer. Et Zemmora, dans les fins fonds d'une Algérie profonde se réveilla, hier de ce qu'elle crut rêver et replongea dans sa torpeur en remerciant ces gens humbles qui, un jour lui firent une ballade à travers l'histoire d'un village, jadis heureux et généreux comme l'est toujours Kouider Belghoul, ce gros cœur qui restera toujours « le gentil petit qui sait faire de grandes choses ».