La fédération de France avait un avantage celui de se trouver sur le sol français et celui des hommes qui constituait l'organisation C'était là un fait nouveau, inattendu, et d'une portée considérable. Jusqu'alors inimaginable voire inconcevable pour les Français, s'imposant ne laissant aucune alternative à l entité coloniale. D'autre part elle avait institué ses règles sur le plan de la lutte et choisie comme base son terrain de combat sur la base d'un principe parfaitement compatible avec les objectifs du F.L.N. Pour revenir aux hommes clefs de cette organisation dans notre précédente édition nous avons évoqué Omar Boudaoud l'un de ses fondateurs et dans ses mémoires il met en relief le rôle de cette organisation qui a été à l'avant-garde du combat libérateur au cœur même de la métropole Française et les relations de cette organisation avec la gauche française et dans ses écrits il n'est pas tendre vis-à-vis de ce parti ayant subi lui aussi une féroce répression par la police de Papon, affirmant qu'il n'avait pas le choix de refuser l'aide de ce parti à la Fédération, regrettant en revanche l'absence de son soutien officielle à la Guerre de libération : "Le soutien officiel du parti de la solidarité prolétarienne internationale ne se manifestât que sept ans et trois mois après le déclenchement de la lutte armée". Sur cette question, l'auteur rapporte quelques propos échangés avec Jeannette Vermeersch, veuve de Maurice Thorez lors des funérailles de ce dernier. Omar Boudaoud distingue donc la position politique officielle du Parti communiste français et les structures de soutien qu'il a apporté dans la lutte pour l'indépendance en Algérie et en France. Dans le chapitre II de son ouvrage "Les structures de soutien", il parle de l'aide précieuse des intellectuels de ce mouvement, Jean Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Claude Boudet, Georges Amadou, entourage immédiat de Francis Jeanson dont le réseau des porteurs de valise porte le nom. Ainsi que les réseaux de Curiel, Raptis auxquels Omar Boudaoud consacre des passages dans son livre. Une organisation à l'avant-garde du combat L'autre témoignage est celui de Mohamed Méchati, du groupe dit "des 22", modestement intitulé Parcours d'un militant ( Ed. Chihab, 2009) comprenant une partie consacrée au témoignage de sa vie militante et une autre aux Ecrits de Combats rassemblant ses contributions journalistiques durant la période sismique des années 90 et 2000 et publiés dans différents organes de la presse privée. Ce témoignage ne consacre que quelques pages à la Fédération de France du FLN dont il est l'un des fondateurs après son arrivée en France pour des soins, le 12 février 1955. L'intitulé du chapitre mentionne "Fédération du FLN en France" et non « Fédération de France du FLN. Si l'auteur n'explique pas cette interversion dans l'appartenance de la Fédération (faite à postériori), il en a précisé la portée sémantique dans une conférence donnée au SILA de l'année 2009 à l'occasion de la sortie de son livre. Pour lui, la différence est de taille. La Fédération n'appartient pas à la France mais au FLN ; la France étant un lieu, celui de la métropole coloniale. Il a sans doute d'autres explications liées peut-être au fait que la dénomination de "Fédération de France du FLN" laisse penser que c'est une structure extérieure au FLN. A ces témoignages sur la Fédération de France engobés le plus souvent par leurs auteurs dans leur parcours du PPA au MTLD. Retour à la Mémoire De tous les écrits remontant la genèse des partis nationalistes nés en France et l'histoire de la Fédération de France du FLN et de l'immigration sont à relire dans cette perspective, notamment par l'identité du travailleur immigré, qui sera aux premières lignes de la résistance algérienne en Métropole. A propos de la rareté des témoignages des militants de base de la Fédération de France du FLN sur la journée du 17 octobre, Linda Amiri, doctorante en histoire de la Fédération de France et auteure de La bataille de France ( Réed. Chihab, 2005), relève qu'après l'indépendance : "Aucun manifestant n'a repris la plume, même si beaucoup acceptent aujourd'hui d'en parler publiquement. Il faut bien comprendre que pour eux, le 17 octobre 1961 n'est pas une simple date, ils l'ont vécu dans leurs chairs. Ils ont vécu l'humiliation et la violence de cette "nuit d'horreur et de honte", puis ensuite l'occultation… C'est un événement douloureux, pour que la parole se libère, il faut non seulement du temps, mais pour les témoins l'assurance qu'ils seront écouter. Ce n'est donc pas un hasard si ce retour de mémoire fut si long." Si les témoignages publiés sur la guerre de libération (1954-1962) sont nombreux et que les écrits sur la Septième wilaya « Fédération de France se comptent sur le bout des doigts. L'histoire de la guerre de libération nationale n'est toujours pas dépassionnée comme le thème est quelque peu général, dans ce contexte l'histoire de la Fédération de France doit prendre une large part dans les débats historiques pour lever le voile sur une partie de l'histoire de l'immigration algérienne et de son rôle pendant toutes les étapes du combat libérateur. La constitution de cette organisation n'a été possible, que par le sens du devoir et la résistance qui se poursuivra jusqu'à ce que soit obtenue l'indépendance nationale, seul aboutissement concevable de l'autodétermination. Des hommes dirigeront la lutte libératrice au cœur même du territoire Français Le grand public, français sympathisant ou non, devait comprendre le bien fondé de cette lutte d'indépendance, ainsi à partir de 1957 le conflit se trouvait engagé dans une dialectique nouvelle et ce n'était là qu'un commencement, pour amener la France à de nouvelles concessions et pour enregistrer chacune d'elles comme un acquis sans retour et pour que l'autodétermination soit complète en arrachant un à un la totalité des objectifs visés