L'association Ibn Badja est désormais classée partenaire à part entière dans le domaine culturel algérien et le paysage mostaganémois doit désormais composer avec ceux-là qui ont veillé et sué des années pour nous offrir du bon temps aujourd'hui. Un bon temps mélodieux, mais surtout une puisée d'un terroir millénaire. C'est vers le tard qu'il fut permis, presque ordonné même, aux prestigieux invités de quitter la salle bleue de la maison de la culture Ould Abderahmane Kaki de Mostaganem. C'est que l'air était andalou et quand l'andalou vous tient, il est difficile de s'en défaire. Il fut presque un devoir d'arracher à leurs sièges ceux-là qui passent leur temps au service des autres au dépens de leurs familles et proches. Durant deux bonnes heures, M. le wali de Mostaganem et la délégation qui l'accompagnait dont MM. le président de l'Apw, le procureur général près la cour de Mostaganem, le chef de sureté de wilaya et quelques directeurs de l'exécutif dont, bien sûr, la directrice de la culture, la directrice des mines et de l'industrie et la Dal. Usant de tout ce qu'il a comme énergie, et Dieu sait qu'il en déborde, l'imposant directeur de l'association, le Docteur Benkrizi Sidi Mohamed Fodil a veillé à ce que sa soirée reste gravée dans les mémoires. C'est qu'il a appris à goûter au succès et que désormais la réussite sera toujours à la portée de ceux qui l'entourent lui qui en même temps gravite autour de son timide président, M. Benalioua Belkacem. Le hasard n'a plus de place et Paris en témoigne. Comme la polyvalence est presque naturelle là où règne l'entente et où le climat est fraternel, dès l'abord, sur le perron de la salle de concert, c'est au Dr Labdaoui Djamel cet éminent agronome, que revint la tâche d'immortaliser dans l'objectif les moments solennels de l'arrivée de la délégation. Dans la salle où trônait le maître incontesté de la musique andalouse, le Cheikh Moulay Ahmed Benkrizi au delà de ses huit décennies révolues, rayonnait de sa présence le Professeur Saâdane Benbaali , un écrivain et musicologue de renom qui a profité d'un instant de répit en sa Sorbonne et son Saint Michel de Paris pour faire un saut à Mostaganem en passant par sa Médéa natale. Et aux enfants et adultes d'Ibn Badja d'égayer l'air en quatre phases. La première engloba les trois classes que compte l'école, car il s'agit d'une école aussi. La classe d'initiation, la classe moyenne et la classe supérieure interprétèrent en premier des klabate et khlassate moual. La deuxième phase vit la classe d'initiation quitter dans une discrétion totale la scène pour laisser la classe moyenne et la classe supérieure interpréter une nouiba mezmoum. Et avant de laisser le Cheikh Benkrizi Fayçal interpréter son programme en fin de soirée, la classe supérieure interpréta un gai malouf et une çanaâ en mode hsine. Et si le manque de tact en andalou manqua, il fut recours pour reporter ce fait marquant de ce début d'année à Mostaganem, c'est l'enfant terrible du milieu associatif, un agronome encore, fils de son père, qui dirigea la plume du profane que je suis. Si l'occasion de cette fête grandiose est la célébration de la victoire d'Ibn Badja qui a décroché à Alger le premier prix lors du 5ème festival de la musique çanaâ, l'heure n'est point au bilan malgré les prix et récompenses qui fusèrent tout le long de cette soirée. Si bilan sera, il ne sera qu'avec Réflexion, car les mélomanes de cette nuit-là qui ébranlèrent la salle avec leurs youyous en veulent plus sur la montée fulgurante de cette association qui, comme il doit être dit risque de bousculer les normes « raïques » imposées par une décadence des mœurs musicales ancestrales qui font retourner dans leurs tombes Zyriab et Maoussili. Nous y reviendrons.