Introduction Dans la littérature spirituelle, il n'est pas un livre religieux où la guerre ne côtoie la paix. Que ce soit l'Ancien Testament, le Nouveau Testament, le Coran, les Upanishads, le Véda, la Bhagavad Gita, le Ramanaya, le Mahabarta, le Canon bouddhique pali de l'Inde, le Popol Vuh des Mayas, le Kaïdara d'Afrique, l'Avesta de Perse, le Yiking et le TaoTe King de Chine, le Livre des Morts de l'Egypte pharaonique, le Granth des Sikhs, ou les Angas du Jainisme, c'est la même atmosphère qui prévaut partout : la quiétude tient compagnie à la terreur. Ceci s'explique sommairement et clairement par le fait que celui qui a créé la paix est celui-là même qui a créé la guerre. Mais dans la Bible, à titre éminent, la part la plus belle est faite à la violence et ce, contrairement aux allégations légères et artificielles des auteurs Juifs et Chrétiens qui discutent en long et en large d'un texte sacré à l'eau de rose tout à fait imaginaire. Dieu lui-même, chez eux, n'échappe pas à la brutalité verbale de scribes retors et revêches ayant trempé leur plume dans du fiel. On l'affuble dans maints versets, d'épithètes offensantes. Une partie de son portrait moral indignerait le plus pacifique des mystiques, la voici : Bourreau, coléreux, éradicateur, exterminateur, impitoyable, inflexible, intraitable, intolérant, irascible, irritable, lapidateur, méchant, pyromane, revanchard, tueur, vindicatif. Au seul plan de la violence, le vocabulaire attristant employé dans le livre donne la chair de poule au lecteur. Prenons - en connaissance : Abattage, accablement, anéantissement, angoisse, assassinat, assaut, attaque, bannissement, blessure, bouleversement, braise, broyage, brûlure, bûcher, cadavre, captivité, carnage, casse, catastrophe, chaînes, clameur, colère, combat, complainte, consternation, coups, crachement, crainte, cris, crochets, crucifixion, débris, décombres ;démolition, dépeuplement, déportation, dépossession, dépouilles, déracinement, désastre, destruction, détresse, deuil, dévastation, discorde, dispersion, douleur, ébranlement, écrasement, effroi ; égorgement, élimination, engloutissement, énucléation, envahissement, épée, épouvante, étranglement, éventration, exécution, exil, extermination, famine, feu, flagellation, flammes, fouet, fournaise, fracassement, frappe, frayeur, frisson, fronde, fuite, fureur, gémissements, gifles, gourdin, grondement, guerre, hache, harcèlement, horreur, hurlements, incendie, insulte, lamentation, malédiction, maltraitance, massacre, meurtre, mutilation, oppression, ossements, panique, pendaison, persécution, perte, peste, peur, pillage, pleurs, poignard, profanation, pulvérisation, punition, ravage, renversement, représailles, revanche, rugissement, ruine, saccage, sang, sciage, servitude, soufre, souffrance, stupéfaction, stupeur, supplice, suppression, terreur, tracas, transpercement ; tremblement, tuerie, vacarme, vengeance, vertige, victime. Voilà bien un genre de langage démoralisant, désespérant et déstabilisant! Quand nous prîmes la résolution de nous engager dans cette entreprise, c'est-à-dire le relevé exhaustif des versets bibliques à caractère polémologique, nous supposions naïvement que notre travail se circonscrirait aux prescriptions divines relatives au châtiment de la perversité et de l'incrédulité Ici - bas et dans l'Au-delà. Or, dès les premières pages, nous dûmes – dans une embarrassante et stressante perplexité – nous rendre prestement à cette éblouissante évidence à savoir tout simplement que la Bible était – dans de très larges proportions- une authentique chronique de guerre avec d'infinis détails sur les forces engagées, l'armement utilisé, le nombre de victimes et surtout la barbarie horrifiante de belligérants survoltés, experts en décapitation. Pour un livre qui se destine à l'enseignement des croyants et à convaincre l'humanité de la miséricorde divine, la partie est perdue d'avance. Au fond de nous-mêmes, nous présumions que des textes chargés d'agressivité et de méchanceté ne pouvaient que dissuader les hommes d'approcher la foi. Ce qui explique pourquoi les Rabbins et les Clercs déploient des prouesses extraordinaires pour sélectionner soigneusement la littérature à mettre entre les mains de la masse des croyants car les autoriser à feuilleter l'intégralité de la Bible aurait un effet cataclysmique sur leur moral. Etudiés de prés, les textes incriminés sont autant d'appels à la guerre sainte et au génocide des peuples. Particulièrement virulents sont les passages invitant fermement la communauté des fidèles à exterminer sans relâche les polythéistes, à détruire de fond en comble leurs autels, à briser leurs statues et à en effacer jusqu'au souvenir. Volonté affichée de gommer tout ce qui ne ressemble pas à soi ! En résumé, tolérance zéro. Hormis ceux qui professent l'unicité divine, rien ne doit exister sur terre qui puisse excéder, exciter ou exaspérer les monothéistes. Une telle rigueur maladive signe l'exclusion sans retour de l'Autre et fait de notre monde une prison, voire un cimetière pour les non croyants. A ce stade de notre évolution religieuse, nous étions effectivement à des années lumière des données modernes de l'Anthropologie et de l'Ethnologie. Ces deux nobles et riches disciplines nous renseignent généreusement sur la vie de nos lointains ancêtres Païens, Animistes, Fétichistes, Totémistes, Astrolâtres, Iconolâtres, Idolâtres, Lithoâtres, qui avaient des croyances et des rites qui mettaient en scène une pluralité de divinités et dont ils s'accommodaient plus ou moins bien. Leur conception primitive de l'Esprit universel les empêchait de synthétiser leurs grossières et enfantines connaissances pour les lier, par une opération mentale habile, à l'Etre suprême, ce démiurge fondateur, assembleur et coordonnateur de tous les éléments et de toutes les fonctions qui s'agglomérèrent dans le temps et dans l'espace pour organiser la vie de toutes les parties de l'Univers. Cette étroitesse de vue, cette lacune cognitive, cette fragilité de l'esprit non initié aux spéculations intellectuelles complexes, cette rigidité de jugement ne pouvaient que rendre impossible toute appréhension d'un Etre au-dessus de tous les êtres, apte par lui-même (sans recours à des tiers) de créer et de régenter des immensités spatiales. Il a fallu l'irruption dans l'Histoire d'hommes inspirés et illuminés dénommés Prophètes, porteurs de messages célestes, pour que l'humanité prenne conscience de ses errements répétés et se rallie à la religion du salut. Mais ces peuples aux théismes disparates et caricaturaux n'ont pas pensé à faire la guerre à ceux qui ne partageaient pas leur point de vue ; ils ont vécu certes en autarcie mais ils n'ont cherché querelle à personne, pas même leurs proches voisins. Tout homme était libre de croire en ce qu'il voulait. Si conflit il y avait, il ne pouvait être que d'ordre foncier ou matrimonial. A suivre