Le producteur présumé du film islamophobe "L'Innocence des musulmans", qui a déclenché une vague de violences meurtrières au Moyen-Orient, et dont la tête a été mise à prix par un ministre pakistanais, a été arrêté jeudi à Los Angeles. Nakoula Basseley Nakoula, 55 ans, déjà condamné en 2010 pour fraude bancaire, aurait été arrêté pour avoir enfreint les règles de liberté conditionnelle liées à cette condamnation, rapportaient des médias locaux. "Je peux confirmer qu'il est en détention et qu'il doit comparaître devant un tribunal fédéral du centre de Los Angeles", en Californie (ouest), a déclaré Thom Mrozek, du bureau du procureur, sans donner plus de détails. Entre-temps, il a été confirmé que l'homme était bel et bien incarcéré pour violation de sa liberté conditionnelle.Nakoula devait comparaître dans l'après-midi par le biais d'une vidéoconférence. En février 2009, la justice l'avait accusé avec d'autres personnes d'avoir utilisé illégalement les identités de clients de plusieurs agences de la banque Wells Fargo en Californie et d'avoir récupéré avec elles 860 dollars. Il a été condamné en 2010 à 21 mois de prison pour escroquerie bancaire.Nakoula Basseley Nakoula - qui serait la véritable identité de Sam Bacile, producteur du film L'innocence des musulmans - était domicilié à Cerritos, au sud de Los Angeles. Il a été brièvement entendu le 15 septembre par son agent de probation, dans le cadre de sa liberté conditionnelle. Depuis, il se cachait et n'avait plus été vu, craignant pour sa sécurité. La police avait aidé sa famille à le rejoindre deux jours plus tard. Le film, qui dépeint le prophète Mahomet comme un voyou aux pratiques déviantes, a offensé de nombreux musulmans et déclenché une vague de protestations, notamment antiaméricaines, au Moyen-Orient qui a fait plus de 50 morts. Sa tête mise à prix Un ministre pakistanais a même mis à prix, la semaine dernière, la tête du cinéaste, promettant une prime de 100 000 dollars à qui le tuera. Mais le gouvernement pakistanais a pris ses distances et a rejeté cet appel au meurtre. Les violences ont démarré par deux attaques le 11 septembre contre des missions diplomatiques américaines en Egypte et en Libye, où quatre Américains sont morts, dont l'ambassadeur des Etats-Unis dans le pays, Chris Stevens. Le film, agrémenté de doublages grossiers, de fausses barbes et de décors d'époque kitsch, prétend raconter la vie du prophète Mahomet et évoque les thèmes de l'homosexualité et de la pédophilie. Il présente les musulmans comme immoraux et violents.Un autre de ses producteurs est l'organisation Media for Christ (Médias pour le Christ), regroupant des chrétiens évangéliques anti-musulmans américains de droite, comme le pasteur de Floride Terry Jones, connu pour avoir brûlé publiquement des exemplaires du Coran. Plusieurs acteurs ayant pris part au projet ont depuis assuré avoir été trompés par Nakoula. L'une des actrices du film, Cindy Lee Garcia, va lancer une nouvelle action en justice aux Etats-Unis pour violation de ses droits d'auteur, après le rejet d'une première demande de retrait de la vidéo extraite du film, diffusée sur le site YouTube. L'actrice affirme avoir été "trompée" par le réalisateur, expliquant avoir signé pour prendre part à un film intitulé Le guerrier du désert et réalisé que ses répliques avaient été post-synchronisées avec un doublage grossier.Le FBI, la police fédérale américaine, continue de son côté d'enquêter sur l'attaque de Benghazi en Libye, qualifiée désormais de "terroriste" par la Maison-Blanche et le département d'Etat, après une dizaine de jours de flottement. Ses auteurs, al-Qaida ou un groupe extrémiste local, n'ont cependant pas encore été identifiés.