Morosité et monotonie sont les deux particularités qui continuent à caractériser la ville de Mostaganem au milieu de la campagne pour les élections locales du 29 novembre, à l'exception de quelques meetings organisés par certaines figures de proue venus d'Alger pour épicer l'opération politique. Mais côté caché de l'iceberg, la campagne des candidats se fait autrement, notamment dans les villages, où il est aussi question de coudes et de messages dédiés sur les murs ! Décidemment, la campagne électorale ressemble au mois de ramadan de nos temps. A une certaine époque, on humait ses arômes bien avant son arrivée, ce qui n'est plus le cas de nos temps. Et c'est tout comme la chose politique qui en plein vitesse de croisière, ne parait plus drainer les foules comme au bon vieux temps. D'ailleurs, à bien observer le climat qu'exhale la circonstance, c'est une dichotomie d'un contraste frappant qui s'offre d'elle-même : au moment où l'APC de Mostaganem attache bon nombre de prétendants par le biais d'une douzaine de listes ; la campagne politique se fait toute petite et toute timide telle une vierge candide. A se demander ainsi, si c'est dû à l'absence de culture politique, ou bien en raison du désintéressement du public vis-à-vis de ce rendez-vous électoral. Y compris les panneaux publicitaires officiels destinés à l'affichage des portraits et listes des candidats sont restés presque vides au grand dam de la culture, l'organisation et la discipline. A l'exemple des autres sièges de permanence des partis et quartiers généraux d'autres candidats indépendants, qui enregistraient habituellement une effervescence durant les consultations populaires précédentes, mais qui actuellement s'illustrent par une absence remarquable. Seulement, pour l'autre revers du look, la campagne n'est pas aussi effarouchée et semble avoir atteint sa vitesse de croisière en ce weekend. La preuve, tels les locaux de commerce de la zlabiya et la chamiya qui foisonnent en mois de ramadan, l'occasion a bien porté nos augustes candidats à déclouer des locaux de fortune généralement, pour papoter autour de cafés, en grillant des Marlboros, servir des billets pour le hamam et ouvrir même des registres pour y mentionner les noms des sympathisants. « Mais pourquoi vous voulez mentionner mon nom » ? lança innocemment un jeune avant que le candidat ne lui rétorque : « pour vous rendre l'ascenseur ». « Prête-moi une cravate pour la photo » C'est tout comme les supports d'affichage de portraits des candidats en lice pour séduire les électeurs et les convaincre de voter en leur faveur le jour J, qui ont aussi pris de plus bel en ce weekend écoulé. Mostaganem, ainsi que ses petites villes et villages commencent à prendre les couleurs, maintenant que les affiches publiées en mai dernier lors des législatives sont fanées par le soleil. Et cet affichage, c'en est toute une culture. Les candidats le savent bien. Ce n'est pas primordial d'user des espaces officiels choisis par la mairie. L'avantage c'est d'afficher sur les bâtisses privées y compris des demeures des familles autochtones. Mais d'abord la photo, à choisir pour l'affiche. Le mode vestimentaire y étant important, tout comme la cravate qui demeure signe d'une certaine culture, beaucoup de candidats ne l'ayant jamais porté ont appris à faire le nœud ou s'y sont fait aidés, tandis que d'autres l'ont carrément empruntée, -ce n'est pas une exagération-.
Les déchireurs ! Puis, la manière de l'affichage est aussi discuté : comment, où, par qui ? Les questions sont vues et revues sous tous les angles. Il y a des concurrents et parmi les rivaux existent des armées de déchireurs ! Voilà pourquoi la majorité des posters sont collés trop haut et, de préférence, en temps nocturne. Car les candidats préfèrent la nuit pour user de murs qui ne leur appartiennent pas quand ils ne disposent pas de l'accord des proprios. Un choix qui a sa genèse à l'apparition d'une nouvelle frange d'acteurs durant la campagne de vote : les déchireurs ! Ces des petites armées qui sont payées pour faire leur travail tard durant la nuit, en équipe. Les éclaireurs, ceux qui transportent l'échelle, ceux qui font la garde, et ceux qui montent raclettes à la main, pour abîmer les affichages des autres. Cette pratique n'est pas trop vécue à Mostaganem ville. Dans les villages par contre, ça devient un sport national à part entière. Ce n'est pas tout, la nouveauté réside dans cette autre campagne d'écriteaux et de dédicaces que se lancent bien des rivaux sur les murs. Dans un village comme La Stidia, Mazagran, Mamèche, etc., elle n'a pas manqué de se faire remarquer. Comme cette phrase lue dans un village dont je terre le nom : «va te faire foutre ?, fako». Ou cet autre écriteau au tournant d'un mur d'une mairie au sud de la wilaya : « sidlmir on n'a pas vu votre bilan. On voit votre villa ». Et dire que certains trouvent cette campagne sans enthousiasme ! Décidément, certains n'aiment pas la démocratie...