Il est presque 21 heures en cette soirée glaciale du samedi au moment où nous nous trouvions par hasard au CHU de Sidi Bel Abbès et plus exactement au service de la pédiatrie. Dès le seuil de l'entrée du service nous assistions à une foule d'hommes et de femmes avec des enfants et des nourrissons dans les bras en attente d'une visite médicale qui le plus souvent nécessite de longues heures de patience. Dans le box des consultations deux médecins résidents assurent difficilement les auscultations dans un tumulte indescriptible et une inquiétude généralisée aussi bien du côté des parents d'enfants malades que du personnel médical et paramédical. En effet, la charge de travail que subissent les médecins nécessite des nerfs d'acier vu le manque de personnel et l'inexistence de moyens matériels et de médicaments d'urgence. Depuis 9 heures du matin presque 140 enfants ont bénéficié d'une visite médicale et une quinzaine d'entre eux ont été admis en hospitalisation. Le personnel médical travaille dans des conditions difficiles dans un service qui ne présente presque aucune condition d'accueil qui encourage la pratique de la médecine. Les enfants sont hospitalisés dans des conditions déplorables à l'intérieur de chambres très mal chauffées par la faute de fenêtres non étanches qui soufflaient de partout l'air glacial de l'extérieur. Les sanitaires qui sont tout sauf un endroit pour les toilettes dégageaient une odeur nauséabonde qui se propageait pratiquement dans tout le service. Certains enfants admis pour être soignés ont été atteints par d'autres maladies à l'image des insuffisances respiratoires et les syndromes grippaux a-t-on attesté. L'hygiène dans les couloirs et les chambres des malades fait cruellement défaut au point où certains parents d'enfants malades se sont permis de se procurer par leurs propres moyens des produits d'entretien et de désinfection, signale amèrement une garde malade qui nous montre des bouteilles d'eau de javel qu'elle a du acheter pour faire le ménage dans la chambre qu'elle occupait avec son enfant hospitalisé. Pour des traitements d'urgence, les médecins ne disposent d'aucun médicament pour y faire face, nous confient des médecins qui nous orientent vers des services qui sont plus abandonnés à l'exemple du laboratoire qui ne fournit aucune analyse médicale. Le service de pédiatrie reflète une image peu reluisante d'un CHU miné dans pratiquement tous ses services par des conflits entre responsables pour des considérations le plus souvent liées à la chefferie. Le secteur public de la santé se trouve otage d'un ordre établi qui se maintient depuis deux décades. Toutes les bonnes volontés et les initiatives sont sabotées surtout lorsque des intérêts matériels sont menacés, nous confie une source médicale qui a requit l'anonymat.