Une simple visite de contrôle a permis aux élus de la wilaya de Ghardaïa de constater de graves défaillances au pavillon de pédiatrie du service de Protection maternelle et infantile (PMI) Kadi Bakir. Qualifiée de catastrophique, la situation est telle qu'elle a poussé les membres de la commission santé et protection de l'environnement de l'APW à demander au ministre de la Santé de dépêcher dans les plus brefs délais une mission d'enquête. A l'issue de la réunion qui s'est tenue hier au siège de l'APW, les membres de la commission ont fait état du compte rendu de la visite d'inspection qu'ils ont effectuée au PMI Kadi Bakir, « à la suite de nombreuses plaintes de la population », en compagnie des deux vice-présidents de l'APW de Ghardaïa et en présence du personnel médical. Le constat, notamment au pavillon de pédiatrie, a été surprenant et choquant pour la délégation. « A l'entrée, nous avons été choqués par les odeurs nauséabondes. Après enquête, nous avons été surpris de constater que ces odeurs se dégageaient des toilettes parce que le système d'aération de celles-ci n'était pas relié à l'extérieur, mais directement aux couloirs où se trouvent les chambres d'hospitalisation des enfants, des nouveau-nés et leurs mamans. Plus grave, nous avons découvert l'absence totale d'aération dans l'ensemble des pavillons situés sur les deux étages, ce qui facilite la propagation des maladies. » Poursuivant l'énumération des points noirs dans ce centre, les élus ont fait état de l'entassement des malades dans les chambres, citant un cas révélateur de 6 enfants avec leurs mères (soit 12 personnes) dans une pièce, collés les uns aux autres faute d'espace. Les élus ont constaté l'absence de fenêtres et de systèmes d'alerte en cas d'urgence médicale dans les salles d'infirmerie et fait état de bruits des véhicules et du vacarme qui dérangent à longueur de journée et de nuit les malades. Les sanitaires, ont indiqué les élus, sont tous bouchés et certains inondés, poussant les femmes à aller faire leurs besoins en dehors de la structure. « L'exiguïté des couloirs rend le transfert des malades et la circulation très difficiles alors que les issues de secours destinées aux évacuations urgentes en cas de danger sont pratiquement inexistantes. » Où sont les salles d'isolement ? « On a également remarqué qu'aucune salle d'isolement pour les malades nécessitant une prise en charge médicale particulière n'a été prévue, tout autant d'ailleurs que les salles réservées au repos des mamans et des enfants », ont noté les élus, mettant l'accent sur les manques de personnel paramédical et d'hygiène, jugés extrêmement graves. « L'entassement des malades dans ce pavillon a poussé les responsables à transférer les enfants au service maternité avec les nouveau-nés pour partager un espace déjà trop exigu, accentuant ainsi le risque de contamination. Il a été relevé aussi l'absence de moyens de contrôle médical des enfants malades installés dans ce service (maternité) du fait de son éloignement par rapport au service pédiatrie », ont écrit les élus au ministre de la Santé. Ils ont expliqué que l'équipe médicale avec laquelle ils se sont entretenus s'est plainte, elle aussi, de la situation catastrophique à laquelle elle fait face et qui, selon elle, a été imposée. « Le conseil médical avait, dans ses nombreux rapports adressés au directeur de la santé, avant et après le transfert des malades vers ce centre, alerté sur sa non-conformité avec l'activité de la pédiatrie du fait de graves carences et défaillances qui le caractérisent. Le dernier rapport, adressé il y a quelques jours seulement, a mis en exergue encore une fois la situation et appelé le directeur de la santé à transférer les malades vers l'hôpital Tirchine Brahim, du fait qu'il remplit toutes les conditions de leur prise en charge. » Devant ce constat, les élus de la wilaya de Ghardaïa ont déclaré être convaincus que la situation qui prévaut à la PMI, notamment au service de pédiatrie, est très grave et risque d'avoir des conséquences catastrophiques. De ce fait et « pour sauver la vie des malades », un appel a été lancé au ministre de la Santé afin que « les enfants hospitalisés dans ce centre soient transférés en urgence à l'hôpital Tirchine Brahim et qu'une expertise soit dépêchée sur place pour voir si le service répond aux normes de prise en charge médicale ». Un appel qui attend une réponse le plus rapidement possible, car il y va de la vie de plusieurs enfants et de leurs mamans.