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Le colonel Si M'hamed Bougara : « Un chef exemplaire et démocrate »

La mort du colonel Si M'Hamed Bougara, héros de la révolution et chef prestigieux de la Wilaya 4, le 5 mai 1959 à Ouled Bouachra, près de Médéa fut une immense perte pour L'ALN et L'Algérie, tant l'idéal qu'il incarnait de son vivant constituait l'exemple d'abnégation et de pureté révolutionnaire, ayant voué toute sa vie à la lutte pour la libération du pays de la domination coloniale et pour l'avènement d'une société équitable
et démocratique.
Cet idéal, aujourd'hui bafoué et renié par ceux qui se sont emparés du pouvoir de façon illégitime depuis juillet 1962, ainsi que des symboles et des dates pour organiser à leur guise, les commémorations des faits historiques marquants de la guerre de libération, organisant de façon éhontée le truquage des élections pour se maintenir au pouvoir en bafouant la Constitution, les citoyens n'étant pas dupes, ont depuis longtemps par leur indifférence et leur rejet refusaient de s'associer à ces « mascarades guignolesques ».
Sachant que « l'Histoire des Hommes qui ont réellement porté la Révolution » n'a jamais été révélée et n'a jamais été enseignée dans les manuels scolaires pour que nos jeunes des générations actuelles sachent la vérité historique et comprennent ce qui se passe réellement aujourd'hui dans notre pays dans le domaine politique, économique et social. Le colonel Si M'Hamed était de ces hommes. Ses qualités de fin politique, respectueux des règles démocratiques, ainsi que ses connaissances des questions militaires acquises tout au long des mois de maquis vont lui permettre de mettre en place, grâce à des hommes de valeur qui l'entouraient comme les commandants si Lakhder, Si Mohamed, Si Salah, Si Baghdadi, Si Tayeb, l'infrastructure militaire et politique qui sera solidement organisée sur toute l'étendue de la wilaya, en symbiose avec la population qui s'engagera aux côtés des djounouds de l'ALN en leur apportant une aide et un soutien indéfectibles pendant toute la durée de la guerre de libération.
Cet idéal de démocratie, le colonel si M'Hamed va l'incarner pendant toute sa vie de maquisard, aimé des djounouds et des officiers, respectueux des formes démocratiques de direction, telles que les décisions collectives, la critique et l'autocritique, la consultation de la base, l'encouragement de véritables élections des responsables des assemblées du peuple, la discussion fraternelle avec tous les cadres, l'ouverture d'esprit, l'absence de sectarisme, cet ancien cheminot et ancien syndicaliste qui avait milité pendant des années au sein du MTLD et de l'OS (l'organisation spéciale) à Khémis Miliana et à Alger , possédait d'incontestables qualités humaines et va mener le combat sur deux fronts, le politique et le militaire.
Il sera un des rares chefs de wilaya à mettre en application les décisions du congrès de la Soummam auquel il assistera en aout 1956, dont les résolutions vont donner une véritable armature politique au front de libération nationale et permettre d'impulser une dynamique nouvelle à la lutte du peuple sur toute l'étendue du territoire.
Pour lui, l'ALN devait être une école de progrès où les djounouds analphabètes devaient bénéficier de l'expérience de leurs camarades plus instruits, l'afflux de cadres, constitués surtout d'étudiants et de lycéens, fuyant la répression de la bataille d'Alger en 1957 avait permis un encadrement tout à fait exceptionnel de la wilaya 4.
« pas de galons, pas de titres, pas de supériorité intellectuelle, tout le monde est nécessaire, mais personne n'est indispensable » disait-il, vous qui venez des villes, vous avez des diplômes, vous disposez d'une éducation acquise au banc de l'université ou du lycée, vous serez étonnés de ce que vous apprendrez auprès de votre peuple, car l'enseignement acquis à l'école du peuple n'est dispensé par aucune université, apprenez leur ce que vous savez, mais apprenez tout ce qu'ils savent, vous serez étonnés. » Il veillait constamment, lors de ces tournées d'inspection dans les différentes zones de la wilaya à ce que ces principes soient respectés et appliqués, comme le constatera cet officier envoyé par les responsables de la wilaya 5 instalés à oujda « au cours d'une mission qui m'avait été confiée, je tombais un jour sur le commando de la wilaya 4, tout le jour durant, je me trouvais dans l'impossibilité de reconnaitre le chef de ces trois katibas. Je dormis avec elles sans que macuriosité soit satisfaite. Le lendemain, au réveil, le commando au grand complet, présenta les armes à celui même qui avait refusé de partager ma petite natte, préférant coucher à même le sol, ce fut ainsi que je connu Colonel Si M'hamed. L'officier qui parle ainsi était un grand malade (tuberculeux), il se déplaçait toujours avec une petite natte au maquis en raison de sa maladie, il écrira plus tard ses mémoires dans un livre retentissant, paru en 1962 et dont le titre était « Heureux les martyrs qui n'ont rien vu » Il découvrit un autre monde que celui érigé en wilaya 5 par le système Boussouf, et qui était basé sur la soumission, l'autoritarisme des chefs, le népotisme, la soif du pouvoir et la lutte des clans, des tares destructrices dont l'Algérie indépendante va hériter malheureusement et dans lesquelles elle se débat jusqu'à ce jour, l'idéal d'une démocratie politique et sociale pour laquelle Si M'hamed avait voué toute sa vie ayant été trahi. En wilaya 4, au contraire, régnait entre les djounouds et les officiers un esprit fraternel et démocratique, une discipline librement consentie, discutée et expliquée, des chefs sans galons, ni titres, à la pointe du combat, joignant l'exemple au conseil, une population totalement acquise à l'ALN, malgré les ratissages et les exactions de l'armée française atteindront leur point culminant, lors des « opérations Challe » entre 1958 et 1959, particulièrement dans l'Ouarsenis, le titteri,et l'atlas Blidéen où les commandos Ali KHodja, Djamal,les katibas Zoubaria Karamia vont s'illustrer par leur courage et leur héroisme, face aux régiments des parachutistes et des légionnaires comme le 1ier R.E.P du colonel Jean-Pierre ou le 3 e R.C.P du colonel Bigeard qui constituaient le fer de lance de la 1 Oé D.P (division parachutiste) du général Massu qui fut un impitoyable adversaire de L'ALN et du FLN et qui sera amené à écrire plus tard les propos suivants dans son livre « le torrent et la digue »
« à l'heure où l'on se plait à dire que la rébellion a perdu la partie, parce qu'elle est étranglée aux frontières tunisiennes et marocaines et parce que, incontestablement, le djoundi souffre dans le maquis physiquement et moralement, nous assistons à un phénomène déconcertant au beau milieu du territoire algérien, la Wilaya 4 fait montre d'une vitalité et d'un dynamisme extraordinaires. Elle s'est toujours singularisée par rapport aux autres wilayas, cela a tenu à la personnalité rayonnante du colonel Si M'Hamed, véritable chef de maquis, grâce à lui la flamme révolutionnaire brûle à la wilaya 4, une révolution qui se veut pure et qui s'affermit même par opposition au relâchement relatif dans les autres wilayas.L'ennemi contraint et forcé savait reconnaitre la valeur des hommes, ce qui explique son acharnement à mettre en œuvre pour les abattre, y compris par les moyens occultes, « le complot de la bleuite » qui sera organisé par les services spéciaux, dont le B.E.L (Bureau des études et liaisons) coiffant le 2ième et le 5ième bureau dirigé par le colonel Jacquin en sera une parfaite illustration et jouera un rôle important pour semer la confusion et la suspicion en envoyant des agents des rangs du FLN et de l'ALN pour recueillir des renseignements, en diffusant des fausses nouvelles, en utilisant de faux rapports et des faux tracts,d'autres stratagèmes seront aussi utilisés comme la mise en place de harkas dirigés par le Bachaga Boualem, au douar Beni Boudouane près de Lamartine ou le contre maquis de la force K, au contre bas de l'Ouarsenis, près des Attafs, dirigé par un certain Kobus, de son vrai nom Belhadj Djillali, un ancien militant du MTLD qui avait trahi les siens dans les années 50 pour se mettre au service du 2ième bureau. Il recrutait des jeunes dans la région, voulant rejoindre le maquis, en leur faisant croire que le FLN était inféodé au communisme international et qu'il fallait le combattre.
Le colonel Si M'Hamed, en avril 1958, en fin politique et stratège militaire, lors d'une réunion du conseil de wilaya au djebel Amrouna, près de Théniet el Had avait donné l'ordre de finir avec la force K, le commandant Si Mohamed à la tête du commando Djamal, va attaquer le camp qui sera détruit totalement, un grand nombre de ces futures recrues seront ramenées au maquis où ils seront accueillis fraternellement, on leur expliquera que seuls, le FLN et l'ALN dirigent la révolution, beaucoup d'entre eux resteront et mourront au combat, ayant découvert la manipulation dont ils étaient l'objet, Kobus et ses acolytes seront liquidés par la suite, même si ces derniers voulant se racheter, avaient amené la tête décapitée de leur chef dans un sac, souhaitant rejoindre les rangs de l'ALN, ce fut peine perdue, ils avaient trahi et constituaient une menace potentielle au maquis.
Si M'Hamed, en cette période cruciale des années 57 et 58, grace à ses qualités de rassembleur d'hommes, à sa clairvoyance, à sa lucidité politique et à sa conscience aiguë de l'unité nationale qui l'animait toujours fera échec aux groupes messalistes de Bellounis qui s'étaient réfugiés au sud de la wilaya 4 du côté de Boghari et Djelfa et surtout au complot fomenté par un certain Bensaidi Chérif, un sous-officier de l'armée française, félon et ambitieux qui avait lâchement assassiné le colonel Ali Mellah, chef de la wilaya6, sous prétexte qu'il était kabyle, ainsi que certains de ses hommes. Accompagné des commandants Si Lakhdar et Azzedine et à la tête du commando Ali Khodja et au fait de la situation qui régnait à ce moment là en wilaya 6, il va d'abord entamer une tournée d'explications dans les différentes dachrates de cette région pour expliquer les buts de la révolution et l'unité du combat mené par le peuple et l'ALN, ensuite dans un second temps, devant une assemblée des notables de la population du sud, il convoque le nommé Bensaidi Chérif, celui qui avait usurpé le titre de chef de wilaya 6, le met en confiance et lui demande de donner les explications des évènements qui ont provoqué la mort du regretté Ali Mellah, ce dernier sur lequel pesaient de lourds soupçons veut se disculper et avance des arguments confus, peu convaincants et se retrouve dans une situation peu confortable, c'est à ce moment que Si M'Hamed, en fin tacticien, lève la séance, glisse discrètement au commandant Azzedine de laisser une brèche dans le dispositif de sécurité et invite tous les membres de l'assemblée de le rejoindre sous une tente où un immense repas les attendait. c'est cet instant que choisit le traître Bensaidi pour s'enfuir avec quelques uns de ces hommes en allant rejoindre le poste militaire français le plus proche, il venait de se démasquer, la partie venait d'être gagnée et tous les notables se levèrent pour dire qu'ils voulaient apporter leur soutien et leur aide à la Révolution, ils ignoraient que le colonel Si M'Hamed était d'origine kabyle, mais ils virent en lui avant tout, un authentique patriote, défendant l'unité du peuple et incarnant la consciencenationale, la Wilaya 6 venait de s'unir et sera dirigée par un grand chef, Si Haoués qui trouvera une mort héroïque à côté de Amirouche le 29 mars 1959 au djebel Tsameur, près de Bou saâdaau cours d'une gigantesque opération menée par les français sur renseignements d'une rare précision et dont j'Histoire devra révéler un jour les sources. Le colonel si M'Hamed en cette année de 1958 année cruciale de la révolution, va encore une fois de plus démontrer ses qualités de rassembleur d'hommes et de stratège avisé, lors de la réunion inter-wilayas en décembre 58 des chefs de l'intérieur au maquis près d'el Mila, en WILAYA2 pour une mise au point de la situation militaire et politique, devenue difficile et préoccupante en raison de l'étanchéité des frontières tunisiennes et marocaines, due aux barrages électrifiés minés installés par l'ennemi pour empêcher le ravitaillement en armes et en munitions des djounouds de L'ALN , le GPRA ( gouvernement provisoire de la République Algérienne), était accusé d'inertie, d'immobilisme et d'abandon, Amirouche était particulièrement remonté et voulait lancer un ultimatum publiquement pour fustiger les « responsables du GPRA), installés dans les palaces à Tunis » Le colonel Si M'Hamed s'y opposera et raisonnera le chef de la wilaya 3 au tempérament fougueux et aux décisions expéditives de ne pas tomber dans le panneau même si les griefs étaient justifiés, afin de ne pas révéler à l'ennemi les dissensions existantes entre les wilayas de l'intérieur et le GPRA. Malheureusement, ce dernier sera manipulé dans le complot de la « bleuite » et ordonnera la liquidation de centaines de cadres, particulièrement des lycéens et des étudiants qui avaient rejoint le maquis pour participer au combat libérateur.
Dans l'Algérie d'aujourd'hui, pendant la période terrible de la décennie noire, les intégristes fanatiques « les talibans du Maghreb », s'acharnaient sur les intellectuels, les accusant à tort de francophilie et de « hizb França » parce qu'ils s'opposaient à leur dessein funeste d'imposer un régime théocratique, le peuple dans sa majorité, grâce à ses sacrifices et à son courage fera avorter ce dessein machiavélique, comme si l'histoire devait se répéter. Dans ce domaine, le colonel Si M'Hamed était profondément croyant, il avait même porté sur la crosse de sa carabine US, son arme préférée, la sourate de « Ayat el Koursi » mais il était surtout tolérant et respectueux des autres, effectuant régulièrement et quotidiennement la prière au maquis, il ne l'imposait pas par la force comme le firent certains chefs incultes et fanatiques, dont l'ancien colonel Mohammedi Said en wilaya 3 qui fut plus tard aux côtés des Abassi Madani et Ali Belhadj, un des créateurs du FIS, en 1990, les prêches et les discours haineux avaient instrumentalisé la religion, pour imposer une « Dawla islamiya », l'Algérie ayant échappé de justesse de basculer dans le chaos et le néant, des milliers de victimes ayant subi les affres de l'intégrisme barbare, malheureusement le « pouvoir actuel » continuant à pactiser, à faire des concessions et à monnayer des compromis contre nature avec le courant islamiste qui n'a jamais abdiqué à vouloir mettre en place son projet politique. Ce danger persiste toujours, c'est pour cela qu'il faut que l'exemple du sacrifice du colonel Si M'Hamed qui incarnait l'idéal d'une Algérie démocratique prospère et fraternelle soit présent constamment dans notre esprit et nous guider pour mettre en place une véritable démocratie avec des élections libres, le choix de candidats propres et honnêtes répondant aux aspirations réelles des citoyens qui veulent un changement et une rupture avec un régime honni et rejeté par la majorité du peuple qui sait depuis longtemps que les idéaux de la Révolution ont été trahis et qu'une poignée d'hommes, dont beaucoup d'entre eux n'ont jamais participé à la guerre de libération se sont emparés des leviers de commande pourdiriger l'Algérie comme « leur melk personnel » dans la pure tradition du beylicat turc et de la« Taifa des Rais ». Les récents scandales de corruption qui éclaboussent aujourd'hui Sonatrach, Sonelgaz et d'autres Sociétés en sont une parfaite illustration des mœurs dévoyées des dirigeants qui gouvernent le Pays. Hier, nos jeunes quittaient les bancs des lycées et des Universités pour rejoindre le maquis et luttaient aux côtés du peuple, beaucoup d'entre eux mourraient héroïquement au combat, Si M H'amed les accueillait fraternellement et leur inculquait l'idéal d'une Algérie libre, juste, belle et démocratique. Aujourd'hui, n'ayant plus de perspectives, ni d'avenir, ces jeunes fuient leur pays dans des embarcations de fortune pour essayer de rejoindre les côtes espagnoles ou italiennes, la plupart périssent tragiquement dans les tumultes d'une mer déchaînée sans que cela puise émouvoir lesgens du« Pouvoir », les rescapés des noyades sont traduits en justice et condamnés à des peines deprison. « Le système » poussant de plus en plus ces jeunes au désespoir et à la « mal vie », alors même qu'ils constituent « la première richesse du pays », plus que le pétrole et le gaz. Pour toutes ces raisons, il s'avère nécessaire que l'alternative du changement s'impose de façon profonde, les élections présidentielles qui se profilent en 2014 ne doivent en aucun cas reconduire « les mêmes » les assoiffés du pouvoir et des privilèges qui veulent accaparer le pays comme leur bien personnel doivent partir. Il est impérieux et indispensable, « dans un sursaut salutaire » que toutes les forces républicaines, patriotiques, progressistes et démocratiques unissent leurs forces et leur énergie pour lutter ensemble et réaliser un véritable programme de réformes, afin de mettre en place une démocratie sociale téelle et redonner ainsi de l'espoir à tous les citoyens qui aspirent à une vie meilleure, nous pourrons alors fièrement rendre hommage aux sacrifices de ceux qui ont donné leur vie à l'algérie idéale dont ils revaient, le colonel Si M'hamed, Larbi Ben M'hidi, Mohamed Boudiaf, Mustapha Ben Boulaid, Didouche Mourad, le colonel Lotfi, le commandant Si Mohamed en faisaient partie.


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