Les chefs militaires de la R�volution comme Didouche Mourad, Ben M�hidi, Amirouche, Si L�Haou�s, Ouamrane, Krim Belkacem et tant d�autres avaient cette capacit� extraordinaire de commander aux hommes d�aller mourir pour une cause collective. Ces djounoud ob�issaient en sachant qu�ils allaient y laisser leur vie. Pourquoi cette ob�issance ? Parce que tout simplement, ces fils du peuple qui donnaient des ordres n��taient pas des illumin�s et n�avaient pas pour vocation d��tre des chefs de guerre, ils ont pris les armes par n�cessit� imp�rieuse. Leurs convictions et leur sens du sacrifice �taient les armes les plus redoutables pour se faire entendre. Pr�sentement, nos dirigeants qui ne ratent, pourtant, aucune occasion pour clamer � qui veut les entendre qu�ils tirent leur inspiration de cette R�volution sont malheureusement incapables de mobiliser la population d�une dechra pour une cause collective et pacifique. Laissons le c�t� historique ou politique de la R�volution et son d�senchantement d�coulant du d�tournement et du reniement et examinons le c�t� humain de ces grands dirigeants du maquis qui, heureusement, ont surv�cu jusqu�� donner l�gitimit�, cr�dibilit� et objectif � cette R�volution qui s�arr�tera net un certain �t� 1962. H�las, ils ne sont plus l� pour la remettre sur son chemin naturel. Voici ce que rapporte un moudjahid de la Wilaya V, si Muhand A�rav Bessaoud sur l�un d�eux : le chef de la Wilaya IV, Si M�hamed Bougara : �Au cours d�une mission qui m�a �t� confi�e, je suis tomb� un jour sur un commando de la Wilaya IV. Tout le jour durant, je me trouvais dans l�impossibilit� de reconna�tre le chef de ces trois compagnies. Je dormis avec elles sans que ma curiosit� f�t satisfaite. Le lendemain au r�veil, le commando, au grand complet, pr�senta les armes � celui-l� m�me qui avait refus� de partager ma petite natte pr�f�rant se coucher �par terre� (pr�cision, ndlr), � mes pieds. Ce fut ainsi que j�ai connu le colonel Si M�hamed.� (T�moignage rapport� en page 266 du livre : Les Fr�res en contemplatifs en zone de combat � Alg�rie 1954/1962 Wilaya IV �dans le m�me livre l�auteur, le fr�re : Louis Sa�d Kergoat, qui a v�cu pendant la guerre de Lib�ration dans la Zone 4 de la Wilaya IV et qui a c�toy� le chef de cette wilaya et d�autres dirigeants de la R�volution, �crivait d�une part pour commenter une d�cision militaire prise par Si M�hamed, visant � prot�ger une petite congr�gation chr�tienne install�e sur les monts du Dahra et d�autre part, d�cliner les sentiments de respect et d�affection des membres de cette confr�rie vis-�-vis du chef de cette r�gion militaire �� notre admiration et notre reconnaissance envers le colonel Si M�hamed d�j� tr�s grandes ne font qu�accro�tre. Si M�hamed fut, en effet, l�un des grands politiques et militaires de la guerre de Lib�ration. On ne pouvait pas ne pas aimer le colonel Si M�hamed. Et nous aussi, nous l�aimions. � M�me ses pires ennemis, comme le g�n�ral Bigeard, lui vouaient un respect. Ce que l�officier sup�rieur de l�arm�e fran�aise d�clina publiquement. Bougara qui jouissait d�une double culture occidentale et orientale �tait comme ces jeunes r�veurs d�apr�s-guerre, qui pensaient qu�ils avaient cri� assez fort et pendant longtemps leur r�clamation de la libert� et la dignit� pour leur peuple. Or, leur r�ve s�est fracass� un certain 8 mai. Ces jeunes utopistes ont pris brutalement conscience que la r�alisation des meilleurs r�ves d�une nation naissante exigeaient la d�me du sang. Bougara n�est, donc, pas un guerrier mais tout simplement un des leaders �clair�s qui ont mis leur peuple sur le chemin du combat et du sacrifice. Pour le malheur de notre pays, les meilleurs sont partis trop t�t ; certains ont �t� les victimes des turpitudes commises par des hommes surgis de nulle part.