Les services de l'état civil des A.P.C de la wilaya de Béjaïa sont débordés par un monde fou. Une situation qui a pris une dimension disproportionnée depuis quelques jours. En effet, depuis l'annonce des résultats du Baccalauréat, « l'incommensurable queue » a retrouvé sa place dans la majorité des communes, même les plus enclavées. Dans la ville de Yemma Gouraya, le « spectacle de l'anarchie » n'est pas du tout beau à voir. Tôt le matin, vers six heures et demi du matin, la principale bâtisse qui abrite les services de l'état civil, à la rue de la Liberté , est déjà mouvementée. Une quinzaine de personnes sont sur place. Ils attendront une heure et demi avant l'ouverture des bureaux et plus d'une demi-journée pour faire toute leur « paperasse ». Pour ceux qui arriveront au début de la journée (après 8 heures), il seront contraints d'attendre jusqu'à l'après-midi ou même jusqu'au lendemain. Dans une anarchie totale, des vieux, des femmes et des jeunes se bousculent sans cesse. Il faut vraiment avoir du courage pour résister à ces pratiques d'un autre âge. Que quelqu'un vous piétine ou carrément vous fait tomber ou vous insulte, vous n'avez pas grand-chose à faire. Dans l'A.PC de Sidi-Aïch, située à 50 kilomètres au sud ouest de la capitale des Hamadites, la situation est la même. Une chose que nous avons constaté, nous-même, sur les lieux. Pour faire un extrait de naissance il faut patienter plus d'une demi-journée. Ici, l'organisation est de rigueur, puisqu'il faut prendre juste son ticket et attendre son tour. Toutefois, l'attente est interminable. « Je viens d'avoir mon BAC et je le regrette déjà. Je suis venue, hier après-midi, pour prendre mon ticket qui porte le numéro 125 et je suis revenu aujourd'hui pour faire mes papiers. C'est vraiment inconcevable d'attendre plus d'une journée pour faire un papier administratif, comme si ça demande je ne sais pas quoi… », nous dit Samira, une jeune bachelière de la région. Faire une incommensurable chaîne pour une fiche individuelle ou autre papier est devenu une chose normale. « Ce Normal algérien est devenu une fatalité. Le citoyen a droit un peu de dignité dans son propre pays. Des centaines de milliers de chômeurs rasent les murs, alors, pourquoi ne pas les recruter dans les différents services de l'administration qui a vraiment besoin d'eux ? Somme-nous obligés de subir les calvaires, les uns après les autres ? » s'interroge notre interlocutrice.