La justice italienne avance dans l'affaire de corruption présumée de l'entreprise Saipem en Algérie. Pietro Varone, homme clé du système mis en place et alter-ego de Farid Bedjaoui a été incarcéré. Son pourvoi a été présenté hier devant les juges qui doivent se prononcer d'ici le 15 aout. Les juges de la Cour d'appel de Milan ont reçu, hier, une demande de libération formulée par Pietro Varone, ancien directeur de la division ingénierie et construction de la société italienne Saipem, suspecté d'être l'homme clé, côté italien, du système de corruption mis en place pour l'obtention de contrats en Algérie. Pietro Varone est depuis dix jours incarcéré à prison de San Vittore à Milan. Il avait été arrêté, dans la plus grande discrétion, le 28 juillet dernier, le jour même où le parquet de Milan lançait un mandat international contre Farid Bedjaoui, « l'homologue algérien » de Pietro Varone. Les juges ont jusqu'au 16 aout pour se prononcer sur la demande de libération de Pietro Varone à laquelle s'oppose le procureur de Milan en charge de l'affaire, Fabio De Pasquale. L'ancien directeur de la division ingénierie n'est pas seulement poursuivi dans le versement de « commissions » à des responsables algériens. Le juge d'instruction en charge de l'affaire a découvert qu'une rétrocommission de 10 millions de dollars a été attribuée à l'ancien directeur de la division ingénierie de Saipem. 197 millions d'euros de pots de vin Après le lancement au début de l'année des enquêtes sur le versement des pots-de-vin par Saipem en Algérie, l'ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi s'en était ouvertement offusqué. « Ces enquêtes judiciaires vont détruire ces compagnies » avait-il déclaré en estimant que le versement de commissions était « nécessaire » dans certains pays. Le « réalisme cynique » de Berlusconi semble en tout cas démenti avec l'existence de cette rétrocommission. Pietro Varone n'a pas seulement « huilé » les choses avec les Algériens, il a été rétribué à son tour. La règle classique des commissions-rétrocommissions en vigueur entre le nord et le sud s'applique ainsi. Pour l'affaire Saipem-Sonatrach, sept contrats obtenus entre 2007 et 2008 d'une valeur globale de 8 milliards d'euros ont donné lieu à des versements de commissions de 197 millions de dollars. Soit une commission de l'ordre de 2,5%. Ces commissions ont été versées au « facilitateur » Farid Bedjaoui via la Pearl Partners Limited basées à Hong Kong. La justice italienne a lancé un mandat d'arrêt contre Farid Bedjaoui et veut saisir les fonds détenus par Farid Bedjaoui sur des comptes à Singapour et Hong Kong. Selon le quotidien Corriere della Sera, « plus de 100 millions de dollars" (75,3 millions d'euros) se trouveraient à Singapour sur des comptes contrôlés par M. Bedjaoui et 23 autres millions de dollars (17,3 millions d'euros) seraient à Hong Kong ». Selon l'acte d'accusation contre Pietro Vérone, les bénéficiaires des pots-de-vin de 197 millions de dollars sont Chakib Khelil, des membres de sa famille, des membres de la direction de Sonatrach, Pietro Varone et l'ancien PDG de Saipem Algérie Tullio Orsi et Farid Bedjaoui.