Le Parlement européen lance le groupe d'Amitié Europe-Maghreb, ce mardi 24 septembre 2013 à Bruxelles. A cet effet, Dr Abderrahmane Mebtoul (Algérie), Professeur des universités en gestion et expert international en management stratégique, invité d'honneur du Parlement européen et de la Commission économique européenne, pour cette inauguration, anime à Bruxelles une conférence portant sur « Face aux enjeux géostratégiques, les perspectives de la construction du Grand Maghreb » A l'occasion du lancement du groupe d'Amitié Europe Maghreb, ce mardi 24 septembre à Bruxelles, le professeur Abderrahmane Mebtoul , expert international a animé une conférence sur « Face aux enjeux géostratégiques, les perspectives de la construction du Grand Maghreb ». A l'initiative de plusieurs députés européens, dont Malika Benarab-Attou, Carmen Romero Lopez, Sonia Alfano, ... et en présence de députés européens, d'experts de la commission économique européenne et de nombreux invités experts européens, maghrébins et de la presse internationale, il a traité le sujet en trois points, après un bref rappel historique de l'Union du Maghreb arabe (UMA) qui a fêté son 23ème anniversaire, le 17 février 2013, l'Union du Maghreb arabe (UMA, Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie), non sans déplorer une organisation qui ne cesse, depuis lors, de faire du surplace, loin des aspirations des peuples et des potentialités, marginalisant de plus en plus la région au sein de l'économie mondiale.
Voici l'intégralité de son discours :
« Primo, l'UMA n'arrive toujours pas à se concrétiser. Ainsi, chaque pays de la région procède dans la gestion de ses relations extérieures avec les divers pays et blocs, en l'absence d'une coordination avec les autres pays de la région. Certains pays du Maghreb tentent d'assurer leurs propres intérêts et réaliser des acquis au détriment des autres pays maghrébins, alors que les autres blocs tels que l'Union européenne négocient en groupe leur partenariat avec ces pays (ceux du Maghreb) séparés. Cela fait que les rapports deviennent déséquilibrés. Les peuples de la région paient l'incapacité des élites à concevoir un projet commun. Alors que le monde connaît des bouleversements sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale (1945), le Maghreb reste aux abonnés absents. Le constat est donc très mitigé. Le PIB mondial est évalué selon le FMI pour 2011 à 70.011 milliards de dollars, 17960 pour l'union européenne, 15064 pour les USA soit 33.024 (47,17%). Si l'on ajoute le Japon dont le PIB est de 5.855, nous aurons 55,54% pour environ un milliard d'habitants, la Chine ayant un PIB de 6988 soit 9,98% pour 1,3 milliard d'habitants. Si l'on prend en référence l'indice du développement humain, indicateur beaucoup plus fiable que le PIB, l'écart va en s'accroissant. Si l'on prend la région du Maghreb, dont les échanges commerciaux inter maghrébins ne dépassent pas 2/3%, le produit intérieur brut de l'ensemble des pays du Maghreb a été évalué en 2011 par le FMI à 409,445 milliards de dollars en 2011 contre 387,712 milliards de dollars US en 2010. Ce PIB global est artificiellement gonflé par la Libye et l'Algérie du fait du poids des hydrocarbures et les phosphates pour le Maroc. Ainsi le PIB du Maghreb représente en 2011 0,57% du PIB mondial, 2,40% du PIB de la communauté économique européenne et 2,72% du PIB américain étant légèrement supérieur au PIB de la Grèce qui connait une très grave crise d'endettement pour environ 12 millions d'habitants. Comparé à la population et au PIB allemand (3.328 milliards de dollars pour 82 millions d'habitants) et français (2.808 milliards de dollars pour 65 millions d'habitants), on mesure l'important écart. Le PIB maghrébin doit horizon 2020 quadrupler (1550 milliards de dollars à prix constants 2010) au minimum si l'on veut éviter des tensions sociales de plus en plus vives au niveau de l'espace Maghreb. Segundo, le rapport de la banque mondiale 2009 souligne que l'intégration maghrébine pourrait permettre une croissance du Maghreb de plus de 3/4% du PIB hors hydrocarbures gagnant ainsi plusieurs points qui auront une répercussion positive sur la création d'emplois et donc sur le niveau du taux de chômage. Alors on pourrait imaginer les importantes économies d'échelle, les gains de productivité si l'intégration maghrébine pouvait se réaliser. L'UMA a perdu plus de la moitié de son poids économique dans le monde entre 1980 et 2012, ses exportations qui représentaient environ 2% des exportations mondiales en 1980, représentent moins de 0,50% en 2012. Et cela n'est pas propre au Maghreb puisque la part de l'Afrique dans le commerce international représentait 12 %, il y a 20 ans, étant passée à 8 % dans les années 90 et actuellement, elle atteint à peine 2 %. Une étude réalisée par le Secrétariat de l'Union du Maghreb Arabe ( UMA) courant 2009 a montré que l'intégration économique dans la région lui ferait gagner 5 milliards de $ en investissement dont 3 en IDE/an et un nombre important d'emplois dans une zone où il y a trois (3) millions de chômeurs qui constituent 12% des actifs, ce qui correspondrait en matière d'échanges aux transactions conclues entre 2000 à 3000 PME maghrébines par an. L'augmentation des exportations pour les produits agricoles pourrait atteindre les 45%, ce qui correspondrait à 170 millions de $, ce qui représente près de 1% du PIB net agricole du Maghreb arabe. Quant au secteur électrique, il pourrait économiser près de 25% de sa production si les centrales électriques maghrébines sont intégrées. Et à supposer que la capacité de production pour les 20 prochaines années doit passer à 26 gigawatts, l'intégration permettrait d'en économiser 6,6 gigawatt. En réalité, l'impact négatif de la non-intégration est plus important si l'on tient compte des effets cumulatifs dus aux économies d'échelle et surtout le peu d'attrait des investisseurs potentiels intéressés par de grands marchés. Tertio, il devient urgent, du fait de la densité de nos rapports culturels que les relations passionnelles soient transgressées dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation. Aussi, la dynamisation des relations entre les pays du Maghreb ne sera possible que si les dirigeants ont une vision commune du devenir commun de leur population et des enjeux géostratégiques mondiaux. La région peut devenir une région économique pivot, intégrant l'émigration ciment de l'inter culturalité et des échanges , pouvant être un sous segment de la dynamisation du continent Afrique enjeu du XXIème siècle qui habitera horizon 2020 plus de 1,5 milliard d'âmes et un quart de la population mondiale horizon 2035, nouveau vecteur de la croissance de l'économie mondiale sous réserve d'une meilleure gouvernance et de son intégration selon une vision pragmatique et progressive. Ce qui permettrait d'éviter ces images désolantes de jeunes fuyant tant le Maghreb que le continent Afrique à partir d'embarcations de fortune. Ce sera une condition fondamentale, afin de peser dans les grandes décisions internationales, les micros Etats en ce XXIème siècle n'ayant que peu d'impacts. Cela est possible pour peu que la volonté politique existe d'aller vers un Etat de droit, une gouvernance rénovée, la revalorisation du savoir loin des rentes, le mal étant avant tout en nous et les solutions existantes à notre portée. Cela passe également par des réformes institutionnelles et micro-économiques, la stabilisation macro-économique étant éphémère sans réformes de structures. Ces actions collectives peuvent favoriser un partenariat gagnant/gagnant, grâce à une co-localisation, loin de toute tutelle bureaucratique qui annihile la créativité, les Etats régulateurs devant favoriser la libre entreprise et éviter de voir que le secteur privé national et étranger l'ennemi de la Nation. Et se pose également cette question lancinante, le Maghreb n'a-t-il pas besoin surtout management et également sans chauvinisme de capitaux étrangers qui ont besoin d'un marché large, l'ère des micros Etats étant dépassé, dans le cadre d'une libéralisation maîtrisée ? Le chemin de la croissance ne peut être retrouvé que pour autant que l'appareil productif est modernisé et managé selon les techniques nouvelles. Deux conditions qui ne peuvent être remplies que si le Maghreb se met en partenariat avec des firmes qui participent à l'innovation. Pour que de telles firmes s'intéressent au Maghreb, il s'agit d'acquérir la crédibilité sur le plan institutionnel et politique, donc aller vers l'intégration, et offrir un Etat de droit , évitant l'instabilité juridique, une cohérence et une visibilité économique qui autorisent le calcul économique. C'est donc dans ce contexte que doit s'insérer la compréhension de la dynamique économique et sociale tenant compte tant de la stratégie des réseaux internes et externes ainsi que de l'urgence de nouvelles structures pour placer le Maghreb comme vecteur actif au sein de l'économie mondiale dont l'espace euro-méditerranéen et euro-africain constitue son espace naturel, en fait pour s'adapter aux futurs enjeux géostratégiques mondiaux horizon 2015/2020 qui seront déterminants pour son avenir s'il veut éviter des remous sociaux et politiques ». A noter que jeudi 26 septembre 2013, le professeur Abderrahmane MEBTOUL, membre de l'IFRI ( Institut Français des Relations Infranationales (8ème Tink mondial )) prendra part aux débats sur « le Maghreb et son Sud : mutation encours » auquel assisteront de nombreuses personnalités et experts internationaux, notamment d'Afrique au sud du Sahara, mais aussi Jean Pierre Chevènement ancien ministre, Président de l'Association amitié France –Algérie- co-président du groupe de travail Sahel de la commission des affaires étrangères et de la défense ( France), la directrice du département, Moyen orient Afrique du Nord, Mansouria Mokhefi , Jean François Daguzan directeur de la revue internationale Magheb-Machrek, Zyad Limam président et directeur des rédactions Afrique Magazine International, et Wolfram Lâcher du département Moyen Orient Afrique SWP ( Berlin- Allemagne). (source www.lesafriques.com)