Initiés au départ aux fins ‘'d'apaiser ‘' la circulation le long des grands axes routiers, le phénomène de la pose anarchique de ralentisseurs a fini par se généraliser à travers le tissu urbain de toutes les localités de la wilaya. Il y a quelques mois, on a dénombré près d'une trentaine de sites de ralentissement forcé qui ‘'cassait'' les allures vives des véhicules empruntant la RN 11, entre la sortie de Mostaganem et la commune d'Ouled Boughalem, à l'extrémité orientale de la wilaya. Au sein de la plupart des centres urbains, pratiquement plus aucun chemin carrossable n'échappe à ces ‘'obstacles'', constitués de matériaux hétéroclites. Bitume, pierres, terre, cordages de marins, tout semble bon pour contraindre l'automobiliste à réduire sa vitesse. Outre la chaussée, parfois, on entrave même le trottoir ou les accotements plats, au grand dam des malins qui osent contourner le dos-d'âne. Chaque fois qu'un accident, a fortiori mortel, survienne, les habitants du douar, du pâté de maisons, ou de la cité limitrophes, se "soulèvent'', occupent ou bloquent momentanément la route et finissent par mettre au pied du mur l'autorité locale, à laquelle on impose la pose des ralentisseurs. C'est l'unique "solution'' envisagée pour réduire les accidents de la circulation routière. Sans aucunement se soucier si le site s'y prête, et sans le moindre respect quant aux normes requises en la matière, l'APC s'exécute et s'empresse de dresser des "monticules'' bitumés, sur toute la largeur de la chaussée ; l'essentiel étant que les esprits s'apaisent. Une "solution'' la plus facile qui, profite non seulement aux riverains contestataires, mais plus particulièrement aux meutes de voleurs activant dans les parages de "souk ellil'', le marché de gros des fruits et légumes, auxquels la tâche de décharger camions et camionnettes est nettement facilitée. "L'automobiliste non averti et pris au dépourvu risque de désagréger son véhicule avec de tels dos-de-chameau !'', ironise Senouci, un retraité de Aïn Nouissy, qui s'interroge quant à l'initiative de sa commune de parsemer rues et ruelles de sa localité de ralentisseurs même pas conformes aux normes. "C'est un véritable obstacle pour les voitures au châssis bas !'', enchaîne-t-il, en sa qualité de mécanicien en ses heures perdues. Anarchique ou sensée, opportune ou non, justifiée ou pas, qui aurait trouvé à dire ou redire si cette "expérience" de la prolifération des ralentisseurs s'est accompagnée d'une quelconque épargne en vies humaines ? Hélas ! Malheureusement, ce ne fut pas le cas, et ce sont les statistiques des services de voirie de la sûreté de wilaya qui confortent l'affirmation et le constat. En effet, il y a 10 ans, le bilan de l'année 2004, fait état de 446 accidents qui ont fait 261 victimes dont 10 ont rendu l'âme. En 2005, il y eut 218 accidents, 240 blessés et 9 décès. Au titre des années les plus meurtrières, en 2006 et 2008, on a respectivement enregistré 441 et 514 accidents, 514 et 616 blessés alors que le nombre de morts s'est stabilisé à 14 victimes décédées. A l'époque, les victimes décédées sur les routes urbaines représentaient 10% environ des morts enregistrés dans les accidents survenus à travers l'ensemble du réseau routier de la wilaya. Dix ans plus tard, ce chiffre a pratiquement triplé. L'année le met bien en évidence : 478 accidents ayant fait 567 blessés et ... 34 morts. Durant le seul mois d'avril dernier, pas moins de 4 usagers de la voie publique ont rendu l'âme dans des accidents. Même hâtive peut-être, la première conclusion qui s'en dégage reste que la pose à foison des dos-d'âne n'a pas servi à grand-chose !