Tandis que le Maroc refuse d'organiser la Coupe Africaine des Nations en janvier-février prochain en raison des risques que fait courir l'épidémie Ebola et a demandé le report de l'épreuve, l'Algérie a décliné la demande de la CAF de se tenir prêt pour l'organisation de la CAN 2015. Après le Ghana et l'Afrique du Sud, l'Algérie a été également sondée par la Confédération africaine de football (CAF) pour éventuellement remplacer au pied levé le Maroc. Ce dernier a récemment demandé le report de la CAN-2015, organisée sur son sol du 17 janvier au 8 février 2015, par crainte de l'épidémie d'Ebola qui touche l'Afrique de l'Ouest. L'information a été révélée par le ministre algérien des Sports, Mohamed Tahmi, interrogé sur la radio Chaîne 1, lundi 20 octobre. Il a également précisé que les autorités, sollicitées par la Fédération algérienne de football (FAF) à ce sujet, avaient préféré décliner l'offre. Alors que la requête du royaume marocain a été refusée par la Confédération africaine de football n'a pas tardé à refuser catégoriquement, le royaume marocain reste implacable. Un dialogue de sourds qui cache notamment des divergences quant à l'application du principe de précaution. Droit dans leurs bottes, les responsables gouvernementaux marocains persistent et signent. Le royaume n'organisera pas la Coupe d'Afrique des Nations en janvier prochain, par volonté de protéger le pays de l'épidémie d'Ebola. Après avoir demandé le report de l'épreuve, le Maroc s'est vu opposer samedi une fin de non-recevoir de la Confédération africaine de football. « La CAF a enregistré cette requête et confirme qu'aucun changement n'est à l'ordre du jour du calendrier de ses compétitions et événements », a indiqué l'instance, non sans rappeler que « depuis la première édition en 1957, jamais la Coupe d'Afrique des Nations n'a fait l'objet d'une déprogrammation ou d'un différé. » Comme la CAF, le Maroc met en avant le principe de précaution et s'abrite derrière les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé. Mais les deux parties ne les interprètent pas de la même manière. Pour les Marocains, ce sont les projections sur les prochaines semaines qui importent, fussent-elles trop alarmistes et couplées à une surestimation du nombre de spectateurs attendus pendant la CAN (le chiffre, exagérément optimiste, d'un million de supporters (!) a été avancé en haut lieu). Or, le pic de l'épidémie est prévu au premier trimestre 2014. Toute apparition de cas dans le pays serait un désastre pour les saisons touristiques à venir. Du côté de la CAF, c'est l'observation de la situation au jour le jour qui prime. Tandis que le Maroc, en août dernier, réactivait sa cellule de vigilance face au virus Ebola, la Confédération décidait que les équipes de pays touchés (Guinée, Liberia, Sierra Leone) devraient jouer sur terrain neutre. « La CAF tient également à préciser que depuis le début des phases éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations Orange 2015 en avril 2014, consciente des risques sanitaires posés par le virus Ebola, elle a constamment appliqué les principes de précaution en prenant en considération les recommandations de l'OMS et de divers experts médicaux. » Plan B sud-africain abandonné Qui aura le dernier mot ? Chacun risque de camper sur ses positions. Le ministre marocain des Sports, Mohammed Ouzzine, a déjà qualifié la réponse de la CAF de « pas convaincante. « La CAN n'a jamais été reportée, c'est vrai, mais, en même temps, on n'avait jamais eu Ebola », a-t-il déclaré. Des discussions doivent avoir lieu entre les acteurs de ce dossier, dans trois semaines, à l'occasion de la prochaine réunion du comité exécutif de la CAF, prévue le 2 novembre à Alger, en marge de la finale retour de la Ligue des Champions africaine. Suivra le lendemain à Rabat une rencontre entre la partie marocaine et la CAF, menée par son président Issa Hayatou. Si le Maroc persiste toujours dans son refus d'organiser cette CAN en temps et en heure, il est illusoire de penser que l'édition sera simplement reportée. Les Marocains peuvent au contraire s'attendre à des sanctions, avec par exemple une exclusion de leurs clubs des compétitions organisées par la CAF. D'ici là, l'homme fort du football africain aura tout le loisir de réfléchir à des solutions de rechange et d'activer ses « plans B ». A commencer par l'Afrique du Sud, seul pays capable d'organiser au pied levé une compétition de cette ampleur et qui refusé de remplacer le Maroc, avait annoncé le président de la fédération sud-africaine de football, M. Danny Jordan.