70 ans après le massacre qui a fait des milliers de morts, le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, a rendu ce dimanche un hommage aux victimes algériennes de Sétif. Accompagné de son homologue algérien, Tayeb Zitouni ,M. Todeschni a déposé une gerbe de fleurs devant la tombe de la première victime, Saal Bouzid. Le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, a été hier dimanche à Sétif en Algérie pour marquer le 70ème anniversaire du massacre d'Algériens dans cette ville sous la colonisation française. «Pour la première fois, à la parole viendra s'ajouter le geste, traduction concrète de l'hommage de la France aux victimes et de la reconnaissance des souffrances infligées aux Algériens», a expliqué le secrétaire d'Etat aux anciens combattants en jugeant que son voyage est un «geste fort». Selon lui, cette visite «s'inscrit ainsi dans une démarche d'amitié, de respect et dans le souci de continuer à appréhender notre mémoire commune de manière apaisée et lucide, en vue de mieux nous tourner ensemble vers l'avenir.»Si en février 2005, l'ambassadeur de France en Algérie avait reconnu une responsabilité de la France dans le massacre de Sétif en évoquant une «tragédie inexcusable», c'est la première fois qu'un membre du gouvernement français se déplace dans cette ville pour commémorer cette page sombre de l'histoire franco-algérienne. 45 000 morts algériens Le 8 mai 1945, alors que la France célébrait la victoire des Alliés, les festivités tournèrent au drame à Sétif, Guelma et Kheratta, dans l'est de l'Algérie. La répression fera des milliers de morts parmi les Algériens victimes de la police, de l'armée et des milices des colons. Cette répression est considérée comme les prémices de la guerre d'indépendance. La répression des manifestations, considérées comme les prémices de la guerre d'indépendance, fit plusieurs milliers de morts parmi les Algériens, 45 000 selon le gouvernement algérien victimes de la police, de l'armée, de bombardements de l'aviation et de la marine françaises, ou de milices de colons. Une centaine d'Européens, pris à partie par des nationalistes algériens, furent également tués. Timide reconnaissance française dans les massacres de mai 1945 Le gouvernement français avance à petits pas dans le dossier sensible de la responsabilité de la France dans les massacres en Algérie. Le 27 février 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, a reconnu une responsabilité de la France dans les massacres de mai 1945 en évoquant une «tragédie inexcusable». Mais aucun membre du gouvernement français ne s'est jusqu'ici rendu à Sétif pour commémorer cette page sombre de l'histoire commune franco-algérienne, a-t-on souligné dans l'entourage du secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini.Malgré les déclarations de dirigeants français, notamment du président François Hollande qui a reconnu en décembre 2012 les «souffrances que la colonisation a infligées» aux Algériens et dénoncé un «système (colonial) profondément injuste et brutal», le travail de mémoire reste compliqué entre les deux pays. L'Algérie souhaiterait que la France aille au-delà de cette politique des «petits pas» et s'excuse pour son passé colonial. Paris se refuse pour l'heure à faire acte de «repentance» tout en reconnaissant que la relation franco-algérienne doit reposer sur un «socle de vérité».Ainsi, le but du voyage du ministre français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, c'est de mettre en lumière la mémoire partagée», a-t-on relevé dans l'entourage du secrétaire d'Etat. Il s'y rendrait en avril plutôt qu'en mai non pour des raisons d'agenda selon son l'entourage du ministre, la France célébrant de son côté le 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la guerre de 1939-1945, a fait savoir la même source.Après Sétif, M. Todeschini devait se rendre à Mers El-Kébir, dans la wilaya d'Oran, pour commémorer le 75e anniversaire de l'attaque de la Marine française par la Marine britannique, en juillet 1940, peu après la signature de l'armistice franco-allemand avec le Troisième Reich. Les Britanniques craignaient que les navires français ne tombent entre les mains des Allemands et ont fini par couler les bâtiments.