Qu'en est-il réellement de notre système d'éducation qui impose cet énorme obstacle qu'est le Baccalauréat ? Il en est d'un système révolu où rien ne va plus. La réussite au BACHOT qui faisait la joie du candidat, de la famille et des proches mais aussi de tout le village est devenue un événement banal. En Algérie, depuis dimanche dernier, des candidats presque adolescents, filles et garçons, avec à leur tête une doyenne de 72 ans se creusent les méninges et font appel à leur matière grise pour pondre quelques lignes découragées par le format géant et inhabituel des feuilles blanches à l'entête dépliant qui permet l'anonymat le plus absolu du candidat. Chaque épreuve et quelle que soit la filière a été entachée par les appels au secours à travers la toile mondiale et en particulier sur les réseaux sociaux, la 3G aidant. Plus amusant, un appel à l'aide a été observé lundi dernier sur une page spécialisée dans les petites annonces de vente de téléphones mobiles à Annaba, la copie du sujet d'histoire étalée. Un « exposant » du sujet de mathématiques sur facebook n'a pas omis la mention « urgent ». On répond vite aux candidats coincés et la discussion est à bâtons rompus. Avant que ne s'écoule le temps imparti on lit « y a t-il encore quelqu'un qui a encore besoin de quelque chose ? » Pour les jeunes, une minorité bien sûr, le temps est à l'amusement. Comment devra-t-on procéder dans un avenir proche pour empêcher de tels comportements lors d'examens et concours ? Les arrestations au niveau de centres d'examens de candidats véreux par les éléments de la Gendarmerie Nationale n'a pas dissuadé celles et ceux qui veulent coûte-que-coûte rejoindre les bancs des grandes écoles, instituts et universités. Et pourquoi pas finir boursier à l'étranger par la fraude aux frais du contribuable ? Au Maroc, ce sont près d'un demi-million d'élèves et de candidats libres ont rejoint ce mardi les centres d'examens. Le bac n'a pas encore perdu de son prestige dans le royaume chérifien. Mais les nouvelles technologies contribuent à baisser le charme de cette grande fête qui fait que des régions les plus reculées du pays convergent vers les prestigieuses facultés les médecins et ingénieurs de demain et soit dit en passant que des algériens fréquentent les bancs de ces facultés et en particulier celles de médecine inaccessibles chez eux. La fraude a encore frappé cette année. A Casablanca, c'est un lycée qui a été saccagé mardi matin suite la fuite la veille de deux pages du sujet de mathématiques des filières sciences expérimentales et technologies avec en prime le refus des candidats de rejoindre leurs classes. Vitres cassées, bancs renversés et journalistes et photographes aux aguets en quête de témoignages pour immortaliser l'événement. Récidive hier des protestations contre la fuite la veille du sujet de mathématiques de la filière sciences physiques et expérimentales et cette fois-ci, c'est le ministre qui prend la mesure radicale de refaire l'épreuve. En Tunisie, on ne parle pas de sujets faciles ou difficiles. On traite de normes et d'accessibilité. Les épreuves ont débuté lundi 3 juin, soit une journée après l'Algérie et un jour avant le Maroc, et se poursuivront les 4, 5, 8, 9 et 10 juin 2015. Le bac n'est pas un simple diplôme à accrocher au mur. Il est le tribut d'un immense effort individuel. Il est la clé de la réussite qui permet d'être ce médecin qui a comme patients des Européens y compris de France, de Suisse et de Grande Bretagne. Et malgré tous les moyens humains et matériels mis en œuvre doublés d'une culture où la fraude est très mal vue, il y a eu 15 arrestations pour fraude. La Tunisie tient au prestige du bac et c'est le chef du gouvernement, accompagné du ministre de l'éducation nationale qui a donné le feu vert des épreuves dans un lycée de Tunis, lundi dernier. Pour éviter la triche, le nombre de candidats par salle varie entre 15 et 18 ; pas plus. Le 4 juillet, les heureux parmi les 133 250 candidats tunisiens verront leur sort lié avec ce prestigieux diplôme et fuseront des youyous à Nabeul comme à M'saken, réputée pour son grand nombre de savants au kilomètre carré. Le hic en Algérie dans des épreuves du Baccalauréat de cette année est cette initiative d'un surveillant qui a mis en marche un matériel sophistiqué d'une technologie avancée qui permettrait de bloquer toute communication avec l'extérieur à l'aide de moyens électroniques ou informatiques dont les tablettes, microordinateurs et téléphones mobiles. Et ceci a ravivé le courroux des candidats et... de l'administration. Pourquoi une telle ire si l'on est tenu à faire appel à son seul savoir ? Les Maghrébins, encore tributaires, d'un système d'éducation révolu se voient face à un ogre qu'est l'éducation nationale que toutes les réformes n'ont pas pu réformer. Les plus performants des systèmes d'éducation étant connus de par le monde et qui s'adapteraient bien à notre société en quête d'affirmation des institutions de la connaissance dont les universités pourraient bien nous libérer du joug de méthodes obsolètes et archaïques d'accès au savoir héritées de l'ancienne puissance coloniale. Le passage du lycée à l'université pourrait bien se faire sans le bac comme sous d'autres cieux et comme il se fait en Algérie avec cette facilité capacitaire d'accession à l'Université de la formation continue qui a ouvert les portes à certains jusqu'à accéder au poste de doyens de prestigieuses universités.