Fils de commerçant et propriétaire foncier, le chahid Si Affif Hadj Ahmed est né le 13 avril 1925. Il a fréquenté l'école communale entre 1931 et 1937 qu'il a quitté après sa réussie au CEPE pour aller apprendre le saint coran à la zaouïa du Cheikh Bencherif de Sidi Ali et à celle des Ouled Khlouf à Sidi Lakhdar. En 1952, il accompli le pèlerinage à la Mecque au volant de sa « Prairie Renault », en compagnie de son père. Militant de la première heure, il adhéra très tôt au PPA (1945) et nuit à profit l'estime que lui portait toute la jeunesse de Sidi Ali pour y mener aux côtés de ses amis Hadj Zerrouki Boumehdi, Abderahmane Raouiya, Meziane Boutaiba et autre Med O/Djelloul des actions de sensibilisation et de mobilisation autour des thèses nationalistes. Sa prise de conscience politique précoce et le dynamisme qui le caractérisait lui valu à 17 ans déjà (en 1942) d'être place en garde à vue pour avoir été surpris par une patrouille de nuit de la gendarmerie en train de taguer sur les murs de la mairie des inscriptions telles « l'Algérie musulmane » ou autres slogans de liberté. Après le conclave des « 22 » d'Alger (clos Salembier le 25-07-1954) et au lendemain de réunion du 23-10-1954 de la pointe pescade (actuellement Rais Hamidou) il participa à Ghar Sidi Youcef au douar des Ouled Bouziane, le 28 octobre 1954 avec l'encadrement de la région d'alors (Benabdelmalek ramadane-Borji Amar, Sahraoui Abdelkader dit El Mihoub, Belhamiti Bendehiba, Hassaine, Belhouari, Bridja et autres frères Belkoniène) à une réunion de coordination qu'avait présidé Marbi Ben M'hidi dépêché dans la zone historique V, par le groupe des « six » pour communiquer la proclamation de novembre et annoncer la date du déclenchement de la lutte armée. Resté en marge des dissensions que vivait le mouvement à l'époque, le Dahra comptait à la veille de ce 1er novembre plus de 330 militants prêts à passer à l'action. De nombreuses opérations seront retenues et concrétisées (attaque de la brigade de gendarmerie de Cassaigne, incendies des fermes des colons Asseraf et Dejonscon, sabotage des réseaux téléphoniques des PTT et des transformateurs électriques de l'EGA (actuellement Sonelgaz) diffusion de la proclamation du 1er novembre. Les vagues d'arrestations opérées au lendemain de l'insurrection n'allaient pas les épargner lui et ses compagnons déjà fichés par les services de renseignements de l'administration coloniale pour leur intense activisme politique. De lourdes peines seront prononcées contre les insurgés de novembre devant le tribunal de Mostaganem le 24 juillet 1955. Elles iront de la peine capitale, aux travaux forcés à perpétuité et autres peines de prison à terme. Dés sa libération de la prison civile, il renoue avec ses activités militantes mais sur recommandation de l'organisation à partir de Mostaganem, sous une couverture de gestion de l'entreprise de transport de voyageurs (Mostaganem-Sidi Ali-Mazouna) de son beau père Hadj Abdelkader Bouamrane. Son retour à Sidi Ali l'aurait exposé a des surveillances et harcèlements voire sa liquidation par l'armée coloniale. Dénoncé pour ses liaisons (logistiques et renseignements) avec Mohamed Djebli, commandant de l'héroïque bataille de Sidi Zegai, douar Kchakcha (Tazgait) des 13/ 14 et 15 septembre 1956 et confronté à son délateur cagoulé, il sera de nouveau arrêté au niveau du parc bus de la rue de la zaouïa à Mosta et transfère au camp de concentration de Cassaigne. Son père Hadj Bouziane membre du même réseau sera également interpellé le même jour et interné en raison de son âge avancé (65 ans) au camp de Rivoli (actuellement Hassi Mamèche). Dans ce tristement célèbre camp de la mort dit des « carrières » de Cassaigne, il y subira l'innommable, en sus des travaux de peine de la construction de la « cité ». Ni les conditions déplorables d'internement, ni l'isolement, ni l'atrocité des interminables séances de tortures qu'il a endurées (passage à tabac, gégène, bassine d'eau savonneuse, crucifixion, arrachage à vif des onglés et de la dentition ne sont arrivées à bout de ses convictions ou ébranlé et infléchi ses positions. Il refusa toute compromission à même de mettre en péril la vie, de ses camarades de réseau. Les témoignages de ses compagnons de détention les moudjahids Benali Boudida ou Amar Belhamiti en font foi. Frère du chahid Belarbi Aek dit Kaddour dont la cité universitaire de Kharouba porte le nom. Epuisé par les supplices et agonisant il confia à son codétenu le moudjahid Hadj Habib Belarbi (d'Achacha), encore en vie, l'identité du traître ayant mis à mal le réseau et ce juste au moment où l'embarquaient ses tortionnaires pour l'exécuter lâchement au croisement des forêts d'Ain Brahim/petit port un dimanche 5 octobre 1958 alors qu'il était âgé d'a peine 33 ans laissant dernière lui une veuve, quatre orphelins et tous ses biens. Il repose aujourd'hui dans le cimetière des chouahadas d'Ouled Baroudi (Cne de Sidi Lakhdar) aux côtés de 170 de ses compagnons d'armes regroupés dans ce carré des martyrs le 5 juillet 1986 à l'occasion de la commémoration du 25eme anniversaire de l'indépendance. Pour ceux qui l'ont connu, le chahid Si Affif Hadj Ahmed, incarnait la probité, la fidélité, le courage et des qualités de cœur et de partage nées de profondes convictions religieuses et patriotiques.