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BAGHARNOUT ABDELKADER DIT PAPY : Le courage tranquille et le dédain des honneurs
Publié dans Réflexion le 19 - 01 - 2016

En 1985, Papy est mort dans un anonymat indigne à Oran où personne ne le connaissait. Il prévoyait, prémonition fascinante ou lucidité de l'expérience de la vie, que la mort banalise la notoriété et ravale la prétention humaine à un souvenir destiné à s'estomper.
Dans les années 80, souvent on se promenait ensemble dans le centre de Mostaganem. L'homme était massif, un visage large et majestueux surmonté d'un nez rouge légèrement penché, ajoutait à une solennité naturelle, une gravité imposante. Bagharnout Abdelkader a le verbe haut, mal embouché et dérangeant. Il est marié à une femme faite de générosité et d'amabilité, Abassia et a une fille Moulhassan dont la transparence de l'iris et la blondeur en faisait une madone nationaliste. Papy reconnu par tous, comme un des précurseurs de la lutte de libération, Papy comme l'ont surnommé les mostaganémois a beaucoup lu et beaucoup vécu. Né le 27 août 1906 à Perrégaux (actuellement Mohammedia), il a fréquenté l'école communale jusqu'à l'âge de 13 ans. En 1920, il se rend à Oran où il suit les cours professionnels de l'école ‘'Karguentah'' pendant 3 ans. Il obtiendra un diplôme de forgeron, mais cherche vainement un emploi pendant deux ans. En 1925, il est recruté comme homme de peine dans les Chemins de Fer à Perrégaux. En 1926, il s'engage dans la Marine Nationale, il est réformé à cause de sa vue. Il continue à Mostaganem son travail aux Chemins de Fer. Il se marie avec sa cousine Abassia. En 1927, il est appelé sous les drapeaux et affecté au 2ème Régiment de Tirailleurs Algériens à Mascara, il termine son service à Mostaganem en 1929. Il revient aux Chemins de Fer et devient homme d'équipe à Ain Sefra. Six mois plus tard, il est volontaire pour le poste de « reconnaisseur » à Colomb Béchar. En 1931, son père décède et lui laisse un petit héritage, il abandonne son emploi et revient à Perrégaux où il devient entrepreneur de transports. L'entreprise périclite, il renonce à cette activité et en 1932, il décide de s'engager au 28ème Train à Oran. Devant les supplications de sa femme qui craint l'abandon de famille, le Colonel résille le contrat. Il adresse alors à la Direction des Douanes à Alger une demande. Il est accepté comme préposé auxiliaire, interprète à Colomb-Béchar en mai 1934. Il est mobilisé en 1939 et affecté au 66ème Régiment d'Artillerie. Avant la fin de la guerre, il est libéré et rejoint son poste à Colomb-Béchar. Dans cette ville, il fait la connaissance de Ferhat Abbas et Sayah Abdelkader qui étaient en résidence surveillée à Adrar et à Béni Abbés. Ils se fréquentent et discutent longuement de la situation. Après la grâce et le départ de ces deux hommes politiques, Bagharnout crée une section des "Amis du Manifeste". Il en est Secrétaire Général.
Il me racontait ainsi l'épopée :
"Nous prenions le train reliant Perrégaux (Mohammedia) à Bechar. Ce moyen permettait aux camarades de tout l'ouest algérien de se retrouver dans la ville d'Ain Sefra. Cette ville à mi-chemin entre le nord et le sud avait la particularité d'être une gare où les trains du trajet Perrégaux- Bechar, celui qui remonte du sud et celui qui fait le trajet inverse, se croisaient vers minuit. On convenait d'un week-end, le samedi, on quittait nos collègues européens en riant et on les retrouvait le lundi matin en s'efforçant d'être frais et dispos après ce qui était censé être le repos dominical. Entre-temps, on avait pris le train de nuit, débarqué à minuit à Ain Sefra, dirigé sur une discrète maison où le conclave commençait. Tout était revu, l'organisation, le fonctionnement, les erreurs à ne plus faire, les pratiques à encourager, les finances, les emprisonnés, la mobilisation et le recrutement, la création de nouvelles cellules et la mise en veille de certaines. On travaillait d'arrache-pied, en commissions ou ensemble, on mangeait en discutant et on ne dormait point si ce n'est en voyageant pour venir ou pour retourner. Les affaires exposées, commentées, nous décidions des recommandations et des ordres. Il y avait là les responsables de toutes les villes du nord-ouest : Oran bien sûr mais aussi Mostaganem, Mascara, Bel Abbés, Tlemcen, Tiaret, entre autre ainsi que ceux du sud, Béchar, Mécheria, Saïda, Kenadsa, Beni Abbès, Adrar. Les gens du sud étaient plus difficiles à surveiller et pouvaient venir de très loin sans éveiller les soupçons. Le deuxième jour, le dimanche à minuit, tout le monde reprenait le train en sens inverse. Bien sûr, nous allions à la gare par petits groupes où un à un, on s'éparpillait dans les voitures et personne ne connaissait plus personne. Nous luttions pour notre pays."
Ecroué en 1942 à Mostaganem, sa mère décédera sur les escaliers de la prison Bordj el mehal, actuelle prison des femmes. Elle attendait de voir son fils avec son panier de vivres à la main.
Révoqué des Douanes en 1945, Bagharnout est écroué pour "activités subversives" le 16 Février. Il est emprisonné à Oran sous le numéro 8834 pour "atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat". Condamné par le Tribunal d'Oran à 3 ans d'emprisonnement, à 5 ans d'interdiction de séjour et à la confiscation de ses biens. En 1946, il bénéficie de la loi d'amnistie générale et retrouve sa liberté. Il est réintégré dans ses fonctions mais muté par rétorsion à l'autre bout du pays, aux Douanes d'El Oued, dans le sud constantinois. Il reprend son activité au MTLD d'El Oued où il est secrétaire général de sa section.
En 1947, il insiste et obtient d'être affecté à Maghnia, il continue son activité secrète sous les ordres de Benbella. Après un intermède à Nemours (Ghazaouet), il est à Oran. En 1949 il demande et obtient une mutation à Mostaganem. Il s'établit définitivement à la rue 50 de Tigditt avant d'occuper un logement de fonction dans l'enceinte des Douanes à côté du port. Plus que jamais, il continue son activité nationaliste. Après le travail politique au sein du MTLD, il bascule au PPA puis au FLN. Son domicile devient le lieu de rencontre de plusieurs responsables. Un certain Si Mourad fera de son domicile, un point nodal de toute l'activité clandestine. Y passeront alors Hamia (1) , Benkedadra, Aribi et bien d'autres. Il sera de nouveau arrêté le 24 novembre 1956, condamné puis libéré le 3 février 1959.
Il continua inlassablement à réunir, à exhorter, à assister tous ceux qui comme lui aspiraient à la liberté et la dignité. En 1962, refusant les compromissions qui se trament dans le sillage du pouvoir central et local, il se retire. Il se drape dans un silence digne face aux vociférations vaines des convaincus de la 25ème heure. Il reçoit avec hospitalité et sourire tous ceux qui viennent le voir, les écoutent patiemment, dit sa pensée toujours sous forme de boutade, toujours avec des mots qui ignorent le tabou ou l'hypocrisie, mais ne s'engage ni avec les uns ni avec les autres. Il disait : "Le seul combat valable fait, désormais, partie de l'Histoire. L'actualité est faite de chamailleries qui dévoilent surtout les bassesses humaines, les cupidités et les vils calculs, que Dieu nous vienne en aide".
(1) Nom de guerre
de Benyahia Belkacem


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