Y a-t-il une femme au monde qui n'aimerait pas s'exhiber avec les plus belles parures ? Y a-t-il un homme au monde qui n'aimerait pas offrir des merveilles dorées, et surtout en cette Saint Valentin qui vient de conquérir illicitement un pays conservateur, à sa dulcinée ? Mais comment et à quel prix s'offre-t-on une paire de boucles d'oreilles, une bague ou une chainette sur la place de Mostaganem ? Il est clair que le prix de l'or en Algérie, tel le prix de la viande ovine et de l'euro, varie au gré d'une économie sans règles ni normes. Jamais à la baisse. Tout ce qui brille n'est pas l'or, dit un dicton espagnol et à Mostaganem, les joaillers et bijoutiers perdent du terrain face à une concurrence déloyale de « moul la table » où les artifices, les magouilles et les coups bas ne manquent pas. Depuis le centre-ville ou le Matemore, il faudrait bien s'enfoncer au derb, l'un des plus vieux quartiers de Mostaganem, connu pour ses vifs et dynamiques jeunes commerçants en vêtements qui égayent les ruelles pour retrouver une poignée de bijoutiers somnolents guettant quelque craintif et prudent client qui préfère déposer sa confiance en un lieu plutôt qu'en un être. Il sait pertinemment que ce sera sa seule façon de ressortir le tracé de son joyau. Tout en logeant les ruelles avoisinantes, l'on est invité par des « moul tabla » - c'est ainsi que sont dénommés de prétendus bijoutiers - qui au fait ne sont que des marchands ambulants de joaillerie et qui pourraient ne laisser aucune trace. Les petites vitrines en bois et verre posées sur les genoux sont généralement gérées par une seule personne mais plusieurs vitrines sont domiciliées sous un seul et même registre de commerce. Ni impôts à payer pour les uns mais rien à débourser pour le loyer, l'électricité et autres charges pour tous. Le nombre de ces marchands d'or est stupéfiant. Selon notre enquête, les « moul tabla » du seul derb de Mostaganem seraient dix fois plus nombreux que les bijoutiers domiciliés sur tout le territoire de la wilaya de Mostaganem qui compte pas moins de dix dairas et trente deux communes. Effarant ! Chez ceux-là, les bijoux sont généralement traditionnels dont des bracelets de différentes formes, des chaines et des boucles d'oreilles dont les décors sont souvent moindre coût et en or de bas de gamme. Il faut savoir que les bijoux qui passent pour être en or chez les citoyens lambdas sont en fait usinés dans un alliage d'or et de métaux qui assurent la rigidité du bijou étant donné que l'or à l'état naturel est malléable. Et c'est ainsi que la pièce acquise peut être de 24, 22, 21, 18, 14, 12 ou 10 carats. Plus le nombre de carats est élevé pour la présence d'or est conséquente. Si l'or à 24 carats est considéré comme pur à 99,99 %, pour l'or à 18 carats cela signifie que dans l'alliage on trouve 75,01% d'or d'or pur. En Algérie, il est formellement interdit d'écouler de la marchandise de moins de 18 carats. La règlementation stipulant qu'un bijou, qui est une œuvre d'art en somme, doit obligatoirement être pinçonnée par des services compétents. Le poinçon est le dernier des soucis de certains marchands ambulants comme il l'est pour une certaine clientèle. C'est là où se fait ressentir l'absence de l'autorité de l'état sur un bien national. Poinçonné, la bague ou les boucles d'oreille que vous portez devient souvent un patrimoine familial mais aussi un jour ou l'autre un élément de soutien à l'état. L'appât du gain fait que non seulement le poinçonnage au niveau des services compétents fait parfois défaut mais aussi des bijoux importés de l'étranger d'Italie ignorent l'itinéraire menant au poinçonnage. Il existe des produits italiens poinçonnés importés par des commerçants scrupuleux qui veulent garder ce marché juteux mais d'autres dits « importateurs au cabas » cherchent encore plus juteux en écoulant des produits importés frauduleusement. Si le prix du gramme d'or usiné varie entre 4500 et 6000 dinars au jour d'aujourd'hui au cours d'une transaction au magasin, il est moindre à vos risques et périls chez « moul tabla » qui risque de disparaître du jour au lendemain et la facture n'est pas de rigueur. A l'achat, il n'est que de 4000 dinars et même à l'état neuf, il est désigné par le vocable d'or cassé. De gros manufacturiers de la joaillerie pour éviter des descentes des services de contrôle préfèrent léguer une partie de leur marchandise à ces nomades et autres femmes dites « dellalate » dont on ne sait que la couleur du hidjab. La sonnette d'alarme est tirée par la poignée de bijoutiers de la ville de Mostaganem et de toute la wilaya pour la régulation de ce marché sensible où des cas de marchandise à 0 gramme d'or a été coulée en tant qu'or à 18 carats en ces temps où la breloque sophistiquée traitée par des technologies de pointe envahit le marché. Le plaqué or passe pour de l'or de chez le marchand véreux à un amateur niais et confiant et rien ne vaut l'application de la règlementation en la matière en commençant par le tri des commerces et commerçant qui surement donnera des résultats positifs et concrets sur la marchandise et la satisfaction du client.