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20EME TRIPARTITE LE 06 MARS 2017 A ANNABA : Le nouveau dialogue politique, économique et social doit tenir compte de la métamorphose du monde
Publié dans Réflexion le 24 - 02 - 2017

Je tiens d'abord vivement à remercier Monsieur le Premier ministre, Mr Abdelmalek SELLAL, de m'avoir invité en tant qu'expert indépendant à la 20ème Tripartite (gouvernement, syndicats et patronat) qui se tiendra à Annaba le 06 mars 2017. Il s'agira de déboucher, grâce au dialogue social élargi, sur des actions concrètes afin de réhabiliter la bonne gouvernance, l'économie de la connaissance et l'entreprise créatrice de richesses, publiques et privées locales/internationales comme le stipule la nouvelle Constitution, sans distinction, face à un cours des hydrocarbures faible qui risque de durer dans le temps
1.- Oui nous vivons dans un nouveau monde qui verra des transformations plus rapides que ce que nous imaginons. Politiques, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd'hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel. La maîtrise du temps étant le défi principal du siècle, en ce XXIe, engageant la sécurité nationale, toute inadaptation à ces mutations mondiales irréversibles et des politiques basées sur des schémas démodés de l'ère mécanique des années 1970, isolerait encore plus l'Algérie. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ont des implications au niveau de la gouvernance politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie renvoyant au savoir et à l'innovation permanente. Force est de constater En Algérie, certains responsables vivent encore à l'ère des années passées , nous assistons à une déconnectés par rapport aux nouvelles mutations .Désormais soumises aux mêmes lois du marché que n'importe quelle autre activité de production marchande, les NTIC constituent, en outre, un secteur où la concurrence se joue directement à l'échelle mondiale. La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n'a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d'échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l'information, ainsi qu'à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d'activités jadis séparées, voire opposées. Plus qu'une ouverture vers le grand public les TIC révolutionnent l'organisation interne de l'entreprise, les logiciels de gestion appelés les ERP (Entreprise Ressource Planning) gèrent différentes tâches comme les stocks ou la trésorerie, le travail collaboratif est simplifié grâce à l'utilisation de l'intranet et de la messagerie, le système «wireless» ou «sans fil» maintient un lien permanent avec des collaborateurs en déplacement tout comme la vidéo conférence, tout cela génère un meilleur partage ainsi qu'une meilleure circulation de l'information interne. C'est que les nouveaux moyens de télécommunication facilitent l'échange et la diffusion de la connaissance. Ces nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) changent donc profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises, de l'Etat. Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales. Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique...) sur les téléphones portables. Sur le plan macroéconomique, les nouveaux processus mis en place grâce aux TIC ont des conséquences sur l'analyse de la valeur des produits et services, que l'on effectuera davantage sur le cycle de vie, lequel a tendance à se raccourcir et influe sur les gains de productivité et la croissance liée à l'introduction des TIC. Les TIC influencent également la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique. Enfin les TIC ont un impact dans de nombreux autres domaines comme les loisirs, la culture, la santé, la gestion du temps, les comportements en société. Les NTIC permettent de mettre en place depuis quelques années des modèles d'organisation du travail dont les principales caractéristiques sont la décentralisation et flexibilité. Le phénomène de délocalisation de l'emploi tient largement de la recherche des gains de productivité et des possibilités offertes par les NTIC aux entreprises, particulièrement à celles qui sont d'une grande envergure : télé-saisie, télétraitement et télémaintenance informatique sont maintenant une réalité de tous les jours.
2.-Face à ce monde qui a profondément changé, il s'agira pour l'Algérie de changer son mode de pensée et les critères de dialogue social liés au mode de représentativité utilisés aujourd'hui qui sont peu adaptés à la réalité actuelle. Lorsqu'un pouvoir agit bureaucratiquement, sans concertation réelle, sans tenir compte de la réelle composante sociale et de la nouvelle transformation du monde, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner en dehors de l'Etat officiel, qui a force de Droit par des règles informelles du fait que sphère informelle représente plus de 50% de la superficie économique ce qui se traduit alors par un divorce Etat/citoyens. Les deux critères traditionnels, activité du syndicat en termes d'ampleur et d'efficacité d'une part, et influence du syndicat d'autre part, c'est-à-dire sa capacité à mobiliser les salariés, n'ont pas permis de surmonter les difficultés. Aussi, il s'agit de s'adapter aux nouvelles technologies pour initier un nouveau dialogue et de fonder la représentativité syndicale sur le seul critère de l'élection et l'audience électorale doit devenir le critère incontournable de la représentativité. Une meilleure représentativité passe par un choix entre représentation uniforme et représentation multiple. Cette révision des règles de représentativité doit s'accompagner d'une transparence accrue en matière de financement et de certification des comptes des fédérations et confédérations patronales. L'objectif est de renvoyer l'essentiel des décisions sociales à la négociation en modernisant les règles de représentativité et de financement des organisations syndicales et patronales et de faire de la négociation collective le moyen privilégié de la transformation du droit du travail et de la maîtrise des évolutions socio-économiques des entreprises. Le dialogue est la seule voie pour trouver un véritable consensus, ce qui ne signifie nullement unanimisme, signe de décadence de toute société afin d'anticiper tout conflit préjudiciable aux intérêts supérieurs du pays avec des coûts faramineux. Pour une meilleure représentativité, les organisations patronales privées doivent avoir un cadre unifié et inclure d'autres organisations non présentes, parfois plus représentatives.
Pour paraphraser le langage militaire qui différencie tactiques et stratégie, le gouvernement, et c'est sa mission essentielle, est d'agir sur la conjoncture à partir d'une vison stratégique et non de tactiques conjoncturelles.
C'est que l'environnement économique et social algérien a profondément changé, car d'autres forces sociales et économiques sont apparues depuis, devant en tenir compte, faute de quoi cela s'apparenterait à un monologue du pouvoir avec lui-même, sans impact pour la résolution concrète des problèmes économiques et sociaux. Reconnaissons toutefois que le gouvernement ne peut pas inviter toutes les organisations syndicales qui doivent se regrouper pour avoir du poids ainsi que toutes les organisations patronales.
3.- On ne relance pas l'activité économique par décret ou des lois d'investissement sans objectifs stratégiques et une nette volonté politique, (combien de codes d'investissement depuis l'indépendance politique) ou par le volontarisme étatique, vision de la mentalité bureaucratique rentière.
C'est l'entreprise libérée de toutes les contraintes d'environnement (la liberté d'entreprendre avec un rôle stratégique à l'Etat régulateur fort, mais fort de sa moralité), et son fondement, le savoir, au sein d'une économie de plus en plus mondialisée à travers des stratégies de segments de filières internationalisées que l'Algérie peut créer une économie productive à forte valeur ajoutée. L'on ne doit pas, en ce XXIe siècle avoir une vison matérielle, (l'ère strictement mécanique étant dépassée) mais inscrire l'ensemble des segments économiques industrie/agriculture/tourisme, y compris la culture, tenant compte des nouvelles technologies qui révolutionnent tant le management politique qu'économique, au sein de nouvelles filières qui s'internationalisent de plus en plus, étant à l'ère de la mondialisation qui est une réalité concrète et non une utopie. Le tissu industriel algérien, sur lequel le gouvernement souhaite fonder la relance économique est en réalité insignifiant : environ 83% de la superficie économique est constituée de petits commerce/services, la sphère informelle notamment marchande accaparant plus de 50% de la superficie économique et le secteur industriel pèse moins de 5% du produit intérieur brut (PIB). Les entreprises publiques en majorité sont empêtrées dans de graves difficultés financières et managériales. Plus de 95 % des entreprises sont des PMI/PME, à majorité à organisations familiales personnelles ou de petites Sarl selon les données du registre du commerce (plus de 96%), les sociétés par actions étant presque nulles, ne maîtrisant pas le management stratégique, éprouvant d'énormes difficultés à se maintenir en vie, souvent endettés vis-à-vis des banques. Tout en reconnaissant l'émergence récente de véritables entreprenants, mais soumis à d'innombrables contraintes bureaucratiques. Il faudrait plus de deux millions de PMI/PME concurrentielles en termes de couts/qualité dans le cadre des valeurs internationales. Dans ce cadre, force est de constater que les différentes Tripartite depuis plus de deux décennies ont apporté peu d'éclaircissements et de solutions opérationnelles sur la stratégie de développement à moyen et long terme de l'Algérie. Toujours 98% d'exportation directement et indirectement (via la dépense publique) provenant des hydrocarbures dont 3% de dérivées et 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% provient de l'extérieur.
Les entreprises privées contribuent à moins de 1% des exportations totales en devises. La raison principe est l'environnement contraignant du monde des affaires, bureaucratie, système financier, système socio-éducatif et le foncier qui entravent la liberté d'entreprendre. Le développement dans la majorité des pays développés repose sur les PMI-PME, selon les déclarations officielles tant européennes qu'américaines, la règle des 49/51% est l'obstacle majeur pour un partenariat gagnant-gagnant avec les opérateurs locaux des PMI-PME. Cette règle qui peut être appliquée aux segments stratégiques, qu'il s‘agit de définir et faire un bilan objectif de cette règle instaurée depuis 2009, mais généralisée, l'Algérie supporte tous les surcoûts et permet, sous un faux discours nationaliste, en fait pour sauvegarder des intérêts de rente. Aussi, espérons des solutions opérationnelles lors de la prochaine Tripartie, devant privilégier les réformes structurelles dans un cadre d'objectifs stratégiques datés, loin des discours et des luttes pour le partage de la rente qui ne peut que conduire, avec la baisse du cours des hydrocarbures, qui sera de longue durée, au suicide collectif. Aussi, en cas de non réorientation de la politique économique actuelle fondée sur l'économie de la connaissance et l'entreprise, devant démystifier l'entreprise privée nationale et internationale, encouragée même en Chine et la Russie, fondateurs du communisme, les réserves de change après l'épuisement du fonds de régulation des recettes risquent de tendre vers zéro vers 2018/2019. Face à cette situation socio-économique, au -delà de l'Etat, l'ensemble des acteurs de la société doit être mobilisé si l'Algérie veut renouer avec une croissance durable hors hydrocarbures. Mais cela suppose la conjugaison de différents facteurs avec un dénominateur commun, le développement DES LIBERTES: dédioboliser le secteur privé créateur de richesses ainsi que le secteur d'Etat performant, développer le savoir et le gout du risque et introduire des innovations technologiques sans cesse actualisés, le combat contre toute forme de monopole néfaste, une concurrence efficace, un système financier rénové capable d'attirer du capital et une ouverture à l'étranger. Ces réformes passent fondamentalement par une démocratie vivante, une stabilité des règles juridiques et l'équité, les politiques parleront de justice sociale.
4.- C'est que l'Algérie possède d'importantes potentialités de sortie de crise comme je viens de le souligner dans une contribution parue un grand quotidien financier français la Tribune.Fr en date du 19 février 2017. Contrairement aux discours de sinistrose, l'Algérie n'est pas en faillite,(réserves de change au 31/12/2016 de 114 milliards de dollars e une dette extérieure inférieure à 4 milliards de dollars) , tout en reconnaissant qu'elle traverse une situation difficile. Elle peut réussir sa transition économique dans un délai raisonnable, le monde ne nous attendant pas et toute Nation qui n'avance pas recule forcément. Retarder les réformes ne peut que conduire à la désintégration lente, à l'appauvrissement, une perte de confiance en l'avenir puisqu' avec l'épuisement de la rente des hydrocarbures. L'Algérie n'aura plus alors les moyens de préparer ces réformes et vivra sous l'emprise de la peur, voyant partout des menaces où les autres voient des chances. Pour s'inscrire dans la croissance mondiale, l'Algérie doit d'abord mettre en place une véritable économie de la connaissance, faciliter la concurrence, la création par la mise en place de moyens modernes de financement, revoir le code de travail conciliant flexibilité et sécurité, favoriser l'épanouissement de nouveaux secteurs clés, dont le numérique, la santé, la biotechnologie, les industries de l'environnement, les services à la personne avec le vieillissement de la population. Pour mener à bien ces réformes, l'Etat et les collectivités locales doivent être très largement réformés. A ce titre, lors de différents conseil des ministres, il a été recommandé que les membres du gouvernement et l'ensemble des pouvoirs publics doivent utiliser le nouveau système de communication, tenir un langage de vérité et expliquer davantage à la population la gravité de la conjoncture financière que traverse notre pays ainsi que le caractère unique au monde des dépenses publiques d'investissements et des subventions et transferts sociaux. Car c'est grâce à une parfaite compréhension de la situation que le peuple algérien adhérera aux efforts nécessaires pour préserver l'indépendance de décision économique du pays, laquelle est indispensable à la poursuite d'une politique conforme à nos valeurs de justice sociale réelle et de solidarité nationale effective. Pour réaliser ces objectifs nobles, personne n'ayant le monopole du nationalisme, un minimum de consensus social, ne signifiant nullement unanimisme signe de la décadence de toute société, est fondamental surtout en ces moments de grands bouleversements géostratégiques au niveau de la région qui devrait inciter non pas au statut quo mais à plus de réformes structurelles. A ce titre, je me désole avec de nombreux amis, hommes politiques responsables tant dans le pouvoir que dans l'opposition, entrepreneurs privés et publics, intellectuels, de toutes les régions du pays, Est-Centre-Sud Ouest, de voir des querelles étalées en plein jour, sans débats productifs, mais tournant autour de discours malsains avec des attaques personnalisées, qu'on aurait pu éviter tant par le dialogue, outil privilégié de la bonne gouvernance, portant un large préjudice tant à l'économie qu'à l'image de l'Algérie qui a besoin de rassembler et non de diviser autour d'un large Front National tenant compte des différentes sensibilités. En bref, loin des méthodes des années 1970/2000 périmées , le mode de dialogue politique, économique et social entre 2017/2020/2030, doit tenir compte de la métamorphose du monde ,qui est devenu une maison de verre, avec les réseaux sociaux, s'il veut avoir un réel impact. Même au sein d'une famille la mère et le père ne dialogue plus de la même façon avec leurs enfants qui ont d'autres échelles de valeur, quitte à désintégrer la cellule familiale.
(1) Membre du conseils scientifique du Forum mondial du développement du durable, le Professeur Abderrahmane Mebtoul expert international lors de la rencontre de sa 15ème session présentera une contribution à Paris le 13 mars 2017 sur le thème- « Face à la quatrième révolution économique mondiale 2017/2030, quelle transition énergétique pour l'Algérie ». Parallèlement lors de l'importante rencontre sur les assises industrielles qui regroupera opérateurs et experts avec une prévision de 2000 participants , qui se tiendra à la salle des conférences Club des Pins Alger les 28/29 mars 2017, il donner aune conférence sur le thème « Face à la nouvelle révolution technologique mondiale , comment développer le tissu industriel en Algérie à travers la dynamisation des PMI/PME » - voir interview du professeur Abderrahmane Mebtoul « réunion de la tripartie à Annaba -les vertus du dialogue social comme solution à la crise » télévision Chorouk 21/02/2017 -20h30 et débat avec le Pr Abderrahmane Mebtoul sur la situation économique et sociale notamment « les pistes de sortie de la crise et le pourquoi de la valeur du dinar » Télévision Dzair New's- 19h15/20h le 22/02/2017


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