« Nos enfants, à l'exception d'une mince minorité, ne pratiquent guère la lecture-plaisir » lâchera d'emblée le directeur de l'Education. Or, selon PISA ( acronyme pour « Program for International Student Assessment » en anglais, et pour « Programme international pour le suivi des acquis des élèves » en français), l'équation est d'un magique cercle, bien vertueux : ceux qui lisent par plaisir, lisent plus de livres que ceux qui n'ont pas le goût pour des livres. Par conséquent, ceux qui lisent par plaisir escomptent de bons résultats en compréhension de l'écrit d'abord, ce qui souvent les encouragent de lire davantage au point de réussir et leurs cursus et leurs carrières pour les plus téméraires. C'est dans ce contexte qu'a été organisée une intéressante journée d'étude, hier à la Direction de l'Education de la wilaya de Mostaganem, en présence de cadres de la tutelle dont spécialement celle de monsieur Ahmed Tessa, écrivain, pédagogue et ancien normalien. Portant le thème « la lecture/plaisir en classe de langue : Mode d'emploi », l'événement s'est voulu le porte voix de madame Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale dont le leitmotiv est désormais : «La promotion de la lecture/plaisir en milieu scolaire contribue à la renaissance de l'école algérienne.» En effet, selon monsieur Ahmed Tessa, la lecture/plaisir librement adoptée par l'élève en dehors de la classe, est d'un rendement plus que magique. « Le livre est ici abordé dans son contexte extrascolaire: livre de contes, histoires, légendes, poésie chantée ou récitée pour les premières années du primaire. Et pour le collège et le lycée: la poésie, la nouvelle, le roman. Nous sommes loin du texte pédagogique de lecture inscrit au programme et utilisé en classe pour apprendre une notion de grammaire, par exemple ». Dans cette optique, la lecture/plaisir (roman, nouvelle, conte, poésie) diffère de la lecture utile qui, elle, sert à prolonger les apprentissages dans telle ou telle discipline, explique-t-il. Ahmed Tessa ajoute : « Nous avons comme lecture utile - quand ils sont de bonne qualité, voire homologués- les encyclopédies, les livres parascolaires, les livres sur l'histoire... Les deux types de lecture sont complémentaires ». Alors que la lecture/plaisir demeure de loin plus rentable sur le plan du développement de compétences diverses. Car pour l'intervenant, la lecture d'un roman dont le titre ou la couverture accroche l'enfant, le porte à faire travailler son imaginaire, son subconscient, sa sensibilité, ses émotions. Lecture qui le porte à voler, à rêver, à s'évader, à éprouver des sentiments de peur, de joie, d'émerveillement, de la compassion. Autant d'impressions, de sensations et de sentiments qui contribuent au développement de sa personnalité. Dans la foulée, il consolide sa pratique de la langue, enrichit son potentiel lexical, apprend à mieux connaître les nuances de la langue, les subtilités de sa grammaire. En un mot, la lecture/plaisir renforce et approfondit l'apprentissage de la langue qu'il reçoit en classe. Il a fallu ainsi l'avènement de madame Benghabrit, faut il le souligner, pour que la dame de fer lance l'opération en question en 2015 à travers sa consolidation à travers 12 établissements scolaires pilotes : huit écoles primaires, dont deux en zone déshéritée et trois collèges dans la wilaya de Laghouat et un collège à Ait Hichem dans la wilaya de Tizi Ouzou, pour voir aujourd'hui sa généralisation à travers l'ensemble du pays, au grand bonheur des parents d'élèves soucieux d'une meilleure scolarisation de leurs enfants.