Le Tribunal de grande instance de Paris a constaté mardi le désistement magnanime du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans le procès en diffamation, qui était gagné d'avance, contre le journal français Le Monde. Le tribunal constate le désistement magnanime (du président Bouteflika) qui engendre l'extinction de l'action publique et civile, a déclaré la juge à l'issue de l'audience, qui a duré 15 minutes, et après l'annonce des avocats, Chems-eddine Hafiz et Basile Ader, du retrait de la plainte, le qualifiant de "bonne nouvelle". Le dossier était bien ficelé et le procès était gagné d'avance par le plaignant, a-t-on appris de l'un des avocats qui a relevé le geste fort du président de la République en direction de la presse, particulièrement pour le Monde. La plainte a été déposée, rappelle-t-on, par les autorités algériennes au lendemain de la publication, le 5 avril 2016, par Le Monde d'un article intitulé "L'argent caché des chefs d'Etat" dans l'affaire Panama papers, avec la photo du président Bouteflika en Une, alors que dans l'article principal, le nom du chef de l'Etat n'est aucunement évoqué et n'avait aucun lien avec l'affaire en question. Le lendemain, le journal a publié en page 8 un entrefilet de quelques lignes en précisant qu'il s'agissait d'une erreur. Le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, avait adressé une lettre, en date du jeudi 7 avril de la même année, à l'ambassade d'Algérie en France, dans laquelle il avait exprimé ses regrets pour le rapprochement malencontreux avec le président Bouteflika, dont le nom n'est pas mentionné dans les fichiers des Panama Papers. L'avocat du plaignant Basile Adler a qualifié, dans une déclaration à la presse, que le retrait de la plainte est une mesure qui fait montre d'une certaine majesté et d'une certaine magnanimité du président Bouteflika. Il s'est passé beaucoup de temps depuis cette Une du Monde qui a conduit à des poursuites en diffamation, qui sont de notre point de vue justifiées, a-t-il dit expliquant qu'après les excuses et les regrets du journal, le président Bouteflika a considéré que dans ces conditions le procès n'avait plus lieu d'être, alors même qu'il était sans doute gagné et il y a renoncé. L'avocat du Monde, Christophe Bigot, a indiqué pour sa part que le journal est sensible à ce geste du président Bouteflika. Le Monde, par soucis d'exactitude, a exprimé des regrets et des excuses. Ensuite, le président Bouteflika en a tiré les conséquences. "Je pense que ce sont des conséquences qui l'honorent. Cet apaisement est le bienvenu", a souligné l'avocat.