N'ayant pas réussi son «coup» l'année dernière, l'Association des oulémas musulmans algériens renouvelle sa fatwa et passe à l'offensive dans l'espoir de convaincre les Algériens d'abandonner leurs traditions et de ne plus célébrer leurs origines amazighes. En décrétant «harem» Yennayer, consacré fête nationale par la force de la loi, l'Association des oulémas musulmans algériens se met ainsi en porte-à-faux avec les lois de la République. Elle remet en cause carrément l'une des composantes de l'identité nationale, à savoir l'amazighité. Elle porte donc atteinte à la cohésion nationale en jetant ainsi les germes de la division et de la discorde. Cette association s'est déjà illustrée par ses attaques répétées contre la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit, qui cherche à réformer l'école et à l'orienter plutôt vers les sciences techniques pour permettre ainsi à l'Algérie de disposer de suffisamment de ressources qualifiées pour relever les défis du futur. Cette association ne respecte même pas l'autorité du HCI, qui travaille en étroite collaboration avec le ministère de l'Education sur notamment les programmes scolaires et l'enseignement religieux. Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qui a tenté de la recadrer plusieurs fois, ne veut plus commenter ses «dérives», préférant ainsi répondre autrement en inaugurant lui-même, à Bouira, les festivités de la célébration de Yennayer. Une fête qu'il considère comme totalement en phase avec l'Islam des lumières, qu'il oppose à celui des obscurantistes qui ont tendance à interdire tout, y compris la joie et le sourire. L'Association des oulémas, qui bénéficie de l'aide de l'Etat, doit-elle continuer à exister puisque son discours remet en cause les fondements de l'identité nationale ?