Nombre de sites d'importance archéologique se trouvent menacés par l'expansion urbaine à travers la wilaya de Tiaret, devenue ces dernières années un vaste chantier. Faute d'études préalables, des projets de développement ont été interrompus dès l'entame des travaux de terrassement suite à des "télescopages" avec des sites contenant des vestiges historiques déterrés à coups de pelles mécaniques, a affirmé un spécialiste en archéologie qui souligne que ces dernières années aura connu le plus grand nombre de ces découvertes fortuites faites notamment dans les communes Frenda, Kermes, Ain-Lahdid et même dans la ville de Tiaret. Toutes ces découvertes datent de l'époque romaine, a relevé le même cadre qui fait part, entre autres vestiges exhumés, des lanternes, de pièces de monnaie du IIe et IIIe siècles, de colonnes, de meules et de galeries souterraines en pierre. Selon la même source, la direction dispose de cartes des sites archéologiques visibles ou enfouis, basées sur l'Atlas archéologique élaboré au début du XXe siècle, dont la consultation aurait évité l'implantation de projets sur des sites historiques. Selon le même cadre, les communes de la wilaya ont également la possibilité de consulter le Plan du Patrimoine et de l'Urbanisme élaboré, durant les années 1990 du siècle dernier, par la wilaya de Tiaret en étroite concertation avec des spécialistes en archéologie. Ce plan qui n'a pas été modifié, est toujours valable et est susceptible d'orienter les responsables municipaux dans l'implantation des projets de développement sur les territoires de leurs communes respectives, a soutenu le même spécialiste, la wilaya de Tiaret qui compte 640 sites historiques dont seulement 07 classés patrimoine national et un seul (Jumenterie) classé patrimoine universel, a besoin de nombreux archéologues pour conduire les missions de protection et de valorisation de ce patrimoine. Le service du patrimoine de la direction de la culture fait face également au manque de techniciens en archéologie afin de répertorier les sites historiques, inspecter et explorer les nouvelles découvertes, veiller sur les sites déjà identifiés et évaluer la gravité des menaces pesant sur chaque site. Le même cadre a souligné à cet effet l'importance de l'opération d'élaboration des plans de protection des sites de Tagdempt, les Djeddars et même la « grotte d'ibn Khaldoun » pour lesquels le ministère de la Culture a consacré 340 millions DA. La protection du village de Tagdempt est également importante de même que l'opération visant à répertorier le patrimoine culturel matériel et immatériel de la wilaya. Alors que l'opération de recensement des biens culturels confiée à l'Office de gestion et exploitation des biens culturels protégés est entrée dans la phase de collecte des données, celle de protection des villages berbères n'a pas encore démarré faute de figurer sur la liste du patrimoine national, a affirmé notre source. Enregistré depuis 2006, le projet de protection et clôture des sites archéologiques accuse du retard dans sa mise en oeuvre en raison de l'absence de bureaux d'études spécialisés. Les responsables du secteur ont salué en outre l'engagement de nombre d'institutions à la protection du patrimoine historique dont la Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale qui jouent désormais un rôle notable dans la lutte contre les fouilles clandestines. La commission de wilaya de classification des sites archéologiques est appelée également à reprendre son activité prochainement, ont indiqué les cadres du secteur qui regrettent l'absence d'un mouvement associatif suffisamment conscient de l'importance de la chose archéologique et agissant dans le sens de sa protection et valorisation.Un pan entier de notre histoire se voit détruire par l'incurie et l'incompétence des hommes chargé de sauvegardé une mémoire collectif au détriment d'un développement anarchique.