Les études scientifiques sur le SARS-CoV-2, le virus de la maladie Covid-19, se multiplient. France 24 vous éclaire sur les dernières avancées sur le sujet. .. Chaque jour livre son lot d'informations sur le Covid-19. Entre les personnes à risques, les moyens de contamination et les traitements recommandés, il n'est pas toujours évident d'être à jour sur ce sujet qui évolue jour après jour. France 24 fait le point à partir des dernières études publiées dans les revues scientifiques. Depuis que Donald Trump en a fait l'éloge début avril, l'hydroxychloroquine est particulièrement prisé dans les pharmacies. L'autorité sanitaire américaine en a autorisé l'usage comme traitement d'urgence pour les patients atteints du Covid-19, comme d'autres pays tels que la France. Mais cette semaine, deux nouvelles études publiées par la revue scientifique britannique BMJ mettent en doute l'efficacité de l'antipaludéen comme traitement contre le Covid-19. La première étude, chinoise, révèle que ce fameux médicament n'a pas permis d'amélioration significative sur les 150 cas d'étude – des patients avec des symptômes légers à modérés de l'infection pulmonaire provoquée par le nouveau coronavirus. En revanche, des effets secondaires indésirables ont été signalés pour une partie des patients. La seconde recherche, française cette fois-ci, montre que l'hydroxychloroquine n'a pas réduit les admissions en réanimation ou les décès de patients atteints du Covid-19. "Rien ne permet aujourd'hui d'affirmer que l'hydroxychloroquine améliore la condition des patients hospitalisés à des stades sévères", a estimé l'un des auteurs, le professeur Matthieu Mahévas de l'hôpital Henri Mondor (à Créteil, près de Paris), interviewé vendredi 15 mai par France 24. La salive, vecteur de transmission On sait que la toux et et les éternuements peuvent être des sources de transmission du SARS-CoV-2, le virus de la maladie Covid-19, à cause de la projection des postillons. Mais une expérience publiée, mercredi 13 mai, dans la revue PNAS met en lumière un autre élément inquiétant : les microgouttelettes de salive peuvent rester en suspens dans l'air huit minutes, voire dix dans un espace clos. Des données qui permettent de classer les échanges parlés [avec leurs éventuels postillons] parmi les potentiels vecteurs du virus. Si une personne est atteinte du Covid-19, elle peut expulser, lorsqu'elle prend la parole, l'équivalent de plus de 1 000 gouttelettes contaminées par minute, qui peuvent rester en suspension dans l'air jusqu'à dix minutes. Plus les microgouttelettes sont petites, plus elles restent longtemps en suspension dans l'air, tandis que les plus lourdes, par l'effet de la gravité, vont retomber plus vite au sol. Cette étude peut aider à justifier scientifiquement le port du masque, désormais recommandé dans de nombreux pays et à expliquer la contagiosité du virus.L'institut Pasteur a revu ses projections à la baisse : dans une étude publiée mercredi 13 mai dans la revue Science, 2,8 millions de Françaises et de Français auraient été contaminés par le coronavirus, à la date du 11 mai. Une donnée moyenne qui laisse une marge d'erreur assez large (entre 2,8 % et 7,2 %), mais qui reste inférieure à sa précédente estimation. En avril, il prévoyait que 5,7 % des Français seraient contaminés. Selon leur étude, basée sur des données d'hospitalisation, 9,9 % (marge de 6,6 % à 15,7 %) des habitants d'Île-de-France auraient été contaminés au 11 mai et 9,1 % (marge 6 % à 14,6 %) dans le Grand Est. Au total, ces deux régions englobent 58 % des infections, selon les scientifiques. L'Institut Pasteur en tire deux conclusions : la France est loin de l'immunité collective. Il faudrait pour cela que "65 % de la population soit immunisée", selon les chercheurs. Pour eux, les mesures de confinement sur la transmission du virus SARS-CoV-2 ont eu "un impact énorme" pour endiguer la propagation du virus au sein de la population française. Concernant ces chiffres, il faut rappeler que la France n'a pas été en capacité de réaliser des tests à grande échelle, et donc que de nombreuses personnes ont pu être infectées sans être comptabilisées, voire sans montrer de symptômes importants de la maladie. L'âge, principal facteur de risques Une vaste étude épidémiologique britannique a permis d'évaluer les facteurs de risques de contamination auprès de la population britannique. Le collectif de chercheurs de l'université d'Oxford et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui ont passé au crible les données de 17,4 millions de Britanniques (dont 5 683 décès attribués au Covid-19), a constaté que l'âge arrive bien devant d'autres paramètres comme l'obésité, le diabète mal contrôlé ou le cancer. Avec un risque croissant à mesure que l'âge de l'individu dépasse les 60 ans : les sexagénaires ont deux fois plus de risque de mourir du Covid-19 à l'hôpital que les 50-60 ans. Le risque est multiplié par 5 quand on dépasse les 70 ans, et par 12 au-delà de 80 ans. Et si on mesure l'écart entre les plus jeunes (18-40 ans) et les plus de 80 ans, le risque est même multiplié par 180. Les autres facteurs de risques affichent des proportions moins importantes : les personnes qui ont reçu une greffe d'organe (risque multiplié par 4,27), les cancers du sang diagnostiqués dans l'année précédente (3,52) ou depuis moins de cinq années (3,12), les maladies neurologiques (2,46), un diabète mal contrôlé (2,36), une obésité morbide – indice de masse corporelle d'au moins 40 kg/m2 (2,27). Les agents d'entretien, les ouvriers en bâtiment ou encore les conducteurs de taxis courent beaucoup plus de risques de mourir du coronavirus que leurs concitoyens. C'est la conclusion d'une étude britannique du Bureau britannique des statistiques (ONS), publiée le 11 mai. Elle porte sur 2 494 décès de personnes âgées de 20 à 64 ans enregistrés jusqu'au 20 avril en Angleterre et au Pays de Galles. "Les hommes travaillant comme agent de sécurité présentent l'un des taux de mortalité les plus élevés" (45,7 %), selon l'étude. Les chauffeurs de taxi ou de bus, les cuisiniers et vendeurs figurent parmi les autres professions à risque chez les hommes. Les personnes travaillant dans le secteur social, notamment les maisons de retraite, affichent également "un taux de mortalité significativement plus élevé", a souligné l'ONS. Ce n'est en revanche pas le cas pour les soignants, dont les médecins et les infirmières. La chaleur estivale n'aura pas d'impact sur le Covid-19 Depuis le début de la pandémie de Covid-19, de nombreux experts évoquent la possibilité que le virus disparaisse avec les beaux jours et la hausse des températures. Mais force est de constater que des pays au climat chaud et humide recensent aussi des cas. Des chercheurs de l'université de Toronto, qui ont travaillé sur près de 150 zones géographiques ayant enregistré au moins dix cas de Covid-19, ont pu établir que la hausse des températures cet été n'aura pas d'incidence sur la circulation du virus. Tout en tenant compte des mesures de confinement, les chercheurs ont ainsi pu analyser la croissance de l'épidémie, l'influence de la latitude, de l'humidité et de la température. Leur conclusion : les zones chaudes n'ont pas présenté d'avantages significatifs par rapport aux régions plus froides. "Il est important que les gens le sachent", note l'épidémiologiste Dionne Gesink, coauteur de l'étude. En revanche, les chercheurs ont pu constater que les actions de santé publique ont eu un véritable impact pour enrayer l'épidémie. Ils citent en exemple les mesures de distanciation physique et la fermeture des écoles. Une mutation d'origine naturelle C'est une étude qui va une nouvelle fois à l'encontre de la théorie contestée du Professeur Montagnier selon laquelle le Covid-19 a été fabriqué dans un laboratoire à Wuhan, en Chine. Publiée le 10 mai dans la revue Current Biology, elle révèle que le nouveau coronavirus proviendrait bel et bien des chauves-souris. Les auteurs indiquent avoir identifié chez les chauves-souris un coronavirus, RmYN02, qui pourrait bien être le plus proche cousin du Covid-19 (SARS-CoV-2). Il ne s'agit pas de son précurseur immédiat, mais cela permet de mieux visualiser des mutations chez les coronavirus. Les résultats du séquençage montrent que des parties entières du génome de RmYN02 sont apparentées à SARS-CoV-2 jusqu'à 97,2 % d'ARN partagé. Dans ce virus, les auteurs ont aussi retrouvé l'insertion d'acides aminés, ce "qui pourrait être l'indication d'une manipulation humaine", selon Weifeng Shi, professeur à l'Institut de biologie des agents pathogènes de Shandog First Medical University selon EurekAlert. "Mais nos travaux montrent très clairement que ce type d'insertion peut se produire naturellement chez les animaux sauvages", poursuit-il. "Cela fournit des preuves solides que le SARS-CoV-2 n'est pas une évasion de laboratoire".