Dans le flou et la confusion, les Oranais ont célébré la fête de l'Aïd El Adha, dans une atmosphère très particulière. Tiraillés entre les effets du coronavirus, qui a fait des ravages, et qui continuent d'inscrire des records de cas de contamination et de décès, et une situation de précarité et de stress financier qui se prolonge inlassablement, laissant des milliers de familles dans l'expectative de jours meilleurs. Une fête emblématique pour les musulmans, prise au piège du coronavirus. Les mosquées fermées et les fidèles ont prié chez eux. Beaucoup même ont renoncé à sacrifier le mouton. Nombreuses aussi sont les familles plongées dans la douleur de la perte d'un parent, d'un enfant ou d'un proche. Un deuil d'autant plus difficile à surmonter en ces moments de fête. La pandémie de Covid-19 a énormément perturbé cette journée-clé du calendrier musulman, comme ce fut le cas pour l'Aïd El Fitr. En recommandant fortement l'interdiction du sacrifice, les médecins avancent comme, entre autres, raisons les rassemblements qui se font autour du mouton. «Ces rassemblements sont une source de propagation du virus, ce qui ne fera qu'empirer la situation épidémiologique dans notre pays. Il existe un risque non négligeable du non-respect des gestes barrières et le port du masque par certains citoyens», affirment les médecins, qui souhaitent en toute responsabilité, disent-ils, éviter une nouvelle flambée, qui compliquerait singulièrement la riposte et annihilerait tous les efforts d'endiguement entrepris jusque-là, du fait que les abattages des moutons ont été organisées dans des espaces verts des différentes cités de la ville d'Oran sans aucune mesure de distanciation ni encore moins le port de masque de protection. En réalité surseoir à la célébration de cette fête sera un geste de respect à la mémoire des victimes de la Covid-19 et de solidarité avec les personnels soignants, qui ont droit au repos, car épuisés par les gardes médicales, la séparation avec leurs familles et l'angoisse de la contamination. Il est indéniable toutefois, que certains citoyens, y tiennent mordicus, et ne semblent pas inquiets. Pour eux, il n'est pas question de changer les habitudes, combien même il s'agit cette fois de risque de santé « cela fait des semaines, que j'ai acheté le mouton de l'Aïd, et je ne vois pas pourquoi je vais renoncer au sacrifice. Il suffit d'être vigilant et de respecter les gestes et les mesures de prévention » nous dit-on d'un ton sûr. Il n'en demeure pas moins que le petit nombre de récalcitrants, qui ont complètement bafoué ces consignes, représentent l'origine de la recrudescence, et le danger qui guettent les citoyens durant cette fête. Il reste à espérer cependant que devant les chiffres alarmants de cas de contaminations, que ceux qui n'ont pas eu la conscience d'y croire, de prendre au moins la responsabilité de ne pas mettre la vie des autres en danger. Que cette fête du pardon et du partage, porteuse de tolérance et de sérénité et de paix, continue à raffermir les cœurs.