Le Ramadhan à peine entamé, voilà qu'on doit faire face encore aux dépenses cumulées de l'Aïd et de la rentrée scolaire. La majorité des ménages sont désorientés et se demandent à quelle fête, ils vont être sacrifiés ! Pieds dans l'eau tandis que la tête est ailleurs, le pauvre citoyen, qui observe ces jours-ci, le mois sacré dans un contexte marqué par la hausse des prix de tous les produits, est obnubilé par les dépenses faramineuses qui l'attendent dans l'avenir le plus proche, l'Aïd El Fitr et la rentrée scolaire. Ce sont là deux rendez-vous implorants et importants à ne pas négliger. La rentrée sociale est à quelques encablures. Lourde sera donc la facture à régler aux derniers rubis et sans appel. Alors que la cherté de la vie, un lourd fardeau qui hantise les esprits de plusieurs familles en détresse, bat son plein, le chômage est asphyxiant tandis que la misère sociale est galopante. Les familles dans le besoin se voient dans l'obligation de concilier entre le panier du ramadhan, les frais de l'Aïd et la rentrée scolaire. Pour subvenir un tant soit peu à ce lourd fardeau de dépenses, plusieurs jeunes garçons et filles ont versé occasionnellement dans l'informel. Dans des rues entières de la ville de Mostaganem, les vendeurs à la sauvette ont squatté les trottoirs. Omar, étudiant universitaire, s'est transformé en vendeur occasionnel d'ustensiles de cuisine. Il veut gagner un peu d'argent pour subvenir à ses besoins et permettre à ses deux petits frères de s'offrir les vêtements de l'Aïd. Dans un quartier populaire de la ville, Aïssa, un fonctionnaire en congé, s'est reconverti, pour la circonstance, en vendeur de « zalabia et kal elouz ». Il se dit fier de travailler particulièrement durant ce mois de ramadhan où il s'associe avec ses deux frères pour exercer un métier propre à la famille depuis des décennies. Slimane, 13 ans, expose les figues de barbarie au bord de la RN11, à proximité du douar Chaïbia d'où il est issu. Lui, aussi, dit travailler pour payer les vêtements de l'Aïd et les fournitures scolaires. Il nous avoue : « la retraite de mon père ne suffit pas à couvrir les charges d'une famille de sept personnes». Plus loin à l'Est, à Sidi Lakhdar, Malika, une orpheline de 14 ans, propose du pain traditionnel « khoubz el dar » tout juste sorti du four à 20 DA l'unité. Enfoui au fond d'un couffin en osier et bien couvert par un large torchon, le pain est préparé par la mère de l'adolescente. «Cela me permet d'aider ma famille à arrondir les fin du mois et d'acheter mes fournitures scolaires ». Le phénomène n'est pas propre à une région particulière mais il est présent à travers tout le territoire national. C'est le quotidien difficile d'une bonne partie de la population algérienne.