Bien que le mois sacré suscite un intérêt très particulier chez les Algériens, il n'en demeure pas moins que ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer vu la proportion des dépenses qui interviennent en cette période. Les familles pauvres se voient dans l'obligation de concilier entre le panier du Ramadhan, les frais de l'Aïd et la rentrée scolaire. Alors pour équilibrer un tant soit peut le budget, plusieurs jeunes garçons ont versé occasionnellement dans l'informel. A la rue de la Lyre, les vendeurs à la sauvette ont squatté tous les trottoirs. Il est à peine 11h30 et déjà une longue file de consommateurs s'est formée chez un vendeur de pain traditionnel. Agé de 15 ans, Fateh propose du pain tout juste sorti du four à 25 DA l'unité. Enfoui dans un large torchant à l'intérieur d'un couffin en osier le produit est fabriqué par la mère de l'adolescent. «Cela me permet d'aider ma famille à arrondir les fins du mois», dira-t-il. Et de continuer : «Une partie de la recette servira à acheter mes articles scolaires». Très enthousiaste, Fateh se dit fier de travailler particulièrement durant le Ramadhan où il s'associe avec ses voisins du quartier pour «bricoler». Même cas de figure pour Omar, 11 ans. Celui-ci s'installe tous les matins à l'intérieur du marché où il étale coriandre, persil, poids chiches et céleri. Lui aussi dit travailler pour payer ses fournitures scolaires. «La retraite de mon père ne suffit pas à combler les besoins d'une famille de 6 personnes », précise-t-il. « Heureusement que le Ramadhan coïncide avec les grandes vacances», se réjouit-il. Et de poursuivre : «Ce qui m'a permis de mettre à profit mes heures de repos et de venir en aide à ma famille». Samir s'est transformé en vendeur occasionnel de petits ustensiles de cuisine. Cet étudiant universitaire veut arrondir les fins de mois de sa famille pour permettre à ses deux jeunes sœurs de s'offrir des vêtements pour l'Aïd. Comme ces vendeurs, beaucoup de jeunes gens investissent les artères commerciales pour côtoyer les commerces dans le seul souci d'assurer un «extra» à leurs familles. Et même que le fait que ces vendeurs soient illégaux, cela n'a pas empêché la propagation de ce genre de pratiques à travers tout le territoire national.