• Nous avons dépensé ma femme et moi la moitié de nos salaires dans la nourriture et maintenant nous sommes obligés d'acheter les habits de l'Aïd. Alors que beaucoup de familles se préparent à célébrer ce week-end la «Nafka» le quinzième jour du Ramadhan avec les bons plats traditionnels et les réunions familiales, d'autres au contraire réfléchissent déjà à ce que va être l'après Ramadhan. Un autre casse-tête et surtout une nouvelle charge pour puiser le reste des économies. En effet, cet été est assez particulier et coûteux pour les ménagères car après l'argent dépensé pour les vacances, puis le Ramadhan, il faut maintenant penser à acheter les fringues aux gosses à l'occasion de la fête de l'Aïd ensuite les parents doivent laisser les dernières cartouches pour la rentrée scolaire. Autant dire qu'à la fin du mois de septembre, de nombreuses familles seront sans le sou. Pas facile de s'organiser et de s'y retrouver avec en plus la cherté des produits, qu'il s'agisse des produits alimentaires ou des vêtements pour enfants. Dans les rues de Constantine, les boutiques de prêt-à-porter commencent tout doucement à sortir de l'ombre, ayant baissé rideaux ou pris un congé durant les premiers jours du Ramadhan, ils ont fait leur réapparition prêts à accueillir les premiers clients. C'est particulièrement après le F'tour que les rues s'animent le plus, beaucoup de femmes et d'enfants sillonnant les façades tout en lumière et garnies de nouveaux habits. A une quinzaine de jours de l'Aïd, on s'empresse dès maintenant à faire les achats pour les petits. Au boulevard Belouizdad par exemple, les quelques boutiques spécialisées dans la lingerie pour enfants connaissent une affluence de plus en plus importante, nous confirme un gérant d'un magasin de prêt-à-porter. «Après des premiers jours où les rues étaient assez calmes le soir, ça grouille de monde depuis près d'une semaine. Ce sont les femmes qui viennent surtout. Je crois que la plupart font des achats parce qu'elles veulent sortir un peu et respirer. Certaines font des emplettes pour leurs enfants mais on est loin encore du rush des derniers jours du Ramadhan. Et c'est généralement à partir de la deuxième quinzaine que le vrai bizness commence». Et preuve que l'ambiance de l'Aïd n'est pas loin, des vendeurs à la sauvette qui marchandent des jouets et des vêtements (de qualité douteuse) ont fait leur apparition dans les grands boulevards du centre ville. Il faut aussi s'attendre aussi à ce que les vendeurs ambulants de fournitures scolaires font leur entrée en scène, et rappelleront aux gens que la rentrée des classes est pour le 13 septembre soit deux ou trois jours seulement après l'Aïd. Une coïncidence qui ne fait pas tant d'heureux parmi les parents qui se soucient tout d'abord de leur budget. Car les prix des vêtements pour enfants sont encore une fois exagérés et donnent le vertige. Un père de famille que nous avons rencontré nous dira : «Décidément tout est cher cette année, il faut vraiment faire attention à ne pas dépenser tout son argent avant l'Aïd. Nous avons dépensé ma femme et moi la moitié de nos salaires dans la nourriture et maintenant nous sommes obligés d'acheter les habits de l'Aïd à nos deux enfants et nous avons pour cela fait le tour des magasin, il y a de quoi s'inquiéter car rien n'est abordable. Des pantalons à 1 500 DA et des chemises à 1 200 DA pour mon garçon, alors que pour ma fille, sa mère lui a trouvé des ensembles qui dépassent les 4 000 DA. Heureusement que j'ai seulement le garçon en âge d'aller à l'école». Les parents, en plus des dépenses du ramadan, doivent faire des acrobaties et des sacrifices pour pouvoir subvenir aux besoins de leur enfants.