L'Algérie n'a pas fini d'enterrer les 22 victimes de l'attentat de Batna qu'elle s'est réveillée hier au rythme d'une autre attaque visant, elle, la caserne des gardes-côtes près du port de Dellys, dans la wilaya de Boumerdès. Le bilan est lourd. Très lourd et risque de s'aggraver encore. Le kamikaze a défoncé la porte arrière de la caserne pour aller s'exploser contre les chalets en préfabriqué. Le passager de la fourgonnette bourrée d'explosifs n'était pas celui qui se présentait habituellement pour l'approvisionnement. Celui-ci, selon les premières informations, aurait été enlevé peu avant l'attentat, l'auteur de l'attentat ayant pris les commandes du véhicule pour perpétrer le crime. 28 morts (dont la plupart sont des gardes-côtes) et plus de 70 blessés. Tel est le premier bilan enregistré après l'attentat. Immédiatement après, le petit port de Dellys a été fermé et un cordon de sécurité installé, les forces de sécurité ayant pris position. Cet attentat intervient deux jours après celui de Batna qui devait viser le président de la République lors du passage du cortège présidentiel. C'est la deuxième fois en moins de deux ans que les gardes-côtes de Dellys sont visés. Le 22 décembre 2005, deux bombes avaient explosé simultanément (à 21h00) faisant un mort et 13 blessés. Le chef du gouvernement a immédiatement réagi à l'attentat suicide d'hier. « Ceux qui ont commis ces attentats [Batna et Dellys] n'ont pas réussi depuis 17 ans et ne réussiront jamais dans leur besogne désespérée de frapper la stabilité du pays », a déclaré en substance Abdelaziz Belkhadem. Lequel a également qualifié l'attentat d'hier de « tentative de parasiter la politique de réconciliation nationale ». Et le patron de l'Exécutif d'ajouter : « A travers ces attentats, c'est le peuple rassemblé autour de son président qui est visé. » Le chef du gouvernement a souligné que le terrorisme est en déclin. Pour sa part, la Centrale syndicale, qui a condamné les deux attentats, a appelé en signe d'indignation et de contre-attaque à l'organisation de marches et de meetings sur l'ensemble du territoire national. D'ailleurs l'UGTA abrite ce matin à la maison du peuple Abdelhak Benhamouda un meeting de dénonciation et de condamnation des deux attentats, en solidarité avec les familles des victimes. Sur le plan international, les réactions ne se sont pas fait attendre. Dans un communiqué rendu public quelques heures après l'horreur, le ministère français des Affaires étrangères « condamne le nouvel attentat qui s'est produit dans la ville de Dellys, adresse ses plus sincères condoléances aux familles des victimes et à leurs proches ainsi qu'aux autorités et au peuple algérien, endeuillés par cette nouvelle manifestation de terrorisme ». Le Caire a, pour sa part, condamné l'attentat d'hier par la voix du porte-parole de son chef de la diplomatie, non sans préciser qu'il était convaincu que les politiques judicieuses prônées par les dirigeants algériens viendront à bout de ce fléau.