La direction de wilaya des PME et de l'artisanat, installée en 2005, obéit, selon ses responsables, à la stratégie gouvernementale de redynamiser le secteur des PME, par le contrôle des entreprises locales, en les aidant financièrement, ainsi que la création d'autres en zones rurales dans le but de redynamiser la production artisanale. Tel a été le message officiel destiné aux métiers de l'artisanat. Si Sétif s'impose comme un pôle industriel et commercial régional en pleine expansion, avec la multiplication des entreprises de production dans différents secteurs, l'action de la direction des PME et de l'artisanat a pour mission non seulement de redynamiser ce secteur dans les domaines de l'artisanat, des services et de la fabrication mais surtout de mettre en place une stratégie de développement rural financée par le Fonds national d'aide à l'artisanat. Les responsables relèvent que cette initiative au profit des zones rurales, dont les communes les plus démunies n'ont jamais bénéficié de plan de développement, dans le sud et le nord de la wilaya, a enregistré une première action officielle en direction de 50 bénéficiaires. Cependant, vu la précarité des populations du Sud et de la petite Kabylie, au nord, un projet de création de 100 PME par ce fonds a été annoncé au départ. Les responsables locaux notent qu'il a pour but de « redynamiser les métiers en déperdition en encourageant la création artistique ». Dans ce domaine, le cas du tapis de Guergour, patrimoine national reconnu mondialement, a été cité comme exemple de promotion de l'acquis artisanal ancestral. En ce moment, la pratique artisanale est confinée dans des régions rurales « inaccessibles » à l'intervention des institutions de l'Etat. C'est ainsi que, à l'instar de l'expression artistique et culturelle cernée dans un contexte événementiel, qui n'apparaît qu'à l'occasion des évènements folkloriques, l'artisanat est soumis à la même règle, en résistant aux aléas de la déperdition grâce à la volonté humaine générée par l'« hérédité » et la fidélité. Dans les régions nord et montagneuses de Sétif, composées des populations berbérophones, ou encore au Sud, constitué par le relief du Hodna, qui établit des liens historiques avec les racines ancestrales berbérophones relevant des Chaouis, la préservation des legs demeure apparente. A l'occasion de la dernière semaine culturelle de Sétif à Alger, le burnous et le tapis de Boutaleb ont été à l'honneur, mettant en valeur quelques pratiques artisanales confinées dans des cercles familiaux, en dehors de toute intervention institutionnelle officielle. Dans cette exposition, une exposante témoigne de la volonté humaine et son attache aux valeurs du patrimoine familial hérité d'un passé très lointain. « Toutes mes filles ont acquis sous ma direction la technique de fabrication de tapis et de burnous », dit-elle, ce qui dénote le rattachement aux valeurs ancestrales qui déterminent l'identité d'un groupe social. A Sétif même, le centre urbain a gardé les traces du savoir-faire artisanal grâce à la présence des confectionneurs de la ceinture de la mariée, une pratique aussi vieille que les rites ancestraux, transposée dans la ville, qui orne les boutiques spécialisées féminines où la dotation de la future mariée occupe une place prépondérante. Le tableau donne à voir l'image d'artisans affairés, assis à même le sol autour d'une table de travail, faisant face aux commerces gérés par les spécialistes de l'habillement traditionnel féminin issus de la région de Ghardaïa, le M'zab. Du reste, dans le domaine de la préservation de la pratique artisanale à Sétif, le constat immuable témoigne de la fidélité individuelle aux valeurs identitaires, culturelles, où l'intervention des autorités locales n'est guère présente, en dépit des discours politiques pour le développement et la promotion des acquis culturels et artisanaux.