Avant la conquête musulmane, quelle langue parlaient nos glorieux ancêtres des plaines et des villes, lorsque la langue amazigh n'était pas celle qu'ils pratiquaient couramment ? Petite remarque importante : cette (autre) langue est encore parlée à ce jour… Oui, vous et moi parlons toujours la langue de nos lointains ancêtres pré-musulmans, en plus de la langue amazigh dans les régions dites ‘berbérophones'. Mais alors, quelle est cette (mystérieuse !) langue ancienne que nous parlons dans nos villes, hautes (et basses) plaines, en Algérie, comme en Tunisie ou en Lybie, me demanderiez-vous ? Il ne faut pas chercher loin. Bien entendu, il s'agit du ‘derdja'. Pourtant, nous avons toujours su que le ‘derdja' dérivait seulement de la langue arabe, dont il n'est qu'une déformation locale avec des apports de mots inconnus en arabe classique, certainement empruntés à l'amazigh, ou alors aux langues des nombreux conquérants de l'Afrique du Nord (latin, turc, français,…). D'ailleurs, pour renforcer ce sentiment, nous appelons cette langue ‘arabe parlé' ou ‘arabe populaire'. Erreur ! Un professeur d'économétrie ayant fait ses études secondaires au Lycée Mohamed Kerouani (bachelier en 1962), Abdelkrim Rachid Benbahmed, vient de démontrer par les textes, les exemples détonants, et même les ‘h'rouz' de nos mères, autant de preuves historiques irréfutables, que le ‘derdja', fortement apparenté à l'arabe dont il est un cousin proche, enrichi certainement par l'apport de la langue du Coran et de la civilisation musulmane, le ‘derdja' donc n'est qu'une survivance encore (tellement !) vivace de la langue… PUNIQUE ! Cela fait près de 33 siècles que l'Afrique du Nord parle cette langue ; elle aurait ainsi résisté à toutes les conquêtes pour parvenir jusqu'à nous. Et même l'écriture punique n'a pas disparu et subsiste encore non seulement dans les h'rouz de nos taleb (osez ouvrir un harz, vous allez voir !), mais aussi (en tout cas, jusqu'en 1854, date de deux correspondances découvertes par notre chercheur amateur féru d'Histoire) dans les échanges commerciaux, et appelée ‘écriture des lettres' (katbat lebraouet). Etonnant ! Depuis leur premier établissement à ‘Haï Bouna' (littéralement ‘Centre Punique', devenu Hippone, puis Bône, et enfin Bled el Annab et Annaba), en passant par Qirta (Cirta, puis Constantine), Qirta Haditha (‘la ville nouvelle', traduit improprement par ‘Qart Haddasht', ayant donné Carthage), les premiers navigateurs phénico-puniques venus de Tyr, se sont installés en Afrique du Nord et l'ont fortement imprégnée de leur culture, leur langue, leur alphabet, leurs croyances, … pour assimiler ensuite toutes les cultures et croyances venues enrichir le pays (païens romains et langue latine, chrétiens venus d'Orient, particulièrement persécutés, et ayant enfanté le donatisme, aryens vandales, musulmans,…). C'est ce véritable bouleversement de toutes nos connaissances sur l'Histoire de l'Afrique du Nord que le Professeur Benbahmed a révélé aux oreilles médusées, mais agréablement attentives, des anciens élèves des lycées Mohamed Kerouani et Malika Gaid, réunis en ce Jeudi 17 Avril 2008. Benbahmed fut durant sa vie professeur d'économétrie, recteur, expert international du BIT à Genève, gouverneur de la Banque Africaine de Développement. C'est dire si ses arguments sont scientifiques et sa démarche empruntée de rigueur. A Sétif, en ce début d'après-midi du Jeudi 17 Avril 2008, il a annoncé une révolution. Celle d'une continuité historique datant de la naissance de l'Histoire à nos jours… Aux historiens de prouver qu'il n'a pas raison. Ou de s'engager sur le chemin qu'il vient d'ouvrir. Pour nous, c'est tout vu. Nous suivons toujours le plus hardi parmi nous…