Treize personnes, dont un ingénieur français d'une société de travaux publics, ont trouvé la mort, hier, dans un double attentat, à 80 km à l'est d'Alger. Le pays est confronté à une recrudescence des attaques islamistes depuis 2006. DEUX EXPLOSIONS successives ont fait, hier, treize morts près de Lakhdaria (ex-Palestro), à l'est d'Alger. L'une des bombes a mortellement blessé un ingénieur français de 57 ans et son chauffeur algérien. Plusieurs membres des forces de l'ordre figurent parmi les victimes. L'explosion s'est produite vers 17 heures sur la route, au passage de la voiture transportant l'ingénieur. Celui-ci quittait le chantier de l'entreprise française de travaux publics Razel qui l'employait et qui remettait en état la voie ferrée, près de la gare de Beni Amrane. Grièvement touché, le cadre a succombé à ses blessures, de même que son chauffeur. Le double attentat était d'une précision diabolique. En effet, les autres victimes - des policiers, des membres de la protection civile et des riverains venus porter secours - ont été fauchées par la seconde explosion, au moment où elles intervenaient sur le lieu du premier attentat. Dans la journée, le tribunal criminel de Boumerdès, à l'est d'Alger, avait condamné à mort, par contumace, trois islamistes âgés de 21 à 24 ans, pour « adhésion à un groupe terroriste armé et pose d'explosifs sur la voie publique ». Même si plus de 200 peines capitales ont été prononcées depuis le début de l'année , faut-il voir dans les actes de Lakhdaria une réponse au verdict d'hier ? Dans la soirée, la double explosion n'avait toujours pas été revendiquée. Mais le mode de fonctionnement semble proche d e l'attentat du 21 septembre 2007. Deux Français et un Italien, appartenant à la même société de travaux publics, Razel, avaient été blessés près de Lakhdaria, dans un attentat à la bombe visant leur véhicule. Cinq gendarmes algériens qui les escortaient avaient également été blessés. Cette attaque avait été revendiquée par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Depuis septembre 2006, l'Algérie est confrontée à une recrudescence des violences. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien s'était alors rallié à Al-Qaïda, prenant le nom d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Une vingtaine de morts en cinq jours L'attentat d'hier porte à une vingtaine le nombre de morts en cinq jours. Pas plus tard que jeudi, six militaires ont été tués et quatre autres blessés à Cap Djinet, près de Dellys, à l'est d'Alger, dans un attentat attribué à un groupe islamiste. Les militaires regagnaient leur caserne en revenant de la pêcherie de cette petite localité balnéaire, lorsque leur véhicule a sauté sur une bombe enfouie sous la chaussée. La veille, deux attentats simultanés et non revendiqués avaient été perpétrés à Bordj el-Kiffane (ex-Fort-de-l'Eau), dans la banlieue est d'Alger, blessant six personnes et entraînant la mort d'un kamikaze. L'attaque, également attribuée à un groupe islamiste, visait une caserne de la garde républicaine et un café populaire du littoral. Les groupes armés restent donc actifs dans cette région située aux confins de la Kabylie, qui leur sert de base arrière. Dans un message adressé à son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika, le président Nicolas Sarkozy a condamné « sans appel » ces « violences barbares ». Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait, lui, exprimé sa « révolte » face au « terrorisme aveugle ».