Nous sommes pass?s pratiquement sans transition, ? la faveur d?une alternance entre les accalmies et les perturbations s?curitaires sur le mode de la douche ?cossaise, des positions ?tatiques de fermet? ? des positions r?conciliatrices, en quelque sorte des positions radicales ? des ?claircies apparemment conditionnelles. Les populations ne per?oivent pas le sens de ces clignotants ?clairs-obscurs? qui sont peut-?tre destin?s ? contribuer ? cr?er de nouveaux contextes. Ces oscillations ne datent cependant pas d?aujourd?hui et avaient commenc?, sur le mode des offres ?tatiques, avec la ?Rahma? pour finir par la qu?te de la r?conciliation, et sur le mode de la fermet? par ?la peur doit changer de camp? pour en finir avec le ?seif el hadjadj? en passant par le cri ?tra?tres, criminels et mercenaires?. Jusque-l?, il y a eu une double continuit? dans la cha?ne des discours de fermet? et dans celle des ?claircies, malgr? les changements op?r?s par la succession des pr?sidents et par celle des chefs de gouvernement. Cela peut-il pr?ter ? la lecture selon laquelle la ligne strat?gique suivie par les diff?rents pouvoirs successifs ne change pas dans ses fondements, ce qui reviendrait ? supposer qu?il s?agit d?une ligne ?tatique que tous les pouvoirs ne peuvent que suivre et en favoriser la mise en ?uvre? Et pourtant, il appara?t en premi?re analyse qu?il y a quand m?me bien des divergences entre les pouvoirs successifs compte tenu que les contextes changent et que les politiques doivent, elles aussi, s?y adapter. L?opinion publique ne fait pas de diff?rence entre les id?es et les convictions et c?est de l? que peut provenir en partie la rupture de confiance entre les populations et les institutions. Ceux qui apparaissaient, hier, porteurs de certaines id?es qu?ils semblent, aujourd?hui, avoir abandonn?es, produisent une image brouill?e de ce qu?ils sont en r?alit?. Ont-ils chang? d?id?es pour rester fid?les ? leurs int?r?ts ou y a-t-il quelque part une raison sup?rieure insaisissable? La transition d?une position ? une autre qui parait contraire ? celle-ci ne s??tait pas appuy?e sur une politique d?explication en mesure de faire comprendre aux populations que l?important ne r?side pas dans ce que l?on dit, mais dans ce que l?on fait, quitte ? ce que ce qui est fait paraisse contradictoire avec ce qui avait tout le temps ?t? dit. Peut-?tre est-il quelque part int?gr? l?id?e que les m?moires finissent par ?tre amn?siques et qu?il ne peut donc y avoir de cons?quences susceptibles de remettre en cause une cr?dibilit? ou une d?marche, ?lectorale par exemple, en vue de se construire ou de se faire confirmer un avenir politique. Il reste tout de m?me le constat que ce sont les conjonctures qui dictent les conduites du moment, ce qui explique que l?on soit pass? des ?ridjaloun wakifoune? aux lib?rations des anciens ennemis.