Kader Kada, cin?aste et homme des planches, membre du jury de la 9?me ?dition du festival amazigh est un f?ru de litt?rature et un inconditionnel du cin?ma. Rencontr? ? Sidi Bel-Abb?s lors de ce rendez-vous national du septi?me art, il s?est laiss? entra?ner dans une discussion franche sur sa passion. Il en parle d?ailleurs avec ?lan et grande lucidit?. Il livre surtout son appr?ciation de cet instant cin?matographique ? Sidi Bel-Abb?s et plus largement sur son m?tier d?artiste. -La voix de l?Oranie: Alors Kada, comment est l?ambiance du festival? -Kader Kada: D?abord, je tiens ? souligner que je suis honor? de compter parmi les membres du jury et surtout content de retrouver mes amis, parmi les artistes et de partager ces quelques jours de bonheur. L?ambiance d?un festival est souvent empreinte de cordialit?, d?amiti? mais de lucidit? pour se pencher sur la situation de notre cin?ma qui a tant besoin de relance. -Tu veux dire que c?est par le dialogue et la concertation qu?on peut ?valuer l??tat des lieux ? -Justement, en observant le contenu du programme, l?on constate que la r?flexion est pr?dominante et permet de ?penser? ensemble notre m?tier. C?est vrai qu?on passe par une phase difficile pour la cr?ation artistique. Mais reconnaissons aussi qu?avec les moyens modestes de nos cin?astes, on parvient ? produire de bons films notamment chez les jeunes, ce qui promet d?j? une rel?ve. -Hier, par exemple un th?me important a ?t? abord? ? propos de l?adaptation du roman ? l??cran. N?est-ce pas aussi la relation que doit entretenir l??crivain avec le cin?aste? -S?rement, puisque un sc?nario peut ?tre consid?r? comme fait litt?raire et adapter pour reprendre le grand Pasolini. Il faut simplement avoir l?art de ma?triser une cam?ra pour que le roman soit bien dans l??cran. Il s?agit surtout de d?velopper la performance technique et saisir le processus du ?comment faire passer une phrase de roman dans une image?. C?est en fait un travail d??quipe, cela va de la prise ? la direction d?acteur. C?est un tout. Les exemples de films adapt?s du roman n?en manquent pas. Chez nous, c?est encore embryonnaire, pour ne pas dire que tout reste ? faire. -Cela suppose donc que notre cin?ma ne peut avancer qu?en mettant en place une industrie efficace? -Tout ? fait. Evidemment, cela permet aux cin?astes de r?aliser autant que possible l?imaginaire tous azimuts de notre terroir et nos r?alit?s alg?riennes, selon les normes internationales. C?est pourquoi, personnellement, je propose une biennale Mekerra pour 2010. Ce sera une piste pour que la r?gion b?lab?sienne d?veloppe ?son cin?ma?. L?impact socio-culturel sera important. Cela cr?e des emplois et enracine le 7?me art. Pour moi, c?est ?? l?esprit industriel. -Tu vis ? Paris, tu travailles ?norm?ment et tu produis beaucoup. Tu es combl?, non? -Que non! Jamais un artiste n?est content de son travail. Il sait que l??uvre qu?il construit restera inachev?e quoiqu?il fasse. Je suis bourr? de projets, je creuse mes m?ninges pour en saisir le bon sc?nario, avec toujours ce doute. Mais l?artiste de nature est ent?t?. Il est comme le mineur, il creuse dans l?espoir de tomber sur le filon d?or. -Pour revenir au festival, quel regard tu portes sur ce qui se passe? -Je constate de visu que le film amazigh ?volue lentement mais s?rement. Sur le plan artistique, on sent qu?on fait attention ? la forme, ? l?utilisation de la technique, ? l?harmonie du dialogue, de l?image et de la musique. En tant que membre du jury, je n?ai pas ? me prononcer mais je crois qu?on nous offre l? des ?uvres int?ressantes parfois qui nous surprennent par leurs qualit?s artistiques. -Quel regard tu portes sur l?amazighit? dans le cin?ma alg?rien? -D?j? la langue et la culture amazighe, le cin?ma, les arts sont un patrimoine national. Maintenant, il s?agit de faire un travail de proximit? pour que cette expression qui a son particularisme se fonde dans toute la soci?t? alg?rienne. Dans les diff?rents d?bats qui ont eu lieu jusqu?? maintenant, c?est le souci des organisateurs et j?approuve la d?marche! -Cela veut dire lib?rer les expressions pour que le public alg?rien aboutisse ? un film alg?rien, qu?on s?exprime en arabe ou en amazigh, et ainsi l?artiste cr?era sans complexe? -Absolument. La libert? d?expression est ? la base d?une d?mocratie. Je crois que personne ne contestera cette v?rit?. La tenue de ce festival le d?montre bien. Propos recueillis par Ahmed Mehaoudi