Quant ? celui qui poss?de l?or et qui cherche ? le vendre pour de l?or ou qui, ayant de l?argent, veut le vendre pour l?argent, il faut l?emp?cher de proc?der ? pareilles op?rations. Car l?or ou l?argent restera emprisonn? chez lui, encha?n?, tout comme s?il ?tait th?sauris?, et le fait d?encha?ner le juge ou l?envoy? charg? d?apporter aux autres les choses n?cessaires ? la vie est une injustice. Vendre de l?or pour en recevoir comme prix de l?or, vendre de l?argent pour de l?argent, c?est chercher ? acqu?rir ces biens pour eux-m?mes, c?est bel et bien th?sauriser. Si l?esprit saisit cela, il approuvera et trouvera bon le ch?timent r?serv? ? celui qui se conduit ainsi. Vendre de l?or pour en recevoir de l?argent, ou vice-versa, ne m?rite en revanche aucun ch?timent, car l?un remplace l?autre comme moyen d?acquisition des biens n?cessaires. L?emploi de l?argent est en effet plus commode, dans la mesure o? ce m?tal existe en plus grande quantit? : circulant ainsi plus facilement da main en main, il favorise d?autant mieux le commerce. Prohiber l??change entre l?or et l?argent trouble donc l?ordre recherch? : savoir leur utilisation comme moyens commodes d?acqu?rir autre chose. A qui vend de l?argent ou de l?or en en demandant comme prix de l?argent ou de l?or avec un int?r?t payable ? terme, par exemple dix pour vingt au bout d?une ann?e, nous rappellerons de m?me que le lien de la vie en soci?t?, le fondement de toute religion r?sident dans l?emploi de proc?d?s qui favorisent l?affection et l?amiti?, de sorte qu?en r?sultent aide mutuelle et secours r?ciproque. Si l?homme qui se trouve dans la n?cessit? d?emprunter trouve un autre qui lui consente gracieusement une avance, nul doute qu?il ne se mette au cou le collier de la bienveillance envers son cr?ancier, ne pouvant faire autrement que de croire en l?amour d?sint?ress? de celui-ci, et se faisant d?sormais un devoir de l?aider et de le secourir. En prohibant la vente de l?or ou de l?argent moyennant un int?r?t ? terme, on favorise ainsi de fa?on durable le pr?t sans int?r?t, qui est assur?ment la plus noble des entreprise. Les r?flexions que nous offrons ici ne sont q?une partie de ce que l?on peut dire si l?on veut prouver que la l?gislation d?origine Divine n?est pas en contradiction avec le jugement de l?esprit, qui peut en fait parfaitement admettre toutes les lois et tous les interdits ?dict?s par les Proph?tes. Aucune des paroles de ceux-ci ne heurtent en effet les raisons de l?esprit. Ces paroles en revanche renvoient ? ce vers quoi l?esprit est incapable de tendre par lui-m?me. Mais d?s qu?on lui indique la vraie direction, il la reconna?t comme telle et se soumet ? ce qui lui est r?v?l?. Comme le m?decin habile, en traitant les maladies, p?n?tre des secrets que l?ignorant trouve bien ?loign?s de sa compr?hension, ainsi font les Proph?tes. L?esprit n?arrive ? saisir la connaissance dont ils sont les d?positaires qu?en se mettant ? leur ?cole. Ainsi l?homme qui r?fl?chit se confiera-t-il ? eux, apr?s avoir examin? bien s?r s?ils sont sinc?res. L?Emir Abdelkader/ Suite et fin