N? le 14 mars 1948 ? Mostaganem, mari? et p?re de quatre enfants, Noureddine Bentifour n?a cess? de vouer, depuis sa tendre enfance, une imp?rissable passion pour le th??tre. Aujourd?hui, journaliste ind?-pendant, il consacre son temps ? la recherche sur le patrimoine immat?riel en g?n?ral et sur le th??tre, en particulier, publiant r?guli?rement le fruit de ses prospections dans plusieurs titres de la presse locale. Chercheur imp?nitent, orateur intarissable, Noureddne Bentifour est un homme habit? par le th??tre qui l?accompagnera durant toute sa vie. Son bapt?me de la sc?ne interviendra pr?cocement alors qu?il n??tait qu?un enfant ?g? tout juste de neuf ans. Bentifour Noureddine est d?ailleurs rest? un ?ternel enfant, avide de savoir et trouvant plaisir ? parler avec passion et une exub?rance non feinte d?un domaine qu?il conna?t le mieux, l?art des planches. Dans ses discussions toujours anim?es et chaleureuses, il est capable de deviser tr?s longuement et avec autant d?aisance de Plaute, de Brecht, Jarry, Antonin Artaud que de Mohamed Touri, de Mustapha Kateb, Ould Abderrahmane Kaki, Alloula ou encore de jeunes formations du th??tre amateur qu?il a souvent eu ? c?toyer et ? suivre lors de toutes les ?ditions du Festival de th??tre amateur de Mostaganem dont il aura suivi tous les avatars. Au fil des ans, ? la faveur de lectures ou de rencontres artistiques, il est parvenu ? capitaliser des connaissances encyclop?diques sur le th??tre et toute tentative de l??pingler sur un segment de l?histoire du th??tre ne peut que s?avouer vaine. Il conna?t par c?ur tous ses classiques et les contemporains ne lui sont pas inconnus. Il est capable de d?clamer des pans entiers d??uvres du patrimoine universel ou du r?pertoire national. Le th??tre est l?art du dire, une discipline qui consacre le verbe. Et chez Bentifour, le verbe est g?n?reux, expansif voire pl?thorique aussi bien dans ses ?crits que dans ses discours o? il trouve toujours du plaisir ? s??pancher. Dans ses interventions fleuve, ? travers ses ?crits ou lors de rencontres ? l?occasion de manifestations th??trales, il ne peut s?emp?cher de c?der au besoin de d?biter, spontan?ment et d?une mani?re effr?n?e, un torrent de r?f?rences non pas dans un but inavou? de faire un ?talage ostentatoire de son extraordinaire culture th??trale, mais dans un pur et g?n?reux ?lan de communiquer et de partager la seule richesse que peut poss?der un humble passionn? et constitu? par une myriade de connaissances dans son domaine de pr?dilection. C?est, en 1957, dans les rangs des Scouts Musulmans Alg?riens, au sein du groupe El Fallah de Mostaganem, que le jeune louveteau Bentifour fera la rencontre du th??tre par le biais de son chef de meute qui avait pour nom Benmokaddem Abdelkader, ?l?ment cl? et com?dien f?tiche de la formation El Garagouz du dramaturge Ould Abderrahmane Kaki. A cette ?poque, le dramaturge montait sa c?l?bre pi?ce ?132 ans? et avait besoin d?un jeune pousse pour camper un r?le d?enfant. Il sollicite alors son com?dien Benmokaddem Abdelkader, qui lui conseillera le jeune Bentifour Noureddine. Le louveteau montrait d?j? des dispositions pour l?art dramatique. Le jeune n?ophyte sera depuis soci?taire de la troupe El Garagouz, ce qui lui donnera l?occasion de figurer dans plusieurs pi?ces du dramaturge mostagan?mois. Il sera distribu? notamment dans ?El Guerrab oua salihine?, qui ravira la m?daille d?or aux Journ?es th??trales de Sfax en 1966, ?El Aroui Okacha?, une adaptation de la pi?ce ?George Dandin? de Moli?re en 1959, ?Dham el hob?, dans le r?le du derouiche (1960), ?La cabane? 1961, ?La cage et les voyages? 1967, ?Diwan el Garagouz? 1964. Plus tard, en 1972, il int?grera la troupe du TRO et fera partie de la distribution dans les pi?ces ?Les cerveaux? de Mohamed Adar, ?El Hsab etlef ? de Hadjouti Boualem et dans tant d?autres spectacles. La disparition pr?matur?e du dramaturge Ould Abderrahmane Kaki, en f?vrier 1995, sera pour Bentifour un terrible choc. D?s lors, il d?cidera de se lancer dans la recherche sur le th??tre et la critique th??trale, mettant ? profit son in?puisable exp?rience de 52 ans au service du th??tre. Il suivra toutes les ?ditions du Festival du th??tre amateur de Mostaganem. A travers ses ?crits, il ne cessera de mettre en exergue la ?r?gression programm?e du th??tre? en ?voquant avec nostalgie les premi?res ?ditions qui se d?roulaient au stade Benslimane. Il regrettera le manque de formation flagrant des jeunes com?diens et l?absence d?une politique culturelle ?nergique qui prenne en charge d?une mani?re effective la promotion du th??tre. Il ?voquera le parcours d?anciennes formations th??trales prestigieuses, ? l?instar de la Troupe de Mohamed Touri, sous la f?rule de Mohamed Setof, le CRAC et le GAC de Constantine ou encore Les Compagnons du th??tre d?Oran. Il estimera que la production ? cette ?poque ?tait meilleure m?me si les moyens financiers, g?n?ralement issus de cotisations de com?diens, ?taient d?risoires. Avec peu de moyens, le public avait droit ? des spectacles de haute facture. Aujourd?hui, Noureddine Bentifour s?attelle ? l?ach?vement d?un ouvrage en dix chapitres, une r?flexion sur le th??tre retra?ant toutes les ?tapes du mouvement th??tral en Alg?rie. ?Le th??tre aujourd?hui est plus ? plaindre qu?? bl?mer?, dira-t-il tout en plaidant pour la multiplication des ?coles d?art dramatique et l?introduction du th??tre dans le cursus des ?tablissements scolaires. Et pour se d?douaner de son in?puisable verve, il poursuivra avec une incorrigible emphase: ?Le th??tre me fait l?effet d?une drogue verbale qui me fait entrer dans un monde irr?el et fantastique?.
