Plusieurs dizaines de familles vivent le calvaire de l'absence d'électrification, de l'éducation aléatoire et de la soif au quotidien, dans la localité rurale de Khellil Miloud et au douar Serrano, relevant tous deux de la commune d'Ouled Khaled (ex-Rebahia), à quelque 10km au nord de Saïda. A Khellil Miloud, les familles Chergui et Chabani déplorent l'absence d'électrification qui les pénalise depuis leur retour à leurs terres d'origine. Des terres qu'elles avaient fuies, faut-il préciser, sous la pression terroriste, et qui ne semblent pas près de renouer avec le calme et la sérénité. Bien au contraire, faute d'éclairage domestique et public, ces familles se disent livrées au stress de l'insécurité, qui les oblige à se terrer chez elles dès la nuit tombée. «Pourtant, dira l'un de nos interlocuteurs, la ligne électrique qui alimente le douar voisin, passe à une cinquantaine de mètres à peine des fermes qui nous abritent avec nos enfants». A 500 mètres de là, se trouve le douar Serrano, du nom d'un ancien colon de la région. Là aussi, des fellahs accompagnés de leurs enfants et de jeunes désoeuvrés parlent des souffrances qu'ils endurent. Selon eux, l'école primaire que leurs enfants fréquentaient par le passé, est restée fermée à ce jour. Du coup, leurs écoliers sont obligés de parcourir 16km/jour, pour se rendre dans l'une des écoles opérationnelles de Bouchikhi, Sidi-Aïssa voire l'ex-Rebahia. Autant dire que plusieurs d'entre eux ont mis fin à leur scolarité pour en finir avec les frais de transport qu'ils entraînaient pour leurs parents généralement démunis. «Cette école, qui est fermée depuis 1997, n'a pourtant besoin que de petits travaux d'aménagement et d'enseignants pour lui rendre vie», s'étonne Ammi Aïssa, un vieux fellah à la peau tannée par les vents des hauts plateaux. L'autre problème vécu sur les lieux, a trait à la soif que ces familles endurent avec leurs cheptels, et ce, en dépit de la proximité de deux forages, le premier réalisé en 1996, mais qui à ce jour, n'a pas produit la moindre goutte d'eau. «Quant au second, achevé depuis 2006, il demeure inexploité en raison d'une panne électrique», ajoutent nos interlocuteurs. Faute de mieux, les citernes ramenées d'un peu partout ont pris le relais pour abreuver les habitants de cette localité isolée. Côté emploi, les jeunes de cette région déshéritée sont tous au chômage. Pire, ils ne connaissent rien des dispositifs créés par l'Etat pour résorber le taux de désoeuvrement. Pour oublier la morosité du quotidien, ils ne disposent d'aucun espace sportif ou de loisirs. Quant à réparer leurs habitations, totalement dégradées durant les années tragiques, nos interlocuteurs affirment qu'ils n'ont bénéficié d'aucun soutien de l'Etat à ce jour. Profitant de l'occasion qui leur était offerte, ils lancent un appel aux autorités locales, pour les inciter à se pencher sur leurs cas et leur donner ainsi des raisons de ne plus succomber à la tentation de l'exode rural. Parmi ces raisons, ils réclament l'ouverture immédiate de l'école, l'alimentation en eau potable de leurs fermes, l'électrification de leurs foyers et l'insertion de leurs jeunes dans le monde du travail, comme le prévoit le programme du président de la République. Contacté par téléphone après plusieurs vaines tentatives, M. Boularbag, maire de la commune de Ouled Khaled, dont relève le douar Khellil Miloud, affirme qu'une commission technique a été dépêchée sur les lieux pour régler le problème de l'eau potable. Pour ce qui est de l'aménagement de l'école primaire, il déclare que l'enveloppe allouée à cette fin par la direction de l'Education s'est avérée insuffisante et que le dossier d'une nouvelle rallonge financière a été déposé auprès de cette dernière pour validation. Selon lui, d'autres projets sont programmés également pour ce douar afin d'améliorer le cadre de vie de ses citoyens. Quant aux quelques familles qui restent privées d'électricité, il dira: «Malheureusement pour elles, leur retour s'est fait un peu trop tard pour les programmer avec les autres, mais nous allons faire le nécessaire dans les jours qui viennent», a-t-il promis en conclusion.