La détérioration des conditions de prises en charge médicales au niveau du service des Urgences médico-chirurgicales du CHU d'Oran suscite le mécontentement et l'indignation du personnel médical et paramédical, et autant des malades hospitalisés. Ces derniers, tout particulièrement, se plaignent du malaise engendré par les travaux de réfection et de réaménagement toujours en cours, d'autant plus que le service accueille des sujets dans des états graves. Pour solution provisoire, ces services des Urgences ont été transférés vers le centre ORSEC. «Le chalet réservé aux consultations est trop petit, et il ne répond pas aux besoins du grand nombre de malades qui s'y présentent. La structure actuelle ne dispose pas des conditions minimales nécessaires à la prise en charge médicale. J'ai emmené l'un de mes proches qui a fait une chute, et nous n'avons pas trouvé même des chaises pour nous assoire dans la salle d'attente», dira A. Nacer de Hassi Mefsoukh. Un autre malade, B. Halima, souffrant d'une fracture au niveau du bras, dira : «Vu les circonstances actuelles du service, nous avons peur de subir des complications… On m'a plâtré le bras dans une pièce qui maque de conditions d'hygiène. Il y avait du sang partout, car de nombreuses victimes d'accidents de la circulation ou d'agressions sont placées dans cette même pièce… Ils devraient engager plus de femmes de ménage pour cette pièce. Franchement de telles situations peuvent provoquer des complications peut-être plus graves chez certains malades». Les travaux lancés aux UMC, il y a plus d'un mois, ont créé un sentiment de malaise au sein du personnel médical de ce service, et même parmi les visiteurs des malades hospitalisés. «Ici, tout le monde se plaint des conséquences néfastes engendrées par ces travaux qui touchent le revêtement du sol, l'installation des vitraux, le ravalement et d'autres», dira un médecin avant de préciser: «Nous travaillons actuellement dans des conditions extrêmement difficiles à cause des travaux de réfection en voie de réalisation. Ceci a pesé lourdement sur les conditions de prise en charge des malades, en dépit des grands efforts déployés par le personnel médical et paramédical en vue d'assurer aux malades les soins nécessaires. La structure qui nous accueille provisoirement ne suffit pas à la prise en charge de tous les malades. Nous recevons quotidiennement des dizaines de cas critiques qui viennent de toutes les wilayas de la région de l'Oranie». Un infirmier dira, à son tour: «Avant le lancement des travaux, on nous a informé que leur réception devra se faire avant la fin du mois en cours. Une information qui risque de ne pas se confirmer, vu que les travaux sont suspendus depuis plus d'un mois… Je lance un appel aux responsables pour faire en sorte que les travaux soient livrés au plus tôt, car la structure qui nous abrite actuellement souffre d'une surcharge alarmante. Il ne faut omettre que les UMC enregistrent plus de 200 interventions par jour…» D'un point de vue médical, un médecin explique : «Les travaux ne peuvent que compliquer le cas des malades hospitalisés. Les désagréments nuisent à la tranquillité des malades censés être soignés dans des conditions plus ou moins confortables…» Par ailleurs, des employés du CHU estiment que «malgré les problèmes engendrés par les travaux de réhabilitation, leur lancement en ce moment est opportun car la structure se trouvait dans un état inadmissible et d'une extrême urgence. Toutefois, il est impératif que les travaux soient livrés dans les plus brefs délais, car la structure connaît une grande pression pendant l'été». Concernant ce problème, le directeur adjoint du CHU d'Oran déclare : «La suspension des travaux est due à des démarches administratives, qui viennent d'être finalisées par le comité des marchés au niveau de la direction de la Santé et de la Population d'Oran. Les travaux devraient reprendre cette semaine, sachant que leur avancement a dépassé le taux de 70%». Il est à savoir que les UMC du CHU d'Oran qui reçoivent les malades de 16 wilayas de l'Ouest, notamment de celles de Mostaganem, Aïn Témouchent, Relizane et Mascara, ont enregistré, en 2008, plus de 90.220 malades dont 76% sont des malades venant des autres wilayas. Selon un responsable du secteur de la santé, «seulement 18.500 malades sont de vrais cas d'urgences». Afin d'alléger la pression que connaît le service des UMC du CHUO, sur les 35 polycliniques que compte la wilaya d'Oran, 17 assurent la garde de nuit et prennent en charge les cas d'urgence. Il est également prévu l'inscription d'une nouvelle structure adéquate au titre du programme quinquennal s'étalant sur la période 2009-2013. Notons que dans son rapport sur les structures sanitaires de la wilaya, la Commission des affaires sociales et culturelles de l'APW a soulevé un nombre important d'insuffisances et de lacunes au niveau des UMC : Manque de personnel, laisser-aller au niveau de plusieurs services et structures de santé, mauvaise prise en charge des malades, matériel vétuste et structures non adéquates… Un tableau vraiment noir sur l'état actuel du service des UMC a été ainsi dressé lors des travaux de la dernière session de cette APW. Signalons que le service des Urgences médico-chirurgicales vient de bénéficier d'une enveloppe financière de l'ordre de 400 millions de dinars destinés à sa rénovation, son réaménagement et son équipement en matériel médical. Cette somme sera consacrée à la restauration de ce service et à l'acquisition d'appareils médicaux, dont un scanner, des lits, des ambulances, en attendant la réalisation d'un hôpital des urgences médico-chirurgicales à Oran.