«La tragédie des harraga ne se limite pas seulement au dangereux périple de la traversée en mer, car pour les clandestins rescapés qui arrivent en terre européenne, ils ou elles découvriront les affres de la discrimination, de l'exclusion et de la prostitution féminine ou masculine, tout ce qui peut en fait se rapporter à de l'exploitation de l'homme par l'homme.» Ce sont là en partie les propos tenus par Cavastre Vernet, experte en genre, actuellement à Oran avec «Femmes en Communication» et qui s'installe pour la première fois dans la capitale de l'Ouest avec la Caravane 2009, Femmes, Actions Citoyennes contre l'exclusion. Les thèmes d'actualité privilégiés, lors des ateliers thématiques, prévus du 9 au 21 octobre, sont femmes et droit, femmes et santé, femmes et handicaps ainsi que l'épineux thème des harraga. Pas moins de six associations, toutes pleinement versées dans le contact direct avec ceux là mêmes qui vivent et partagent l'exclusion sous toutes ses formes, prendront part à cette caravane. Qu'elles viennent d'Alger, d'Oran ou de France, elles tentent de dénoncer à partir des deux rives de la Méditerranée, la violence exercée au quotidien sur ces laissés pour compte. Maya Azzeggagh, chef de projet de la caravane, précisera pour sa part: «Nous tentons de rassembler nos efforts afin de faire entendre le cri des sans voix et apporter un regard différent sur les exclus. Nous avons aussi comme première mission d'aller sur le terrain et écouter, le diagnostic ne pourra se faire qu'une fois cette étape convenablement remplie». Concernant les harraga, notre interlocutrice situera le problème uniquement à Oran à l'Ouest et Annaba à l'Est, en raison de l'itinéraire plus approprié pour rejoindre les côtes européennes, mais là encore, «les pouvoirs publics ne semblent pas utiliser ces éléments à bon escient», nous dira-t-on. De l'autre côté de la Méditerranée, la politique du rejet de l'autre marquée par une théorie sournoise d'émigration choisie, contribue sans nul doute et la réalité est bien là pour le confirmer à favoriser les multiples atteintes à la dignité humaine et ses formes d'exploitation des hommes et des femmes. La clandestinité, le travail au noir sous payé et sans aucune assurance, la prostitution et la violence sont les dérives qui font partie d'un vécu au quotidien par des enfants, des femmes et des hommes qui ont perdu leurs repères dans leur pays d'origine et dans ces pays dits «civilisés».