L'Europe veut certes construire un avenir commun avec les pays du sud de la Méditerranée, mais à condition que ces derniers restent surtout chez eux. À l'heure où les Etats du Sud aspirent à une plus grande ouverture des frontières et à un accès plus aisé au marché du travail, les Etats de l'Union européenne continuent de renforcer le contrôle des frontières et multiplient les méthodes policières pour sécuriser les frontières et mieux gérer les flux migratoires. Mieux, ils proposent aux Etats voisins l'installation de camps de transit pour clandestins sur leur sol et tentent de négocier des traités de réadmission. Dernièrement, le président français Nicolas Sarkozy a proposé aux Tunisiens de signer avec Paris un accord sur l'immigration, limitant très fortement la circulation des personnes entre la Tunisie et la France. Ceci pour dire que les pays européens envisagent tous les moyens à caractère défensif, faut-il le souligner, pour rendre le Vieux Continent une citadelle imprenable, se souciant peu des drames causés par les tentatives désespérées de milliers de jeunes Africains à la recherche d'un mieux être. À telle enseigne qu'on s'interroge aujourd'hui si ce ne sont pas les pays européens, les principaux artisans du phénomène de harraga à travers des politiques sélectives, qui offrent les chances de réussite aux uns, en les déniant aux autres. Ce qui n'absout pas pour autant les pays du Sud de la responsabilité. Les spécialistes de la question nous disent que le premier élément explicatif de cette immigration clandestine est la restriction de la circulation imposée par Schengen. Ce qui fera que l'accès à ce qu'on appelle désormais la forteresse européenne est devenu difficile par avion ou par bateau. Reste donc l'aventure pour les jeunes du continent africain. Pourtant, les Européens connaissent bien les problèmes économiques dans lesquels se débattent les pays africains, et leurs possibilités limitées sur le chapitre de l'emploi qui fait que les jeunes n'ont que cette idée de partir qui devient une obsession. Qu'ont-ils fait pour aider ces pays, ne serait-ce que par solidarité. Mais peut-on reprocher aux Européens de fermer leurs frontières ? Particulièrement si l'on tienne compte du fait que dans de nombreux pays du Vieux Continent, le marché du travail est pratiquement saturé. Ce que l'on peut, par contre, leur reprocher, c'est cette politique qui consiste à rejeter le bébé avec l'eau de bain en obligeant les pays du Sud à faire face seuls au phénomène de l'émigration clandestine. Autrement dit, trivialement “faire le boulot pour les Européens”. Pour endiguer ce phénomène de harraga, que de nombreux spécialistes attribuent au chômage et à l'exclusion, les autorités algériennes sont en train de mettre en œuvre une batterie de mesures qui agissent en amont et en aval du phénomène. Principalement le démantèlement des réseaux de passeurs qui se sont constitués pour abuser de la naïveté des jeunes qui croient à l'eldorado au-delà de la mer. Mais l'essentiel de l'action est mené en direction des jeunes, à travers d'abord une sensibilisation contre les dangers qui les guettent dans leurs tentatives de quitter le pays dans des embarcations de fortune, ensuite l'amélioration des horizons de ces jeunes ici en Algérie. Les conditions humiliantes et presque inhumaines dans lesquelles sont refoulés les clandestins qui ont la chance d'échapper à la mort, n'aura pas laissé l'Algérie insensible au sort réservé à ses ressortissants. En effet, notre pays a signé six accords de réadmission avec des pays européens afin de rapatrier dans la dignité ses ressortissants en situation irrégulière. Et c'est toujours cette dignité qui est observée quant au refoulement vers leurs pays d'origine des immigrés clandestins des pays sub-sahariens qui sont arrêtés sur le territoire algérien. Ce qui n'est pas le cas de certains pays voisins qui embarquent dans des autocars les ressortissants de pays subsahariens, candidats à l'immigration clandestine vers l'Europe, pour les relâcher en plein désert, sans vivres. Autant dire une mort certaine. Zahir Benmostepha