Les pouvoirs publics gardent un œil très vigilant sur le fonctionnement des banques privées. C'est l'un des enseignements qu'on peut tirer du rapport 2008 sur l'économie algérienne, présenté ce week-end par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksassi, devant l'APN. Le tristement célèbre scandale de la Khalifa Bank semble hanter encore les esprits des autorités qui ne veulent plus que ces pratiques hideuses, qui ont saigné le Trésor public, ne se reproduisent. Tout au long du volumineux rapport de la Banque d'Algérie, les tares des banques privées sont clairement démontrées pour alerter leurs responsables et, bien sûr, l'opinion publique. Le premier enseignement à tirer est que certaines de ces banques n'ont pas encore assimilé la leçon Khalifa. Et les chiffres révèlent que 52% des cas de non-respect des normes de gestion, dévoilés dans les contrôles effectués en 2008, concernent les banques privées, a souligné le gouverneur de la Banque d'Algérie dans son exposé. «Les cas de non-respect des normes sont donc imputables plus aux banques privées qu'aux banques publiques (37%) et aux établissements financiers (11%)», lit-on dans le rapport de la Banque centrale. Le gouverneur a enfoncé un peu plus ces banques en notant qu'elles ne sont pas très regardantes sur la réglementation. «L'exploitation des rapports de contrôle interne des banques et établissements financiers montre que certaines institutions ne répondent pas de manière satisfaisante aux exigences de la réglementation définissant les principes du contrôle interne que les banques et établissements financiers doivent appliquer». Et de préciser qu'en 2008, la Banque d'Algérie a contrôlé six banques publiques, quinze banques privées, deux établissements financiers publics et trois établissements financiers privés. Le patron de la Banque centrale a également pointé du doigt le fait que ces banques sont dépourvues de «moyens de contrôle interne efficaces». Et c'est ce qui a conduit à la mise en liquidation d'un établissement financier «dont la situation a été jugée préoccupante, voire alarmante, au regard des défaillances constatées au niveau de son activité», est-il souligné dans le document de la BC. Par ailleurs, M. Laksassi a révélé que les inspecteurs de la Banque d'Algérie ont effectué des contrôles sur les opérations du commerce extérieur dans dix banques privées et six banques publiques. Une opération qui s'est traduit par la vérification de 35.594 dossiers de domiciliation dans ces banques (6.403 dossiers en 2007) et l'établissement de 81 procès-verbaux de constat d'infraction (60 en 2007) totalisant une contre-valeur de 5.429 millions de dinars». Le gouverneur précise que les services de contrôle de la Banque centrale ont «reçu 616 dossiers de domiciliation de la Direction Générale des Changes de la Banque d'Algérie». Toutes ces vérifications ont abouti aux dépôts de 69 plaintes auprès des juridictions compétentes dont 13 à l'encontre des banques ayant subi un contrôle et 56 à l'encontre des opérateurs suite à l'examen des dossiers de commerce extérieur», lit-on encore dans le document. En outre, et comme pour appuyer la mesure portant sur la suppression du crédit à la consommation, la Banque d'Algérie met à l'index une banque privée qui a procédé à «une réorientation de son activité vers le seul crédit à la consommation (crédit automobile)». Bien que le document de la banque d'Algérie n'ait pas précisé l'identité de cette banque, il est aisé de deviner qu'il s'agit de la Baraka Bank qui a été pionnière dans ce genre de crédit et qui a considérablement boosté ses gains. Mais la banque d'Algérie met en garde contre les risques encourus sur la trésorerie de cet établissement et sur le «surendettement des ménages» qui a été justement présenté comme motif de la suppression du crédit à la consommation dans la LFC de juillet dernier. Et c'est là une confirmation, si besoin est, que le crédit à la consommation est bel et bien mort. Laksassi est évidemment au fait des dispositions de la future loi de Finances 2010 dont on dit que la mouture finale est déjà prête.