Photo : Slimene S.A. Le souhait des pouvoirs publics est que les banques s'orientent plus vers le financement des investissements. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, haute autorité monétaire et bancaire du pays, a réuni, hier, les responsables des banques algériennes activant en Algérie, qu'elles soient publiques ou privées. L'occasion, la présentation d'un rapport sur la situation économique et financière du pays à juin 2009. Une occasion aussi pour le gouverneur de la Banque d'Algérie de parler en filigrane des dernières mesures arrêtées en mai dernier et de défendre leur opportunité au moment où l'on continue de parler de ces dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire pour 2009 sur la domiciliation bancaire, l'interdiction des crédits à la consommation autre que le financement du logement, l'utilisation du crédit documentaire dans le financement des exportations… Pour M. Laksaci, il est clair que l'article 35 de la loi sur le crédit et la monnaie donne « un ancrage légal » au Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) pour la mise en place d'une politique «économique et financière ordonnée», dira-t-il et ce en fixant des objectifs financiers et monétaires comme la maîtrise de l'inflation, la gestion des liquidités qui sont passées « de 450 milliards DA à 1.100 milliards DA en 2007 ». La facilité de dépôt rémunéré, mise en place par la Banque d'Algérie, a été, dira M. Laksaci, « un instrument efficace de résorption de liquidités ». En matière de crédit, le CMC avait également arrêté d'autres objectifs d'expansion de la masse monétaire et de crédit à l'économie qui doit se situer entre 22 et 23%. Concernant les autres mesures édictées par le CMC, en mai dernier, le nouveau règlement sur le financement des banques et la reprise des liquidités « s'inspire des pratiques en vigueur de par le monde notamment aux USA et en Europe », ajoute M. Laksaci qui évoque le Conseil des risques systémiques, le Conseil des superviseurs des banques… Il ne fait pas de doute que l'autorité monétaire usera de ses prérogatives pour assurer « la surveillance et la sécurité des paiements » ainsi que celui de « prêteur en dernier ressort pour les banques », une faculté qu'elle n'a pu mettre en œuvre en raison d'une « situation de surliquidités que connaissent les banques depuis 2002 ». Quant à la reprise des liquidités, la Banque d'Algérie « continuera à le faire selon les standards internationaux ». LA MISE EN PLACE DE NOUVEAUX PRODUITS FINANCIERS SOUMISE À AUTORISATION D'autre part, le CMC a, dans le cadre de la stabilité financière, édicté des mesures obligeant les banques émettant des produits nouveaux à recourir à l'autorisation du Conseil de la monnaie et du crédit et ce dans l'optique d'une « meilleure évaluation du risque inhérent à ces produits, un risque souvent sous-évalué, méconnu par les banques », explique-t-il. Ce nouveau règlement vise « une protection de la clientèle » qui sera appuyée par la finalisation de la centrale des risques « en cours de négociations avec des experts étrangers ». Celle-ci vise « un meilleur suivi de l'endettement des ménages ». A travers la poursuite et la matérialisation de ce projet, certains y voient peut-être un possible retour au crédit consommateurs d'autant que le CMC aura toute latitude de faire actionner cette fameuse autorisation. Il reste que, comme on a pu le constater, le souhait des pouvoirs publics est que les banques s'orientent plus vers le financement des investissements. M. Laksaci dira à l'adresse des responsables des banques qu'il est « important que les banques continuent à développer le financement de l'économie qui a été bonne ces dernières années ». Le CMC va, de son côté, pouvoir continuer son travail de suivi du fonctionnement des banques et ce à travers « une batterie de 11 indicateurs », tels le niveau des fonds propres, la nature des crédits, leur classement… Deux comités seront mis en place en 2009. Il s'agit du comité de pilotage de la mise en œuvre du nouveau système comptable et du comité de surveillance tout en continuant le contrôle et le suivi des banques, avec des mécanismes comme le stress testing permettant « la détection précoce de leur vulnérabilité ». M. Laksaci a longuement sensibilisé les banquiers sur les risques de propagation des effets de la crise pour mieux « légitimer » les mesures de contre-choc au regard des effets de la récession mondiale qui a amené beaucoup de pays à « terminer leur exercice sous la coupe du programme du FMI ». L'Algérie reste prudente malgré « une bonne tenue des indicateurs » que le gouverneur a longuement évoqués avec les banquiers dont la stabilisation des réserves de change à 144,3 milliards de dollars à fin juin 2009 et les crédits qui ont connu une croissance au premier semestre 2009 atteignant 7,8% (9,2% pour le public et 6,7% pour le privé). Ce qui dénote une « grande dynamique d'investissement avec les grands projets » avec cependant un intérêt « en deçà des attentes pour la PME », regrette-t-il. Il observe, cependant, et c'est là la nouveauté dans le système financier algérien, « un recul de la masse monétaire de 0,6% » contrairement aux années précédentes où l'on affichait une expansion monétaire tirée par les avoirs extérieurs. - Les réserves de change de l'Algérie estimées à 144,3 milliards de dollars Les réserves de change de l'Algérie ont atteint 144,3 milliards de dollars à fin juin 2009, a indiqué hier à Alger le gouverneur de la Banque de l'Algérie, M. Mohamed Laksaci. Les réserves de change s'étaient établies à 143,1 milliards de dollars à la fin décembre 2008, soit une augmentation de 1,2 milliard de dollars en l'espace de six mois.