Le système bancaire en Algérie n'a pas été directement affecté par le choc externe inhérent à l'intensification de la crise financière internationale en 2008, parce que "faiblement" exposé aux risques de marchés financiers internationaux, a indiqué vendredi à Dakar le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksassi. "L'évolution et la stabilité du système bancaire au cours de la seconde moitié des années 2000 a bénéficié de politiques macro financières prudentes, en contexte d'excès d'épargne sur l'investissement", a soutenu M. Laksassi qui intervenait lors du symposium organisé dans le cadre des réunions annuelles de l'Association des banques centrales africaines (ABCA). Le symposium avait pour thème "Rôle des banques centrales africaines dans la régulation et la stabilité du système financier". Le gouverneur de la Banque d'Algérie a ajouté que la conduite de politiques macro financières prudentes au cours de la décennie 2000 a largement contribué aux "performances économiques et financières robustes et à la stabilité financière". Ces politiques ont été, notamment, marquées par le soutien à la croissance hors hydrocarbures, le contrôle de l'inflation, l'excédent de la balance des paiements et l'accumulation des réserves de change, la réduction de la dette extérieure et une accumulation de ressources dans le Fonds de régulation des recettes (FRR). "Ces éléments relèvent d'une gestion macro économique saine des surcroîts de ressources liés à l'évolution favorable des prix des hydrocarbures avant le choc externe de 2008-2009", a soutenu M. Laksassi. Dans ce sens, il a rappelé que la contribution de l'Etat à l'assainissement patrimonial des banques publiques et à la mise à niveau de leurs fonds propres a "renforcé la base de la stabilité financière", ajoutant que de plus, le système bancaire est en excès structurel de liquidité depuis 2002, pendant que "les banques restent le principal pourvoyeur de financement à l'économie en contexte de marchés financiers peu développé". Le responsable algérien a, par ailleurs, constaté que les progrès réalisés en matière de stabilité monétaire et de résilience du secteur bancaire ont permis "d'asseoir davantage la stabilité financière en 2008-2009". Dans cet ordre d'idées, M. Laksassi s'est appuyé sur les efforts de l'autorité monétaire algérienne pour "l'amélioration en 2009 du cadre opérationnel de l'activité bancaire", citant "l'augmentation substantielle du capital des banques et établissement financiers", ce qui a contribué à "la consolidation du ration de solvabilité global". Pour M. Laksassi, les autres indicateurs montrent "une solidité accrue" du système bancaire au cours de la seconde moitié des années 2000 où l'excès de liquidité est resté persistant, malgré la relative contraction en la matière en 2009 sous l'effet du choc externe. Après avoir souligné l'amélioration "progressive" de la rentabilité des banques, Il a aussi évoqué "le renforcement du cadre de la politique monétaire" en cohérence avec les développements récents du cadre opérationnel de la politique monétaire au niveau international suite à la crise financière. Poursuivant son exposé sur le renforcement du rôle de la Banque d'Algérie dans la supervision et la stabilité financière, M. Laksassi a ajouté que la fonction de surveillance générale du système bancaire a été renforcée en 2009. Parallèlement, la Banque d'Algérie développe davantage ses capacité de contrôle sur place, de contrôle permanent ainsi que la capacité de détection précoce des vulnérabilités des banques. Par ailleurs, a-t-il expliqué, la réforme en cours du système de régulation en Algérie vise à renforcer le cadre de la stabilité financière et donnera, à la Banque d'Algérie, des "prérogatives plus larges" pour lancer toute investigation au niveau des banques et établissements financiers. Une telle réforme est à même de contribuer à "un développement ordonné" du système financier, soutenu par une coordination plus étroite en matière de surveillance du risque systémique et de résolution de "crise éventuelle", entre la Banque d'Algérie et les autres autorités de régulation du secteur financier. "Il s'agit, notamment, d'intensifier l'échange d'informations entre les différentes autorités du secteur financier afin d'attirer et renforcer la connaissance du niveau de résistance du système financier face aux cycles conjoncturels", a conclu M. Laksassi.